Contre la misère dans le tiers monde : charité ou renversement de l’impérialisme ?

Le sommet du G8 en Ecosse aura vu de grandes manifestations médiatiques (concerts etc.) mais également des manifestations très militantes (plus de 200 000 personnes à Edimbourg) exigeant la fin de la misère en Afrique et ailleurs, l’annulation de la dette du tiers monde, etc.

Article paru dans l’Egalité n°114
 
Nous partageons largement la sincérité de ces millions d’anonymes qui ont participé aux différentes initiatives. Par contre, au contraire des différents organisateurs, nous ne voulons propager aucune illusion sur ce que feront réellement les dirigeants des principaux pays impérialistes : même en annulant partiellement la dette du tiers monde, ils mèneront une politique qui maintiendra l’immense majorité de la planète dans la misère.

Au Niger, la famine menace 1,5 millions de personnes, l’Irak est toujours occupé par l’armée américaine, déploiement de l’armée française en Côte d’Ivoire… La liste est très longue des catastrophes et des violences que subissent les pays dominés. L’impérialisme est le produit direct de l’extension du capitalisme à la fin du 19ème début du 20ème siècle. Une poignée de pays dominants écrase les autres, et empêche leur développement.

Avec la colonisation, ou grâce à leur puissance financière, les pays dominants se sont assurés le contrôle des richesses des pays dominés, les classes dirigeantes locales vendant facilement celles-ci et devenant les garantes de ce pillage, en percevant au passage une part importante de la pseudo aide au développement, quand ce n’est pas en devenant elles mêmes un rouage direct du pillage de leur pays. Ainsi au Nigeria, la bourgeoisie locale refuse d’entretenir les raffineries de pétrole (le pays est le premier producteur africain), elle s’enrichit en exportant le pétrole brut, puis elle s’enrichit de nouveau en important le pétrole raffiné qu’elle vend à prix d’or à la population.

Pas de développement économique, et pas de démocratie non plus

Un tel système exige une main de fer sur les populations. Celles-ci n’acceptent évidemment pas de se laisser piller si facilement, et elles exigent également que leur pays soit doté d’infrastructures et de services modernes : routes, transports, hôpitaux, écoles… les dirigeants locaux sont ici pour veiller à ce qu’un minimum aille à ce genre de choses : il en va de ce qu’ils peuvent se mettre dans les poches tout comme il en va des profits des multinationales qu’ils servent. Et si un dirigeant s’avise de commencer une autre politique, les impérialistes n’hésitent pas à intervenir militairement ou à aider des éléments locaux à le renverser, comme ils le firent avec Patrick Lumumba dans l’ex-Zaïre en 1961).

Après avoir mené une guerre féroce contre certaines indépendances (Indochine, Algérie), l’Etat français en a organisé d’autres avec la complicité des dirigeants locaux, maintenant ses armées sur tout le sol africain, n’hésitant pas à intervenir militairement. Les gouvernements à la solde de l’impérialisme sont dictatoriaux (les prisons sont pleines d’opposants politiques de la Birmanie au Pakistan, du Maroc à l’Arabie Saoudite) car la moindre concession démocratique pourrait permettre aux travailleurs de s’organiser, de gagner des droits, et d’exiger que cesse le pillage des richesses de leur pays. En Irak, les syndicats ouvriers indépendants ont autant à souffrir des groupes intégristes, que du « gouvernement » irakien ou de l’armée américaine.

Une seule voie : la révolution permanente

Ce serait une illusion de croire que le capitalisme « démocratique » sur le modèle de l’Europe de l’ouest est accessible aux pays dominés. Ni les classes dirigeantes locales, ni les impérialistes ne laisseront faire cela car les conséquences en seraient, vu le retard économique et social de ces pays, une montée rapide des revendications sociales et économiques.

C’est pour cela que le seul programme démocratique, la seule véritable indépendance pour les pays dominés, c’est l’établissement d’une société socialiste. La démocratie politique passe par le contrôle réel de la population sur les ressources et les industries du pays par leur nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs, l’abolition de la grande propriété terrienne etc. Un tel programme unissant les travailleurs, les paysans pauvres et une partie des classes moyennes, est le seul réellement à même de développer le pays, de l’amener à une réelle indépendance, et d’établir une société réellement démocratique. C’est à contruire des partis de masse développant un tel programme que les sections du Comité pour une internationale ouvrière travaillent au Sri Lanka, au Pakistan, au Nigeria, en Inde etc.

Il est évident que la dette du tiers monde doit être abolie, mais cela ne suffira pas. Il est de la tâche de tout révolutionnaire sérieux de soutenir le combat de ceux qui luttent sur place dans les pays dominés, et vous pouvez le faire en rejoignant le Comité pour une internationale ouvrière et sa section française, la Gauche révolutionnaire.
 
Par Alex Rouillard