Le gouvernement et le patronat ne cessent de poursuivre leur politique de démantèlement des services publics et il est de plus en plus évident qu’ils visent la SNCF et ses cheminots.
Article paru dans l’Egalité n°112
Les attaques s’accélèrent. Les pressions augmentent. La remise en cause du droit de grève savamment relayée comme d’habitude par la presse officielle a été une façon de préparer le terrain, aggravée de surcroît par l’accord sur la prévention des conflits votés par la direction CGT cheminots. Mais la liquidation de ce service public est un travail de longue haleine : création du RFF, régionalisation… Le nouveau contrat de plan est une pierre de plus dans l’attaque contre le rail public et ses travailleurs, avec par exemple la suppression de plus de 2000 postes de guichetiers.
Et les cheminots dans tout cela ? Leur compréhension de cette politique et leur capacité à réagir est flagrante. Ainsi le 25 novembre 2004, leur mobilisation était déjà importante. L’action du 19 janvier a été une démonstration de leur capacité à entrer dans la grève. Et les dernières grèves spontanées suite à l’agression d’une contrôleuse ont prouvé que la colère qui règne chez les agents est large et profonde. Ce désir de lutte ne pourra être sans cesse repoussé par les directions syndicales.
Lors de la grève du 19 janvier, c’était la question du lien avec les travailleurs du privé qui était au centre des discussions. Les cheminots avaient compris que sur les suppressions de poste et la marche en avant vers la privatisation, la direction de la SNCF et le gouvernement allaient faire comme pour EDF-GDF. Aller seuls à l’affrontement signifierait une défaite, les cheminots l’ont bien compris. De même que beaucoup ont compris que la privatisation signifie encore plus de danger, d’accidents et d’inégalité dans l’accès aux transports.
Le 10 mars, une nouvelle grève a été programmée à l’appel de la CGT, de SUD, et de FO. Cette journée rassemblera les travailleurs du public comme du privé. L’avenir du service public est en jeu mais ce sont les intérêts de tous les travailleurs qui sont actuellement visés. Cette journée doit être un véritable avertissement au gouvernement et au patronat. Les travailleurs de la SNCF, de par leur position centrale dans l’économie et leurs traditions de luttes, ont un rôle particulier à jouer (souvenons-nous de la grève de 1995). Un appel lancé par les cheminots à reconduire la grève pourrait être un élément déclencheur d’une riposte de l’ensemble des travailleurs, notamment s’il s’accompagnait d’assemblées générales interprofessionnelles initiées par les grévistes de la SNCF. Les cheminots sont conscients de leur poids et peuvent, dés aujourd’hui, construire une stratégie pour le développement d’un mouvement massif contre le gouvernement et le patronat.
Par Olivier Ruet