Elections en Israël

Malgré l’impasse de sa politique contre les Palestiniens, la crise économique qui frappe les travailleurs israéliens, les scandales qui ont frappé le Likoud, Sharon a été réélu, mais avec un taux d’abstention record et après une campagne électorale très morne.

Article paru dans l’Egalité n°100

Les élections législatives du 27 janvier ont permis au Likoud de Sharon de doubler le nombre de ses sièges (37) à l’assemblée. Le Parti Travailliste, représentant traditionnel du consensus national qui représentait les intérêts des capitalistes israéliens, a quant à lui subi une défaite électorale historique, chutant à seulement 19 sièges. Mais le chiffre le plus significatif est celui de l’abstention : 68,5 %, le niveau le plus haut jamais atteint en Israël, surtout pour les élections les plus importantes.
Celles-ci se sont déroulées sur un fond général de crise et de récession économique : recrudescence du chômage, chute des revenus salariés, y compris dans les secteurs réputés porteurs des hautes technologies ou des finances.
La politique militaire criminelle de Sharon dans les territoires palestiniens, tuant les civils, détruisant les villes et les habitations a fait la démonstration de son incapacité à empêcher les attentats suicides et a réduit à néant toute perspective de paix. En plus de ce contexte, le Likoud a été éclaboussé par de nombreux scandales. La Mafia a mis la main sur de nombreux secteurs de ce parti et a des représentants parmi leurs candidats. Sharon lui-même, ainsi que ses fils font l’objet d’une enquête sur des pots-de-vin et salaires indus.

Mais comment Sharon a-t-il pu remporter les élections ?

Le succès de Sharon, malgré tout ce qui vient d’être dit, est d’abord dû à l’absence d’opposition réelle à sa politique. Le Parti travailliste a fait partie du gouvernement sortant d’union nationale et n’a proposé aucune alternative crédible à la politique économique et militaire de Sharon. Leur nouveau leader, Mitzna, peu connu et supposé renouveler l’audience de son parti, n’a pu faire oublier la politique passée des travaillistes. Autre perdant des élections, le Meretz, parti pacifiste, n’a plus que six sièges, son programme basé sur les accords d’Oslo ayant été réduit à néant. Le Shinouï, parti centriste se présentant comme une alternative et prétendue  » révélation  » de ces élections, a très vite montré qu’il n’en était pas une, s’alliant avec le Likoud et l’extrême-droite pour former le nouveau gouvernement.

Une part des votes s’est également portée sur Sharon pour ses promesses de vengeance aux attentats suicides. De plus, une partie du vote populaire s’est portée sur le Likoud en opposition à l’establishment, et au Parti Travailliste. En effet, celui-ci a toujours entretenu des liens privilégiés avec le patronat israélien qui craint une déstabilisation de la région du fait de la politique ultra-nationaliste de Sharon, et donc une menace sur ses profits (même si le Likoud est lui aussi soutenu par des patrons, aux activités plus ou moins louches). Ceci explique la campagne médiatique sur les scandales touchant Sharon et le Likoud, ainsi que le fait que des enquêtes de police aient pu être engagées contre eux.
Il est cependant évident que le succès électoral du Likoud ne signifie pas un soutien massif à sa politique (l’abstention en témoigne). La politique économique néo-libérale du gouvernement est rejetée par les travailleurs qui en subissent les conséquences.

Quelles perspectives ?

Durant la campagne électorale, nos camarades de Maavak Sozialisti (section israélienne du CIO) ont distribué des tracts à Jérusalem et Tel-Aviv, expliquant que ces élections n’apporteront aucune réponses aux problèmes de la société israélienne. Ils ont appelé les travailleurs et les jeunes à lutter pour la défense de leurs intérêts, quel que soit le gouvernement issu de ces élections et défendu la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs qui seul les défendra et pourra proposer une solution socialiste à la question palestinienne.

Par Pascal Grimbert