Si nous nous étions présentés… Profession de foi de la Gauche révolutionnaire

Nous ne défendons pas un programme différent dans les élections ou à d’autres moment. Si les élections peuvent être un thermomètre de la température sociale, ce sont les luttes et elles seules qui permettrons d’obtenir satisfaction. Les revendications défendues le sont pour également servir d’axes durant celles-ci : les travailleurs, les jeunes, les chômeurs, les retraités qu’ils soient hommes ou femmes, français ou étrangers ne doivent compter que sur eux même et se réapproprier la lutte politique et syndicale.

Article paru dans l’Egalité n°94

Ce qui suit est en gros la plate forme que nous présenterions si nous étions candidats aux présidentielles. Ne pouvant nous y présenter (d’ailleurs l’aurions nous fait sachant le poids et le score que va faire Arlette Laguiller ?). A défaut elle peut également servir de base de discussion pour les législatives, n’hésitez pas à nous faire part de vos remarques, suggestions, critiques etc.

Tous ensemble !

Le fossé entre les riches et les pauvres continue de s’accroître . Ce qui s’aggrave c’est que cette pauvreté devient extrême. Des millions de gens sont exclus de tout et ne se voient offrir aucun espoir de réelle amélioration. Une majorité d’actionnaires, de politiciens et de patrons affichent des revenus immenses, parfois dans des conditions illégales mais sans être inquiétés… Tout dans la société est à deux vitesses selon qu’on soit riche ou pauvre : santé, justice, éducation, transport… Ce n’est pas un mauvais fonctionnement du capitalisme mais sa nature même, pour s’enrichir, il faut appauvrir les autres. Pour changer cela, il faut en finir avec le capitalisme.

Contre le gouvernement, la droite et les patrons

La gauche plurielle, et notamment le PS, se vantent d’un bilan et de leurs  » 5 ans de réformes « . Ces cinq ans qui ont vu la plus grande vague de privatisation jamais organisée en France auront également été ceux d’une hausse énorme de la précarité, d’une perte de pouvoir d’achat pour les salariés et de nouvelles dégradations des conditions de travail. Les jeunes sont obligés à des petits boulot pour financer leurs études ou tout simplement vivre. Dans leurs projets, c’est aux retraites que les dirigeants libéraux du PS (Jospin, Fabius, Strauss-Khan etc.) entendent s’attaquer. La droite n’a guère mieux à proposer. La seule différence réside dans le rythme, la droite veut aller un peu plus vite. Le patronat préfère faire pression sur la gauche plurielle qui contrôle une partie des syndicats, et ne trouve même plus nécessaire de choisir entre Jospin et Chirac.

Face à tous ceux là, nous ne pouvons compter que sur nos luttes, et défendre dans ces élections les revendications que nous défendons déjà dans nos luttes, contre la loi du profit, pour la satisfaction des besoins humains et sociaux.

Emploi Contre la loi du profit

60% de hausse du chômage dû aux licenciements économiques en 2001. Pendant la même période, c’est 36 % d’augmentation que se sont accordés les patrons avec pour les 17 d’entre eux qui ont déclaré publiquement leur salaire (ne sont donc pas comptés les porte feuille d’actions, ni les autres avantages) une moyenne de plus de 5 millions d’euros (33 millions de francs). Ces mêmes patrons expliquent qu’il faut licencier pour sauver les emplois restant, et Chirac trouve cela normal (« une entreprise c’est comme un arbre, ça vit et ça meurt « ), Jospin dit qu’il ne peut rien faire et que l’état n’a pas vocation à interférer dans la vie économique.

Nous refusons tous les licenciements. Ce sont les luttes qui peuvent les empêcher. Certaines activités ne sont peut être pas rentables selon des critères capitalistes ; les salaires énormes des patrons et directeurs, la masse financière qui s’évanouit dans la spéculation boursière voilà où part l’argent. Contre les plans de licenciements seules des grèves unissant tous les travailleurs en lutte ont une chance de gagner, en bloquant les machines, en organisant la solidarité, en incitant d’autres secteurs à ne pas rester isolés.

C’est par la réquisition et la nationalisation des entreprises qui licencient, leur organisation par les travailleurs eux même, en lien avec la population et en fonction de ses besoins, au moyen de comités démocratiquement élus que nous nous doterons de réels moyens d’empêcher les licenciements. Au pire, l’occupation, avec le contrôle des machines ou des stocks qu’elle entraîne, est la meilleure arme possible dans la négociation avec le patronat.

RTT : Contre la loi Aubry

Ces lois sous une réduction du temps de travail bien aléatoire selon les secteurs d’activité, ont entraîné une aggravation de la flexibilité et soumis encore plus les travailleurs aux exigences des patrons et souvent les accords comportaient un gel des salaires, et bien évidemment aucune obligation d’embauche n’était inscrite dans la loi.

Ces lois doivent être supprimées, les clauses de flexibilité, modération salariale, et annualisation annulées. Les embauches correspondantes doivent être faites. Seule une réduction massive du temps de travail, sans dégradation des conditions de travail peut réellement résorber le chômage. Quant aux salaires, ils doivent être immédiatement revalorisés, en prenant sur les profits, et d’au moins 1 500 f (230 euros).

Précarité : Contre les emplois-kleenex

La montée de celle-ci est un phénomène constant des 20 dernières années. Intérim, Contrat emploi solidarité, emploi-jeune etc., les différents gouvernements n’ont jamais trouvé le moyen de proposer autre chose, notamment aux jeunes. Sous payés, avec la peur du licenciement lorsqu’on lutte ou que l’on conteste, ces gouvernements si  » faibles  » pour imposer quoique ce soit aux patrons ne se sont pas gêner pour attaquer les statuts des salariés.

