Un plan contre les ZEP

Après un début de mobilisation dans quelques académies (Lille, Seine St Denis), de Robien se montre plus conciliant sur l’avenir des établissements ZEP, montrant par là l’importance de la réforme de fond initiée par le plan ZEP.

Article paru dans l’Egalité n°118

Les collèges « ambition réussite » sont désormais choisis, avec des critères sans aucune logique qui laissent de côté des établissements à la population très défavorisée. Cette réforme n’est pas simplement un effet d’annonce à la suite du mouvement des quartiers populaires, c’est une nouvelle organisation de l’éducation dans certaines zones.

Ces établissements  » ambition réussite  » vont être des lieux où, hormis la nécessité d’acquérir un socle commun bien pauvre, aucune réglementation nationale ne s’appliquera. Chaque chef d’établissement sera libre de faire tourner « son » collège comme il le souhaite, avec l’accord du rectorat. Pour les enseignants c’est une soumission plus grande aux souhaits du principal qui gérera leur carrière et leur formation ; pour les enfants ce sont des classes de niveau, des programmes individualisés où l’enseignement sera réduit au minimum.

La réforme montre clairement ce que le gouvernement envisage pour les jeunes des quartiers défavorisés. La découverte professionnelle à partir de la quatrième et surtout l’apprentissage junior à 14 ans destinent une grande partie de ces jeunes à des filières courtes et peu diplômées, l’apprentissage aggravant encore plus cette situation en déscolarisant des enfants et en hypothéquant gravement leur avenir. Soyons clairs, ces jeunes peuvent se contenter du socle commun (« lire, écrire, cliquer, compter ») et se mettre le plus rapidement possible au travail mal payé.

Les rares annonces alléchantes du ministre cachent elles aussi un changement profond du système éducatif. Les 1000 professeurs « chevronnés » attendus dans les collèges sélectionnées, vu leurs tâches, doivent être polyvalents et habitués aux jeunes en difficulté. C’est le profil type des professeurs d’enseignement spécialisés et notamment des SEGPA. Curieusement, certaines SEGPA sont condamnées à fermer d’ici quatre ans faute de recrutement. Il ne reste plus qu’à déplacer ces professeurs pour les mettre dans les collèges  » ambition réussite « , et mettre fin à une bonne partie de l’enseignement spécialisé.

Cette réforme des ZEP organise encore plus le tri social en renforçant l’autonomie des établissements et en introduisant plus tôt les sorties possibles d’une scolarité classique de collégien. Et bien entendu tout ceci s’abat délibérément sur les quartiers populaires. Pourtant l’étude PISA faite l’année dernière avait révélé que les meilleurs systèmes éducatifs étaient ceux qui pratiquaient la sélection le plus tard. La seule réponse syndicale que le SNES apporte est l’organisation d’assises ZEP le 8 mars à Paris. Ces assises doivent se conclure sur un appel à la grève et à construire un vrai mouvement d’ampleur. Dès maintenant dans chaque établissement il faut se réunir en AG pour discuter de ce plan et réclamer une première journée de grève qui devra en appeler d’autres. Seule une lutte importante, organisée démocratiquement par les salariés de l’éducation et qui ne restera pas isolée, permettra de mettre un terme à ce plan de dynamitage des ZEP.

Par Luc de Chivré