Inde : pour la nationalisation du secteur de la santé !

Nous publions une déclaration de notre organisation sœur en Inde, New Socialist Alternative, produite en commun avec plusieurs syndicats et militants syndicalistes sur la crise du Covid-19 en Inde. Il est scandaleux que les hôpitaux privés de toute le pays fassent payer 4 500 roupies (environ 55 euros) pour chaque test de Covid-19. L’écrasante majorité des travailleurs et des pauvres en Inde n’ont pas les moyens de faire tester leurs familles ou même des seulement certains membres. Pourtant, la Constitution indienne stipule que le « droit à la vie » est fondamental et oblige le gouvernement à garantir ce « droit à la vie ».

Cette déclaration est produite dans le but de mobiliser un soutien plus large de la classe ouvrière pour exiger des tests gratuits et aussi la nationalisation des soins de santé.

Les organisations listées ci-dessous ont signé la déclaration. Nous appelons les syndicats, les syndicalistes et les socialistes en Inde et dans le monde entier à ajouter leur signature pour soutenir cet appel urgent à la nationalisation des soins de santé en Inde.

New Socialist Alternative (Nouvelle Alternative Socialiste, section du CIO en Inde)

Lal Bawata Shetmajoor Union

Maharashtra (Syndicat des travailleurs agricoles Lal Bawata)

Fédération des employés des banques de l’État du Maharashtra – Center of Trade Unions (CITU)

Alliance nationale des mouvements populaires

Syndicat des employés BSNL

Congrès des syndicats de toute l’Inde (AITUC) INTUC (Maharashtra)

Annapurna Parivar General Kamgar Union (Lal Bawata)

Soutenant les intérêts commerciaux des laboratoires privés, le gouvernement central leur avait auparavant permis de facturer 4500 roupies pour la réalisation de tests sur le covid-19. La semaine dernière, le 8 avril, la Cour suprême, dans une ordonnance provisoire, a révoqué la décision et a rendu obligatoire pour les laboratoires privés de réaliser les tests gratuitement. Compte tenu de la situation sombre du pays, ce fut un soulagement pour la majorité de la population qui n’avait pas les moyens de payer 4500 roupies pour le test. Le 13 avril, cependant, le gouvernement central a déposé une déclaration sous serment devant le tribunal, demandant que la requête soit rejetée et ouvrant ainsi la voie à la poursuite de la facturation des tests par les laboratoires privés. La Cour suprême a donc modifié l’ordonnance précédente. Nous condamnons fermement une telle position prise par le gouvernement central.

Ces laboratoires privés sont de grandes entreprises qui fonctionnent pour les profits. Ils doivent augmenter le rendement de leurs investissements et rendre des comptes à leurs actionnaires, et non aux masses. La directive de la Cour suprême a remis en question sans équivoque les intérêts commerciaux mêmes de ces entreprises. En réponse, ces capitalistes ont attaqué avec véhémence la décision de la Cour suprême et se sont engagés dans un lobbying acharné pour la faire annuler. Thyrocare Lab est allé jusqu’à annoncer qu’il suspendait les tests de corona. D’autres laboratoires ont adopté des positions similaires, arguant que la poursuite des tests ne serait pas viable. Il est clair que ces entreprises, dont le chiffre d’affaires varie entre quelques centaines et quelques milliers de crores [une unité de valeur égale à dix millions de roupies ou 100 Lakhs – à peu près 120 000 euros], n’hésiteraient pas à recourir à des tactiques aussi désagréables que la suspension des tests, mettant ainsi en danger de nombreuses vies, afin de servir leurs intérêts commerciaux.

On pourrait s’attendre à ce que le gouvernement central passe immédiatement à l’action et prenne le contrôle de ces laboratoires et hôpitaux privés. Loin de là, le gouvernement central a choisi de s’aligner sur les investisseurs milliardaires et les propriétaires de ces entreprises tout en abandonnant la majorité des gens à leur sort. C’est honteux et scandaleux. Il est très clair que le gouvernement sert les intérêts des capitalistes, qui sont diamétralement opposés à ceux du peuple. Dans sa déclaration sous serment, le gouvernement central a affirmé que les plus pauvres se verraient offrir des tests gratuits, un traitement avec le Pradhan Mantri Jan Aarogya Yojana [système public d’assurance santé, ndt] (on affirme qu’environ 500 millions de gens sont couverts par ce système) et donc qu’il n’est pas nécessaire de rendre les tests gratuits. C’est pour le moins trompeur. Tout d’abord, compte tenu des lacunes du système et de la bureaucratie, on peut se demander si tous les ayants droit toucheraient effectivement des prestations. Mais même si on part de ce principe, qu’en est-il des 850 autres millions de personnes ? Le gouvernement a-t-il l’intention de réduire la valeur de la majorité de sa population en simples clients pour ces entreprises privées ?

