Crise et instabilité croissantes…

Prenant prétexte des attentats contre le World Trade Center, l’administration américaine mène depuis fin 2001, d’abord contre l’Afghanistan puis contre l’Irak, une politique guerrière au Moyen-Orient. C’est à l’Iran d’être maintenant dans le collimateur du gouvernement Bush et des autres pays dominants.

Article paru dans l’Egalité n°119

Des Mollah, des impérialistes et des atomes

Sous la pression de l’administration Bush soutenue par les gouvernements Blair et Chirac, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) va rendre un rapport défavorable concernant le programme nucléaire iranien. Il est étonnant, que Bush et ses faucons fassent appel à cette officine de l’ONU qu’ils avaient discrédité pour pouvoir envahir l’Irak. Prenant appui sur ce rapport, les pays impérialistes accentuent leurs pressions sur l’Iran. Pourtant le chef de l’AIEA a admis que ses inspecteurs n’avaient pas vu d’indications d’utilisation de matériel nucléaire à des fins militaires. Ce rapport est donc basé uniquement sur des incertitudes à propos de ce que pourrait faire le régime islamiste de Téhéran de leur programme nucléaire.

De qui se moque-t-on ? Si aucune confiance ne peut être donné réellement à ce régime oppresseur du peuple iranien, les dirigeants des pays impérialistes, en particulier ceux des USA, sont bien mal placés pour donner des leçons en matière de paix et de non-prolifération d’armes de destruction massive ! Cela n’empêche pas Bush de clamer que le programme nucléaire iranien est « une grave menace contre le monde ». Mais lorsque l’on regarde la région d’un peu plus près, on s’aperçoit que l’Iran est entouré de pays qui possèdent déjà l’arme atomique : la Russie, le Pakistan, l’Inde, Israël et bien sûr les bases américaines aux Moyen-Orient. Pourtant, il n’a pas été demandé à l’Inde de se soumettre à des inspections plus poussées que ce qu’exige le Traité de non-prolifération comme il a été imposé à l’Iran !

Menaces… et conflagration ?

Les menaces d’utilisation de la force militaire pour soumettre l’Iran se sont faites explicites. Ainsi la Chambre des députés des USA a voté une loi pour « faire rendre compte à l’Iran de son attitude menaçante et à soutenir une transition démocratique ». On voit se présager derrière tout cela des préparations militaires. Il est évident, que les USA, embourbés en Irak, Afghanistan ou ailleurs, ne sont plus en capacité de procéder à une opération militaire terrestre sur l’Iran en l’envahissant contre la volonté d’une population de 70 millions d’habitants. Mais John Bolton, l’envoyé des Etats-Unis à l’ONU, prévoit la possibilité de bombardement des installations iraniennes.

Une telle attaque aurait des répercussions désastreuses au Moyen-Orient et à travers le monde, certainement encore plus importantes que celles issues de l’invasion de l’Irak. Les pays occidentaux seraient percutés par les contrecoups de cette attaque. Elle aurait déjà pour effet de renforcer le soutien du peuple iranien au régime de Téhéran. En Irak, le soutien des USA est essentiellement apporté par les partis chiites proches du pouvoir iranien. En se les mettant à dos, les forces d’occupation impérialistes en Irak pourraient connaître des heures véritablement difficiles entraînant peut-être un retrait beaucoup plus rapide que l’imaginent Bush et consorts. Les groupes affiliés aux régimes des Ayatollah, comme le Hezbollah ou le Hamas, pourraient attaquer les intérêts des impérialistes dans toute la région. Et d’une façon générale, la colère des masses arabes redoublerait entraînant certains dans des actes désespérés terroristes dans les métropoles occidentales et à travers le monde.

L’arme du pétrole et crise économique

L’Iran est le 4ème plus gros producteur de pétrole. La crise qui touche cette énergie fossile pourrait s’accentuer gravement si le gouvernement Bush décidait d’attaquer l’Iran. L’économie mondiale est déjà affectée par le coût actuel du baril flirtant avec les 75 dollars. Avec le prix du pétrole s’envolant vers des sommets – les 100 dollars le baril sont facilement imaginables – l’économie mondiale pourrait être entraîné dans une véritable récession, avec son cortège de désastres sociaux : licenciements massifs, aggravation importante de la misère… car n’en doutons pas, ce n’est pas les capitalistes et les gros actionnaires qui auront à subir leur crise, mais bien la classe ouvrière et la jeunesse.

Car c’est bien là que se trouve le nœud du problème : la crise structurelle du capitalisme est accentuée par la crise du pétrole. Toute la politique des pays impérialistes est sous-tendue par cet aspect. Comment faire face à la baisse tendancielle du taux profit et à la crise de surproduction pour sauver, ne serait-ce que temporairement, la peau du système ? Mais les solutions qui s’offrent à eux s’amenuisent peu à peu et accentuent l’intensité de la crise à venir. Les dirigeants capitalistes jouent un jeu dangereux : les tensions régionales peuvent se transformer petit à petit, au fur et à mesure où la concurrence entre requins capitalistes s’approfondit, en tensions mondiales, voire en guerre ouverte pour un nouveau partage du monde entre impérialistes. Le 20ème siècle a malheureusement vu par deux fois la crise du capitalisme aboutir à de terribles boucheries.

Il n’y a pas de solution dans le cadre de ce système qui vit de crise en crise toujours plus importante comme l’avait montré Marx. C’est à la classe ouvrière et à tous les opprimés d’empêcher que cela n’arrive. D’abord pour empêcher par la mobilisation les pays impérialistes d’attaquer les pays dominés. Mais surtout en luttant pour prendre les rênes de la société en mains et en la gérant démocratiquement pour l’intérêt de tous et non celui d’une minorité : en établissant le socialisme.

Par Yann Venier