Le 20 septembre, la CGT, comme la CFDT, et tous les syndicats, a signé cet accord avec le MEDEF. Grâce à elle, il y a eu des avancées, selon elle : “c’est un accord national interprofessionnel et le droit individuel à la formation. Le salarié pourra choisir sa formation. Certes, il y a bien des dangers sur la définition d’un temps de formation différencié du temps de travail mais cela dépendra de notre activité concrète !” C’est ainsi que la CGT justifie sa signature.
Article paru dans l’Egalité n°104
Chacun des 15 millions de salariés du privé aura donc droit à 20h par an, cumulable sur 6 ans soit 120h. C’est à l’initiative du salarié mais il doit choisir et négocier sa formation avec son entreprise. L’accord concerne seulement les salariés embauchés en contrat à durée indéterminée. Les intérimaires en sont exclus. Pour les jeunes de moins de 26 ans sans qualification initiale, il y aura un contrat de professionnalisation mais la discrimination par l’âge existe : 55%du SMIC pour les jeunes de moins de 21 ans, 70% pour les 21 à 26 ans.
Seules les formations « développement des compétences » s’effectueront hors du temps de travail et seront assorties d’une prime d’un montant égal à 50% du salaire net. « L’adaptation au poste » se fera sur le temps de travail et à taux plein. Le congé individuel de formation va continuer à exister mais c’est à l’État d’abonder les fonds des Fongecif alors qu’il était pris en charge par les entreprises jusqu’à maintenant. Les actions de développement des compétences doivent participer à « l’évolution des qualifications et donner lieu à une reconnaissance par l’entreprise » : bref se former tout au long de sa vie professionnelle, en fonction des demandes des marchés capitalistes. Mais aussi, le total cumulé des actions de formation hors temps de travail pourra aller jusqu’à 80h par an ! Cet accord signe de fait tout simplement l’augmentation du temps de travail !
Le MEDEF a applaudi des deux mains la signature de la CGT, ça n’était pas arrivé depuis 30 ans ! En cette période où les plans sociaux et les licenciements pleuvent, c’est une aubaine, et le patronat résume parfaitement ce que représente pour lui l’accord : “plus de souplesse et d’efficacité au service des entreprises,(…) la formation en dehors du temps de travail permet un meilleur accès à la formation des salariés et un renforcement de la performance de l’entreprise”. (Fiche argumentaire du MEDEF, septembre 2003) C’est clair, non ?
On est loin du congé individuel de formation que le salarié choisit lui- même, librement, pour ses propres besoins. La formation doit être rentable. La direction de la CGT veut faire avaler des couleuvres aux travailleurs. Alors que plus d’un tiers des membres du comité national a refusé cet accord, la CGT ratifie l’accord ! Elle rejoint les syndicats comme la CFDT, ceux qui signent les accords et qui vont négocier bientôt avec Fillon, la question de la représentativité des syndicats.
Par Alexandre Rouillard
