L’économie française est officiellement entrée en récession. Le PIB a connu une chute de 6% au premier trimestre, et ce n’est pas fini. En effet, on a encore « quelques semaines » de confinement strict devant nous, et chaque mois de confinement « coûte » à l’économie 3% de PIB. Pour le moment, les économistes s’attendent à une chute de l’ordre de 7 à 8% du PIB cette année. C’est vraiment colossal : environ 180 milliards d’euros. À titre de comparaison, la chute du PIB en 2009 au début de la crise avait été de 2,9%.
Bien sûr, l’arrêt d’au moins 35 % de l’activité dans le pays est le premier facteur pour expliquer la récession. Mais cela arrive dans le contexte d’une situation économique déjà fragile avant le coronavirus. Notamment, les taux d’emplois soi-disant élevés dont se vantait le gouvernement jusqu’en février cachaient en réalité une grande précarité du travail et des salaires et des conditions de travail extrêmement mauvaises. Les travailleurs subissent cela tous les jours. Industrie détruite et emplois supprimés, services publics dégradés ou fermés, conditions de travail déteriorées… Macron et les autres avant lui n’ont cessé de filer de l’argent public aux multinationales : bref les profits des grands capitalistes se portent bien, mais l’économie ne s’est jamais remise de la crise de 2008.
Après la pluie, le beau temps ?
Après la fin du confinement, les économistes s’accordent à dire que la reprise économique va être rapide. Normal, puisqu’on va pouvoir ressortir, retourner au boulot, consommer des produits de grande consommation. Mais des secteurs comme l’automobile, l’immobilier, etc. (qui nécessitent un peu d’investissement) attendent un fort ralentissement. La production va reprendre dans la plupart des secteurs et notamment dans l’industrie – enfin ce qu’il en reste, après le plan méthodique de délocalisations et de fermetures d’usines des capitalistes durant la dernière décennie, profitant de la crise économique. Il est possible qu’on assiste à des phénomènes de « relocalisation » partielle de la production pour limiter les pertes de profits.
Nous ne sommes pas dupes : le seul critère, pour les capitalistes et le gouvernement, va être celui du profit. Et les masses de profits seront nécessairement plus faibles, car c’est l’économie mondiale qui va rentrer en récession, voire en dépression. Il s’agira donc pour eux de faire les taux de profits les plus importants, c’est-à-dire d’exploiter les travailleurs le plus durement possible. Les ordonnances Macron prévoient déjà que jusqu’à la fin de l’année, les patrons pourront nous faire travailler 60h par semaine, déplacer ou refuser nos congés, mettre la pression sur nous pour que nos repos ou nos RTT aillent dans les « fonds de solidarité ». Ce ne serait même pas étonnant que le gouvernement essaie de nous faire le même coup qu’après la canicule de 2003 et encore de nous voler des congés au nom de la « solidarité nationale ».
Qui a 100 milliards d’euros ?
Ce que prépare Macron, c’est un gigantesque plan d’aide aux capitalistes payé par nos impôts et cotisations sociales et salariales. De 45 milliards, on est déjà passé à 100 milliards d’euros. Bien sûr il n’est pas question de laisser des centaines de milliers d’emplois supprimés et PME/TPE fermer. Mais ce n’est pas à nous de payer ; nos poches sont déjà vides. Les plus grandes entreprises françaises ont fait 80 milliards de bénéfices en 2019. Les seuls 39 Français les plus riches, tous des grands patrons, ont une fortune cumulée de 277 milliards d’euros. Voilà où est l’argent.
Alors bien plus que la nationalisation temporaire des grands groupes que propose Macron – qui vise à nous faire payer les pertes et re-privatiser dès que ce sera profitable– c’est leur mise en propriété publique sous le contrôle des travailleurs et de la population qu’il faudra exiger, en expropriant ces parasitent qui volent et privatisent le fruit de notre travail à toutes et tous.
Par Cécile Rimboud