Grève dans une des plus grosses entreprise d’Egypte

Tara Todras-Whitehill for The New York Times A demonstration on Sunday marked 100 days since the mass killing at Rabaa al-Adawiya, a square in Cairo where security forces fired on protesters while trying to break up an Islamist sit-in.
Une manifestation dimanche 24 novembre 2013, marquant les cent jours d’une manifestation pour empêcher un rassemblent des Frères musulmans, au Caire où la police a tiré à balles réelles sur les manifestants. Alors qu’une nouvelle loi interdisant quasiment les manifestations et rassemblement vient d’être voté, les travailleurs égyptiens tentent de défendre leur révolution. Photo : Tara Todras-Whitehill (New York Times)

 Les travailleurs des cristalleries d’Asfour, 18 000 salariés, premier producteur mondial, installées dans le quartier de Shubra au Caire, en étaient jeudi 21 novembre à leur 11ème jour de grève pour exiger :

– Un doublement du salaire qui passerait de 1 000 LE (livres égyptiennes) à l’embauche à 2 000 et alors que les ouvriers de cette entreprise gagnent 1 200 LE (le salaire minimum promis par le pouvoir actuel dans le public devrait être de 1 200 LE au 1er janvier 2014) après 10 ans d’ancienneté.

– Des contrats à durée indéterminée pour tous les précaires. En sachant que 11 000 des 18 000 salariés n’ont que des contrats à durée déterminée, devant être renouvelés chaque année.

– La réintroduction des ouvriers licenciés lors d’une grève l’an dernier.

– Des primes de départ ( car l’entreprise envisage de licencier à l’occasion d’une modernisation – les salariés étaient encore 28 000 il y a quelques années) conséquentes de plus de 30 000 LE, plus une somme allouée par année de travail en cas de départ négocié. Les travailleurs du site insistent sur le fait que beaucoup de salariés sont malades – en particulier des poumons – après quelques années de travail dans cette entreprise aux conditions de travail lamentables, et qu’ils ne pourront pas retrouver de travail.

Malgré les attaques de voyous payés par le patron, le site était toujours bloqué après que les salariés aient refusé les propositions du ministre du travail venu les voir le 21 novembre qui promettait pour sa part de meilleures conditions de travail, une santé mieux protégée, des embauches de précaires, la réintégration des licenciés mais rien de sérieux sur les salaires.

Par ailleurs les ouvriers du textile de l’usine textile de laine de Samanour ( 5 000 salariés) à Mahalla ont repris le travail le 19 novembre après que le gouvernement ait promis que leurs salaires de septembre seraient payés ( ce pour quoi ils étaient entrés en grève), que les ouvriers arrêtés parce qu’ils bloquaient les voies ferrées seraient relâchés et une somme de 10 millions de LE allouée à l’entreprise par l’État pour l’aider à aller de l’avant.

Par Jacques Chastaing

Photo : Tara Todras-Whitehill