La contestation contre les rythmes scolaires ne se fait pas contre l’évident besoin d’alléger le travail d’un enfant ou d’un jeune mais parce que cette réforme ne s’attaque pas aux principaux problèmes. Les programmes ne sont pas allégés et le principe des évaluations régulières n’est pas remis en cause. La fatigue due à une obligation de rythme soutenu et au stress qu’occasionne, à tout âge, le fait d’être jugé en permanence reste la même. Les difficultés scolaires ne sont toujours pas prises sérieusement en charge par l’Education Nationale qui laisse dans un profond malaise les enfants concernés. Les classes restent surchargées à tous les niveaux de la scolarité avec pour conséquence du bruit, de l’agitation générant un épuisement plus important que dans un environnement calme. Et puis si les horaires quotidiens de l’école primaire ont changé, c’est un véritable casse -tête pour les parents qui travaillent et qui doivent aller chercher leurs enfants ou les faire garder.
Le capitalisme permet-il autre chose ?
Les vrais leviers à utiliser pour s’attaquer à la fatigue scolaire des enfants et des jeunes se heurtent aux intérêts des capitalistes qui ont besoin d’une école «efficace», favorisant une sélection rapide, un investissement financier minimum et une entrée rapide sur le marché du travail. Alléger les programmes scolaires est une solution pour retrouver un rythme de travail moins éprouvant et limiter l’échec scolaire mais pour que la formation finale d’un jeune reste identique, cela implique d’augmenter le temps complet de scolarité d’une année sans faire reculer le moment de prendre sa retraite pour éviter que le futur salarié soit pénalisé. En faisant ça on s’attaquerait aux intérêts des capitalistes car l’entrée sur le marché du travail serait retardée et le salaire indirect versé sur une vie de travail serait augmenté. De même, diminuer l’effectif par classe et favoriser la prise en charge de la difficulté revient à investir fortement une part de la richesse pour permettre à tous les élèves de suivre, alors que le capitalisme fait tout pour maintenir la sélection pour qu’elle cadre au plus près aux besoins des entreprises en terme de main d’œuvre, diplômée ou non. Et si on veut voulait réduire le temps de présence en collectivité des jeunes enfants (école, garderie, ce qui devrait être au choix de chacun), force serait d’adapter le rythme de travail des parents avec des enfants scolarisés, sans perte de salaire. Là encore c’est le patronat qui refuse de diminuer la part de profit qu’il fait pour en redistribuer une part aux salariés. Un gouvernement vraiment au service des travailleurs de leurs enfants et des jeunes aurait pris ces premières mesures pour qu’enfin on lutte contre la fatigue scolaire et se serait attaqué aux profits des capitalistes pour les mettre en place. Vincent Peillon s’est contenté de changer l’emploi du temps des élèves, du moins en apparence !
Une réforme pour transformer le système éducatif
Avec cette réforme le gouvernement a cherché à renforcer l’adaptation de l’école au capitalisme, tout en ménageant les parents et les enseignants évidemment sensibles à la fatigue des enfants. C’est un échec pour sa côte de popularité (54% des français souhaitent l’abandon de la réforme et 21% seulement sont pour)! Mais si cette réforme était maintenue, elle ferait vraiment évoluer le système scolaire vers une école encore plus axée sur les seules compétences « utiles » à un futur travailleur (pour caricaturer «lire», «écrire», «compter» et «utiliser l’ordinateur»), en laissant de côté les enseignements qui ouvrent l’esprit, apprennent à réfléchir (et à contester), à créer, à se cultiver, à faire du sport… A terme, des Communes, en développant les activités péri-scolaires pourront prendre en charge ces enseignements et l’Education Nationale les délaisser, aggravant les inégalités sur le territoire dues à la richesse des Communes et de leurs habitants, voire une disparition de ces activités pour certaines communes ne pouvant faire mieux qu’un goûter. La tentation des collectivités locales sera alors grande d’offrir àdes entreprises privées le marché juteux des activités péri scolaires avec l’externalisation des missions surtout si la même logique suit pour le collège en 2015 avec le chantier de la rénovation.
Une opposition naissante qui doit se joindre à d’autres
Le personnel (enseignants et territoriaux) et les parents ont fortement contesté cette réforme les 13 et 14 novembre, mais aussi l’an dernier. Vincent Peillon a été totalement sourd à cette opposition légitime. Le combat pour la suppression de cette réforme s’annonce rude car il s’agit d’une réforme emblématique pour le ministre Peillon. De nouvelles journées sont en discussion. L’intersyndicale (CGT, FO et SUD) et le SNUIPP, présent dans seulement 40 départements lors de la grève 14 novembre, appelle nationalement à une journée de grève le 5 décembre. Ce doit être l’occasion de porter un débat susceptible de réunir l’ensemble des travailleurs autour d’une même revendication pour et aider à prendre conscience de l’affrontement nécessaire avec le capitalisme pour avoir un système éducatif qui cherche l’épanouissement de tous les jeunes.
- Retrait de la réforme Peillon !
- Titularisation des personnels précaires des écoles (Atsem, animateurs etc.)
Lors des assemblées générales et de la grève, il faut mettre en avant la nécessité de se joindre aux autres secteurs du privé et du public pour une lutte tous ensemble contre la politique du gouvernement et les attaques des patrons (licenciements, gel des salaires,,,) et de discuter de la préparation d’une journée de grève : tout le monde en même temps et le même jour.
Par Luc Dechivré