Réforme du collège : il faut gagner son abrogation !

Manifestation pour le retrait de la réforme du collègeLa journée du 26 janvier est la quatrième journée de grève contre la réforme des collèges, cette fois-ci en lien avec toute la fonction publique. Les enseignants n’acceptent pas une réforme qui ne s’attaque pas au problème de l’échec scolaire, et qui adapte un peu plus l’école au système capitaliste.

Les patrons n’ont pas besoin de salariés qui connaissent les langues anciennes, alors supprimons le latin, le grec ! Ils n’ont pas besoin d’une masse de travailleurs bilingues ou trilingues, alors supprimons les classes bi-langues, les classes euro ! Les réformes vont toujours dans le sens d’une adaptation accrue du système éducatif aux besoins des employeurs. Le socle commun réduit les apprentissages, les fermetures de formation en lycée professionnel se font au détriment de l’apprentissage contrôlé par les entreprises…

Et ce mouvement nourrit évidemment la politique d’austérité choisie par le gouvernement : l’investissement dans le système éducatif est moindre et en ne se donnant pas les moyens de faire réussir tous les élèves, la sélection s’opère très vite. Najat Vallaud-Belkacem annonce une réforme pour « lutter contre l’échec scolaire », mais c’est l’inverse qu’elle vise. Les heures d’enseignement vont diminuer de 3h par semaine et par niveau, remplacées par des dispositifs inefficaces – avec de jolis noms comme « l’Accompagnement Personnalisé » – qui se feront dans des classes toujours aussi chargées. Et quand le gouvernement constatera que ces 3h ne servent à rien, elles disparaîtront purement et simplement.

Ce sont encore les jeunes issus des quartiers populaires qui vont trinquer, ce qui plaît aux familles bien plus aisées qui veulent que la « future élite » soit issue de leurs rangs. Avec la réforme, 20% des moyens d’un collège vont être utilisés différemment selon les secteurs. Les « beaux » quartiers vont maintenir les classes bi-langues, le latin, l’euro… À l’opposé, les quartiers populaires où se concentrent déjà une difficulté scolaire plus importante choisiront le maintien des structures d’aide pour lutter contre le décrochage et l’échec scolaire massifs. Ce qui se faisait jusqu’alors dans ces collèges sans supprimer le latin, la bi-langue
ou l’euro, ne se fera plus qu’en mettant fin à ces enseignements qui pouvaient encore être proposés aux nombreux élèves ambitieux des zones les plus populaires.

La colère des enseignants est forte, aussi forte que leur frustration de ne jamais avoir eu les moyens de faire réussir tous les jeunes. Et la formation bidon imposée aux enseignants a mis le feu aux poudres. Les chances que l’éducation soit toujours en grève début février, et que le mouvement s’élargisse à tous les secteurs de l’éducation, sont réelles, même si la FSU, syndicat majoritaire, refuse un appel à la grève de toute l’éducation. La construction d’un vaste mouvement de grève de tous les personnels de l’éducation, capable de se lier aux autres secteurs professionnels, peut venir des AG de grévistes du 26 janvier et des jours qui suivront.

Par Luc de Chivré