Victoire de Lula d’une courte tête devant Bolsonaro

Lula, à la tête d’une coalition « Allons ensemble pour Le Brésil », a été élu avec 50,9 % des voix contre 49,1 pour Bolsonaro. Deux millions de voix les séparent. Le 1er janvier 2023, Lula prendra ses fonctions de président. Mais d’ici là, que fera Bolsonaro ? L’ancien militaire, d’extrême droite, n’a pas gagné et c’est tant mieux. Va-t-il reconnaître sa défaite, demander l’annulation de l’élection ou tenter un coup d’État comme il le menaçait pendant la campagne ?

Cette élection a été ultra polarisée. Bolsonaro a encore eu les voix de nombreux brésiliens malgré sa gestion criminelle du Covid. Sa responsabilité est grande dans la mort de presque 700 000 personnes. Les meurtres d’Amérindiens d’Amazonie et la déforestation de 40 000 km² de forêt pour satisfaire les grands propriétaires terriens sont d’autres exemples du bilan calamiteux de son mandat. En 2019, il a imposé une réforme des retraites, repoussant à 65 ans l’âge du départ et diminuant les pensions. Il a fait des coupes budgétaires dans les universités et les services publics. La situation économique du pays est catastrophique : le taux de chômage est de 13,8 % ; 33 millions de Brésiliens souffrent de la faim. Il a multiplié les aides sociales permettant aux couches les plus pauvres de survivre, ce qui explique en partie son score parmi les couches populaires.

Lula à gauche, Bolsonaro à droite

Que va faire Lula ?

Il va présider alors que de nombreux gouverneurs dont celui de São Paolo sont des Bolsonaristes. Lula a face à lui un congrès hostile, un pays divisé et une situation économique catastrophique. Il a promis de stopper la déforestation, d’éradiquer La faim. Mais ses promesses n’ont rien d’un programme combatif pour les travailleurs et les masses pauvres. En effet, il a réuni le camp de ceux qui voulaient que Bolsonaro parte, y compris des partis bourgeois. Cette fois-ci, Lula a même le soutien du patronat qui ne voulait plus de l’instabilité créée par l’aventurier Bolsonaro. Quelle politique et quelles réformes va-t-il faire ?

Sa base sociale est plus fragile car une partie des travailleur-ses et des masses pauvres du Brésil n’a pas oublié, à juste titre, les années Lula et Dilma Roussef, quand Le PT a finalement géré les affaires du pays pour les capitalistes bien plus que pour eux. La tâche sera difficile pour Lula, mais rien de comparable à la vie des travailleurs. Eux ne peuvent compter que sur leurs propres forces. La nécessité d’un parti de masse indépendant de la classe ouvrière qui lutte pour le socialisme se pose de manière urgente.

Article paru dans l’Egalité n°213, par Marie-José Douet