Aux Fondements du racisme [4 pages antiracisme 1/6]

Il convient évidemment de définir d’abord ce qu’on veut dire par racisme. Il peut y avoir, en fonction de l’histoire personnelle ou collective, une hostilité plus ou moins grande à une culture qui n’est pas la sienne. Les Grecs de l’antiquité utilisaient un mot, « xénophobie », l’hostilité à ce qui est étranger. La classe dominante, composée uniquement d’hommes, ne représentait que 10 à 20 % de la population, et possédait donc une culture commune forte, définissant les autres peuples du terme de « barbaros », ceux qui ne parlent pas notre langue. Les éléments d’hostilité se mêlaient autant à l’étude et l’apprentissage des autres. Les Romains de l’antiquité avaient une approche cosmopolite, intégrant des peuples et des cultures à leur propre culture, même ceux venant de peuples à qui ils avaient mené une guerre sans merci. On ne pourrait donc parler de « racisme ».

Première partie du 4 pages consacré à l’antiracisme de juillet 2020

Alors qu’est ce que c’est ?

Le prétendu essai scientifique de Gobineau, édité en 1853, peu après l’abolition de l’esclavage, développe une définition raciste du monde et a servi de base idéologique pour les régimes nazis et d’apartheid

C’est une définition du monde basée sur le rattachement des peuples à des « races ». Et évidemment, ceci pour établir qu’il y en aurait des supérieures et des inférieures. D’ailleurs, celui qui définit les différents peuples en termes de races fait toujours partie de celle qu’il considère comme dominante ou au moins dans le groupe supérieur.
A la base, il y a des livres comme celui de Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines paru en 1853. Gobineau était affolé que l’esclavage ait été aboli en 1848 et que les anciens esclaves puissent avoir des droits. Ce livre a servi de base idéologique pour tous les régimes racistes et particulièrement le nazisme et les pays ayant pratiqué l’apartheid (« le développement séparé des races ») : Afrique du Sud et pays voisins, Sud des États-Unis, Australie…

A l’envers d’une démarche scientifique qui consiste à observer les choses et analyser pour voir s’il s’en dégage des lois générales, Gobineau part du postulat d’extrême droite : si les civilisations s’effondrent c’est qu’elles ont procédé à un mélange des « races ». Des races « pures » ou « supérieures » sont ainsi perverties ce qui expliquerait leur effondrement. Le nazisme était une application faisant référence à Gobineau, purifiant la « race » en exterminant les juifs, les tziganes et en mettant en quasi esclavage des populations slaves. En Afrique du Sud, l’application de ces thèses conduisait à définir des catégories qui avaient interdiction de se mélanger, les Noirs africains tout en bas de l’échelle et les Afrikaans blancs tout en haut.

Les thèses de Gobineau se basent sur des critères superficiels : taille supposée du crâne, couleur de peau et des yeux, texture des cheveux… C’est toujours ainsi que les racistes aujourd’hui, et les tenants d’un développement séparé des « races » définissent les choses mais pour en établir toujours une : s’il y a des races, c’est pour dire que certaines sont supérieures et d’autres inférieures.

Il n’y a pas de « races »

En 1992 en Afrique du Sud, la section du Comité pour une Internationale ouvrière (l’organisation internationale de la Gauche Révolutionnaire) en lutte contre le régime d’apartheid et le capitalisme.

Pour nous, l’antiracisme, au-delà de son aspect d’unir les travailleur-se-s contre les exploiteurs capitalistes, c’est donc aussi la réfutation de l’existence de races biologiques. Les couleurs de peau, les cultures, sont le produit de milliers d’années de déplacements humains, de rencontres, d’isolements sur de longue durée, puis de mélanges.

Et drame pour les racistes, non seulement il n’y a qu’une espèce humaine, mais en plus elle a colonisé la Terre en partant de l’Afrique. L’Homme originel est plutôt noir de peau… La génétique venant démontrer que les peuples humains viennent tous d’un même groupe originel…

La seule division : la division de classe

La seule division qui existe vraiment dans cette société est entre celles et ceux qui exploitent et oppriment et celles et ceux qui sont exploités et/ou opprimés. Mais c’est justement pour cela que les idées inspirées des thèses de Gobineau font toujours partie des préjugés et de la propagande de la classe dominante, la bourgeoisie, et inondent les médias à son service.

La colonisation s’est faite au nom d’un « devoir de civiliser » les êtres inférieurs comme le disait le ministre Jules Ferry.

En fait, dans la plupart des pays, la classe dominante est très minoritaire, ne représentant que quelques pour cent de la population. Elle va donc essayer d’unir à elle une partie de la population par une domination culturelle, ou en créant des statuts inférieurs pour les immigrés, ou pour certaines populations. On retrouve cela aussi bien en Turquie contre les peuples non turcophones, comme les kurdes, en Inde et en Asie du Sud contre les Dalits (les intouchables) et bien d’autres exemples. Le colonialisme et le capitalisme européens ont non seulement prospéré par l’esclavage de millions de Noirs décrétés inférieurs et sans droits, mais il a aussi consisté en des guerres violentes et barbares puis dans le traitement discriminatoire des populations des pays colonisés importés pour servir de main d’œuvre bon marché dans les usines.

Ce sont les traces de cela que subissent bien des populations en Europe, mais aussi en Amérique latine où les Amérindiens sont toujours opprimés et subissent un racisme féroce. Quand aux meurtres de Noirs par la police aux USA (mais aussi au Brésil) ils reflètent la culture raciste qui existe au sein de la classe capitaliste qui a non seulement construit son capitalisme en exterminant les Amérindiens et en exploitant les esclaves noirs mais aussi en maintenant sans droits civiques des millions de Noirs même après l’abolition officielle de l’esclavage.

Si on prend le cas de la France, la guerre d’Algérie, tout comme l’exploitation de l’Afrique, ont largement influencé un racisme structurel qu’on retrouve grandement dans l’islamophobie permanente de certains médias et politiciens.

Les luttes de masse contre le racisme, la forte demande d’égalité qui reste un pilier de l’esprit révolutionnaire des jeunes et des travailleurs, sont nos armes autant que la solidarité et la fraternité.
Seuls les capitalistes ont intérêt à utiliser le racisme pour faire croire que c’est notre voisin le problème alors qu’en fait c’est eux qui nous exploitent et s’enrichissent sur notre dos. Quelles que soient nos couleurs, nos cultures, nos langues, nos origines, notre ennemi commun c’est ce système qui pille des pays entier, qui exploite des centaines de millions de travailleurs alors qu’il y a assez de richesse sur cette planète pour que nous vivions toutes et tous ensemble !