Le gouvernement Raffarin et le MEDEF multiplient leurs attaques contre l’ensemble des secteurs public et privé. Leur volonté d’augmenter les profits du patronat n’épargne pas l’hôpital. L’application du Plan Hôpital 2007 a d’ores et déjà commencé. La récente lutte des personnels de nuit du CHU de Rouen a clairement démontré les enjeux cachés derrière de prétendues légères restructurations de planning et la gestion autonome des services : amorce de privatisation grâce à la mise en concurrence des services par la Tarification à l’Activité (T2A) ; individualisation des conditions de travail et flexibilité avec la disparition des plannings faute de personnels pour appliquer les 32h30 de nuit…
Article paru dans l’Egalité n°112
Diviser pour mieux les privatiser
L’incapacité du mouvement des personnels de nuit à s’étendre au reste du CHU a également mis en évidence les armes utilisées par la direction, avec la complicité des directions syndicales, pour isoler les luttes et appliquer les réformes sans trop de difficultés. Les différences de réalités quotidiennes d’un service à l’autre, d’une profession à l’autre, et bientôt d’un agent à l’autre, pèsent extrêmement lourd sur la défense de l’hôpital public. On l’a vu de façon criante lors des grandes journées de mobilisation en janvier dernier. Les différents corps de métier – urgentistes ; internes ; personnels soignants, administratifs et techniques – se sont mobilisés tour à tour : les 18, 19 et 20 janvier. Ce morcellement empêche que salariés et usagers du CHU se rassemblent autour de revendications globales pour lutter efficacement contre la casse du service public de santé.
Pour un hôpital public de qualité, contre la privatisation
Sans une mobilisation de l’ensemble des personnels du CHU, les attaques passeront. Mais une telle mobilisation ne se décrète pas. Il est essentiel que l’ensemble des salariés du CHU, toutes professions confondues, se sentent concernés. Pour cela il est nécessaire de s’emparer de la journée de grève public/privé du 10 mars et de mobiliser dans ce sens. Ce ne sera pas diluer les problèmes du secteur hospitalier, mais au contraire relier celui-ci à l’ensemble des autres secteurs dans la construction d’un rapport de forces efficace. Car se regrouper le 10 mars et définir des revendications globales et communes à tous les travailleurs, contre ce gouvernement et le patronat, c’est le meilleur moyen d’obtenir un rapport de forces conséquent pour avancer nos revendications sectorielles. C’est pour cela qu’il nous faut nous organiser sur nos lieux de travail, que les salariés du secteur hospitalier de tous les services participent à des assemblées générales communes et soient convaincus qu’il est vital de multiplier les contacts et les actions unitaires avec les autres secteurs. C’est à cette seule condition que pourront être décidées des revendications et actions qui tiendront compte des réalités de chacun, mais autour d’un même objectif : lutter contre la privatisation de l’hôpital public. La santé doit rester un service public, un secteur prioritaire où il ne peut être question de faire du profit.
La première journée de grève interprofessionnelle privé / public du 10 mars est un premier pas vers la construction de la grève générale qui mettra en échec la politique du gouvernement et des patrons. Mais elle ne suffira pas à en finir définitivement avec le capitalisme et ses conséquences désastreuses pour les travailleurs. Sous ce système, la bourgeoisie aura toujours un gouvernement à sa solde pour essayer de faire passer les attaques. Seule l’alternative socialiste permettra aux travailleurs de gérer la société démocratiquement et en fonction des besoins de tous.
Par Mélanie Gras, salariée au CHU de Rouen