Jean-Michel Blanquer est un excellent communicant capable de vendre aux médias des attaques majeures dans l’éducation comme un « bienfait ». Dédoubler quelques classes en éducation prioritaire lui a donné de l’aplomb, alors même que cette promesse se tient au détriment des autres classes et écoles.
Sans révolutionner un système scolaire déjà très sélectif, les réformes des lycées engagent des changements profonds. Le lycée professionnel était un acquis de la classe ouvrière qui, en plus d’offrir une bonne formation professionnelle, pouvait permettre d’armer les futurs salariés pour qu’ils puissent résister à l’exploitation patronale et évoluer dans la société.
Article publié dans l’Egalité 194
La première attaque se fait là avec une réduction drastique du nombre d’heures d’enseignement général (français-histoire-maths- sciences). Les heures de formation professionnelle baissent aussi et la réforme instaure une première année de « découverte ». La formation à un métier en 3 ans va passer en réalité à 2 ans pour s’adapter aux besoins actuels des grandes entreprises, en donnant aux jeunes une formation limitée à compléter par une formation « maison » qui les piégera. À moyen terme le Bac pro est menacé au profit de l’apprentissage, qui offrirait du coup une formation professionnelle plus solide mais laisserait les travailleurs totalement démunis devant leur patron.
Les classes populaires les plus touchées
Les premiers à pâtir de la réforme de l’enseignement pro seront les jeunes des milieux populaires qui vont aussi payer les pots cassés de la réforme du lycée général et technologique. Très cyniquement, le remplacement des filières par des enseignements de spécialité a permis la fermeture d’enseignements artistiques principalement dans des lycées relevant de zones populaires. L’instauration de la sélection à l’entrée à l’université va de pair avec une hausse de la part du contrôle continu sans cadre national pour le bac. Elle va, année après année, se durcir et le pourcentage de jeunes des couches sociales populaires dans le supérieur sera encore plus faible.
Des milliers de postes supprimés
Blanquer met en place des réformes idéologiques mais aussi financières. La réduction des heures d’enseignement en lycée pro et général est le levier indispensable pour supprimer des milliers de postes (plus de 2000 cette année, avec une prévision de 4000 autres en 2021). Mais ces deux réformes ne suffiront pas et le Ministère envisage de s’en prendre au statut des enseignants en appliquant une règle simple : travailler plus pour le même salaire gelé. Le passage à deux heures supplémentaires obligatoires n’est qu’une étape vers un temps de travail hebdomadaire augmenté de deux heures. Et cerise sur le gâteau, J.M Blanquer parle « d’école de la confiance » qui sera plutôt une école de l’obéissance et du formatage… dans laquelle il sera interdit aux personnels d’alerter les parents et les jeunes sur la casse du système éducatif ainsi que sur la dégradation des conditions de travail.
Par L.C.