Nouvelle Calédonie-Kanaky : pour le report du référendum sur l’indépendance !

Piquet de grève à Nouméa. Depuis la grande vague de grève de décembre 2020, la colère contre l’inflation et le chômage massif n’ont pas cessé d’augmenter

Conformément aux accords de 1998, un 3ème et dernier référendum sur l’indépendance de la Nouvelle Calédonie-Kanaky doit avoir lieu. Le deuxième, qui a eu lieu en octobre 2020 avait donné une nette progression du oui à l’indépendance, à 46,7 % des votes. Mais aujourd’hui, la pandémie de Covid-19 frappe durement l’archipel, avec près de 250 morts. La mobilisation, surtout impulsée par les mouvements proches des organisations indépendantistes, avait permis limiter les arrivées de voyageurs sur le territoire (malgré l’opposition de l’armée et des anti-indépendantistes).

Article paru dans l’Egalité n°207

Comme d’autres archipels ayant ainsi décrété une quarantaine stricte, cela avait permis à la Nouvelle Calédonie d’échapper aux premières vagues du coronavirus. Mais ce gain de temps n’a pas été utilisé, que ce soit pour vacciner la population ou pour mettre en place des équipes sanitaires et sociales et augmenter les moyens de l’hôpital public.
Pour le moment, l’essentiel de la vie économique, sociale et culturelle est à l’arrêt, un confinement strict étant toujours en place au moins jusqu’au 31 octobre, et les services de santé sont saturés.

Le report : une question politique et démocratique

C’est donc à juste titre que vu ces conditions, les principales organisations de travailleurs telle l’USTKE ou indépendantistes comme le FLNKS ou le MNSK, demandent le report du scrutin. La droite colonialiste, liée à LR, est bien évidemment contre. Son bastion électoral est dans la partie la plus développée de l’archipel, la province Sud, où il sera plus facile d’organiser le vote même en cas de confinement. D’autant les nouveaux inscrits sur les listes électorales sont surtout dans cette province : 3326 des 4205 nouveaux inscrits.

Enfin, le référendum, qu’il se tienne en décembre 2021 ou en 2022 comme demandé par de nombreuses organisations, se trouve désormais dans une situation internationale changée, faisant de l’Indépendance ou non de la Nouvelle Calédonie un enjeu géopolitique. D’un côté, l’alliance proclamée le 15 septembre entre la Grande Bretagne, les États-Unis et l’Australie (Aukus), de l’autre, une pression croissante de la Chine sur l’ensemble des territoire d’Asie du Sud-Est et du Pacifique. L’armée française va déployer 15 escadrons de gendarmes (contre 12 en 2020) pour, dit-elle, « sécuriser l’aéroport »… Il n’est donc clairement pas possible qu’un tel référendum (que le gouvernement Macron veut maintenir) se passe sans que le maximum de débats politiques puisse avoir lieu.

Nous sommes pour le droit à l’autodétermination des peuples, et la Nouvelle Calédonie a droit à son indépendance si elle le souhaite. Mais cette indépendance ne rimera à rien si c’est pour passer de la domination de l’impérialisme français à celle de la Chine ou de l’Aukus.

La situation économique et sociale ne s’est pas améliorée, l’inflation et le chômage massif continuant d’exaspérer les travailleurs et la population. Une Nouvelle Calédonie-Kanaky ne pourra être indépendante que si les travailleurs et la population placent cette lutte dans le sens d’une libération réelle du capitalisme, notamment par la prise en main des immenses ressources (l’archipel est le deuxième gisement de nickel au monde) en les mettant en propriété publique, sous le contrôle démocratique des travailleurs et de la population, et en organisant le développement économique de la Nouvelle Calédonie de manière planifiée et démocratique, en protégeant un environnement menacé par les multinationales minières.

Cette libération devra se faire en lien avec les autres peuples du Pacifique (Vanuatu, Fidji, Wallis et Futuna…), dans le cadre d’une confédération socialiste et démocratique des peuples de la région.