Aujourd’hui, la classe ouvrière du pays connaît une grande misère. Même la classe moyenne n’est plus épargnée par le confinement et a dû fermer de nombreuses entreprises, et de nombreux emplois sont perdus. De nombreux médecins, infirmières, Anganwadi sevikas [personnel de centres d’accueil et de soins infantiles ruraux, ndt] et personnel médical risquent leur vie en faisant face à la crise du Coronavirus, en ne disposant d’aucun équipement de protection individuelle (EPI). De nombreux travailleurs du secteur de la santé, tant public que privé, ne gagnent même pas les 4500 roupies que les laboratoires privés font payer pour un seul test. Il est scandaleux que, même dans des situations aussi graves, le gouvernement central ait choisi de servir les riches propriétaires et investisseurs de ces entreprises.

Au cours des deux dernières décennies, ces grandes entreprises ont réalisé des milliers de crores de profits en transformant les services de santé en marchandises et les gens en clients. Sur la base de cette commercialisation, elles ont construit des milliers d’hôpitaux, de laboratoires, bien équipés avec des milliers de lits, d’équipements médicaux comme des respirateurs. Toutes ces infrastructures sanitaires sont indispensables pour faire face à la crise du coronavirus. La zone métropolitaine de Mumbai compte une population de plus de 20 millions de personnes. Mais elle ne dispose que de quelques hôpitaux pour traiter les patients atteints du coronavirus. Le gouvernement, qui défend les intérêts des capitalistes milliardaires, ignore que des milliards de masses seraient fatales dans de telles circonstances.

Nous exigeons du gouvernement qu’il ne se contente pas de faire des tests, mais qu’il rende même les traitements gratuits. Le gouvernement doit réquisitionner les laboratoires et les hôpitaux privés et les rendre accessibles – des installations pour tout le monde – et pas seulement pour quelques-uns dans la lutte contre le corona.

Nos revendications :

  • Des tests coronavirus, mais aussi un traitement gratuits.
  • Réquisition immédiate des laboratoires et des hôpitaux privés ; pour leur intégration au système de santé public. Pour leur placement sous le contrôle démocratique du personnel médical, des infirmières, des médecins, du gouvernement et des représentants des patients.
  • Équipements de protection individuelle (EPI) pour tous les médecins, infirmiers, autres membres du personnel médical et travailleurs des centres infantiles, tant dans le secteur public que le secteur privé.
  • Un salaire minimum de 25 000 roupies ou plus pour tous les travailleurs des centres infantiles, les travailleurs du secteur privé et du secteur public de la santé, y compris le personnel contractuel.
  • Distribution du matériel de secours sous le contrôle des organes locaux élus et des représentants de la communauté.

Signataires :

Youvraj, Campagne pour un service public de la santé

New Socialist Alternative (Nouvelle Alternative Socialiste, l’organisation sœur de la Gauche Révolutionnaire en Inde)

Com. Rajan Kshirsagar, Président, Syndicat Lal Bawata Shetmajoor, Maharashtra (Syndicat des travailleurs agricoles de Lal Bawata)

Devidas Tulajapurkar, Secrétaire Général, Fédération des employés des banques de l’État du Maharashtra

Medha Patkar, Alliance nationale des mouvements populaires

Dr. D. L. Karad, Vice-président National, Center of Indian Trade Union (CITU)

Com. Rajan Dani, Secrétaire fédéral, Syndicat des employés BSNL [une des plus grandes entreprises de télécom en Inde, ndt]

Anil Ganacharya, Vice-président INTUC (Maharashtra)

Prakash Bansode, Membre du comité central AITUC

Medha Samant

Annapurna Parivar

Com. Raju Paranjpe, President, Syndicat Général Kamgar (Lal Bawata)

Pour signer cet appel, vous pouvez écrire à contact@gaucherevolutionnaire.fr ou directement à newsocialist.in@gmail.com et  cwi@worldsoc.co.uk  – Veuillez ajouter votre nom, syndicat et éventuellement position occupée