Pourtant plusieurs luttes (Mac Donald, entreprises de nettoyage…) montrent qu’unis même les travailleurs précaires peuvent obtenir des améliorations.

Nous sommes pour l’abolition du travail précaire par la transformation de tous les emplois précaires en emplois stables et statutaires et pour la suppression du temps partiel imposé. A terme c’est par le contrôle sur l’embauche par des comités de travailleurs démocratiquement élus fixant le temps de travail, interdiraient les heures supplémentaires, obligeant à des embauches dès que le maximum horaire est atteint, que nous supprimerons réellement la précarité.

Retraites : Contre les fonds de pension

Le scandale d’Enron aux Etats Unis ne peut que nous renforcer dans notre opposition retraites par capitalisation (c’est-à-dire sous forme d’action) on peut se retrouver sans retraite du jour au lendemain si les actions ne valent plus rien.. Tous les candidats du PS à l’extrême droite en passant par Chevènement parlent de transformation du régime de retraite actuel vers un régime par capitalisation plus ou moins développé. Là encore, le seul bénéficiaire sera le patronat et les grands actionnaires.

Il est certain que les milliards d’euros qui sont accordés en exonération de cotisations aux entreprises manquent dans les caisses de la sécurité sociale. Pour les retraites la solution c’est un véritable emploi pour tous et prendre sur les profits s’il manque de l’argent. Pour les salariés, nous défendons le retour aux 37,5 annuités de cotisations et la retraite à 55 ans : trop de gens arrivent à la retraite épuisés par leur vie de travail.

Services publics : Contre les privatisation

La Gauche plurielle a battu les records de fermetures d’hôpitaux, d’écoles etc. Même de nombreuses mairies dirigées par le PCF ont vu le service de l’eau privatisée. Les Universités sont mises en concurrence, France Telecom, la SNCF sont devenus des entreprises etc. Tout cela pour transformer tout ce qui peut l’être en marchandise. Résultat, les usagers, surtout des milieux populaires, ont de moins en moins accès à des services gratuits et de qualité. Un régime minimum est mis en place (comme la CMU) mais la mortalité reste nettement plus élevée chez les ouvriers que chez les patrons.
Par nos luttes exigeons le renationalisation (ou remunicipalisation) des tous les services : eau, transport en commun, communication, restauration scolaire, logement sociaux…
Ce n’est que si ces services sont organisés par les travailleurs eux-mêmes, en lien avec la population et en fonction de ses besoins, que la notion de service public sera réelle !

Exclusion et insécurité : Contre la répression

La première violence c’est celle d’un système qui écrase les travailleurs, fabrique des ghettos où il place les populations les plus modestes, et n’a que la répression à offrir aux jeunes et aux chômeurs. On ne peut accepter que des salariés soient menacés dans leur travail (postier, chauffeurs de bus, pompiers, enseignants…) mais les provocations policières entraînent logiquement une riposte de la part des jeunes.
De véritables emplois, des écoles réellement dotées de moyens etc. autant de sujet sur lesquels une mobilisation unissant les populations, les associations et les salariés est nécessaire.

Nos droits : contre le capitalisme

Les conditions de vie, l’environnement se dégradent. La course au profit se fait au mépris de la sécurité des travailleurs et de la population comme l’a montré l’explosion d’AZF à Toulouse ou le naufrage de l’Erika. Les discriminations contre les femmes, les immigrés continuent et même s’amplifient. La gauche plurielle fait une loi instaurant la parité homme/femme mais par contre la majorité des pilules ne sont pas remboursées, et les salaires des femmes restent inférieur de 20 % en moyenne à ceux des hommes. Les immigrés n’ont toujours pas le droit de vote, alors qu’ils cotisent et paient des impôts, et des milliers d’étrangers sont sans papiers obligés de travailler clandestinement sans droit ni protection sociale.

Toutes les institutions internationales ne visent qu’à assurer la main mise des principaux capitalistes sur la planète. Tout comme elle, les gouvernements actuels ne sont que les relais des multinationales. Nous n’avons rien à attendre d’eux, de tous temps ce sont les luttes qui ont permis aux travailleurs d’obtenir des acquis et non l’action des gouvernement. C’est pour cela que nous appelons à voter pour les listes qui sont contre le gouvernement mais également contre le capitalisme et ses représentants. Seuls Arlette Laguiller la candidate de Lutte ouvrière, et Olivier Besancenot le candidat de la LCR, défendent globalement cela. On ne peut que regretter leur incapacité à se mettre d’accord, mais la possibilité d’un fort score de ces candidats et notamment d’Arlette Laguiller peut être un encouragement pour les luttes.

Ce qui manque de la part de force comme LO et la LCR c’est de ne pas prendre de réelles initiatives pour impliquer le maximum de jeunes, de travailleurs non seulement dans la campagne électorale mais plus généralement dans le combat pour une nouvelle force politiques défendant les intérêts des travailleurs, des jeunes et de la population. Un nouveau parti défendant réellement les travailleurs, luttant pour une société où l’économie est organisée démocratiquement pour la satisfaction des besoins sociaux et non les profits d’une minorité, au moyen notamment de la propriété collective des moyens de production, est plus que nécessaire. C’est pour cela que nous luttons, c’est cela que nous défendons dans les luttes comme dans les élections !