Éducation : Blanquer passe, l’école publique trépasse

Selon le 1er ministre Jean Castex, « L’éducation nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer de le faire ». Cette déclaration est une insulte aux personnels de l’éducation, de ceux qui gagnent à peine le SMIC, comme les AESH et les AED, à ceux qui font cours à 35 élèves avec un masque toxique, et qui ont perdu 25 % de pouvoir d’achat en 20 ans.

Le programme de Blanquer est un programme néolibéral et réactionnaire, il a écrit plusieurs livres à ce sujet. Son objectif ultime est de limiter, voir baisser les financements publics afin d’obliger le recours à des entreprises privées (soutien scolaire, numérique, contenus pédagogiques, enseignements sportifs et culturels…). Cette évolution est déjà en marche, en particulier dans les réseaux d’éducation prioritaires où le soutien scolaire et des ateliers culturels sont de plus en plus sous traités à des associations financées par de grands groupes français (par exemple Zup de co).

Pour atteindre son objectif, Blanquer est prêt à tout y compris à utiliser l’épidémie de Covid 19. On a tous compris que la réouverture des écoles en mai-juin n’avait qu’un seul objectif, garder les enfants pour que leurs parents retournent travailler, pour faire repartir l’économie. Les conditions dans lesquelles s’est faite la rentrée, confirment cette analyse. En effet, aucun aménagement n’a été fait pour adapter les programmes scolaires à une situation particulière. Un protocole sanitaire minimal été mis en place pour éviter de fermer des classes et de mettre en isolement les personnels. Aucun moyen supplémentaire (embauche de personnel, achat de matériel, nouveaux lieux…) n’a été engagé, contrairement à ce qui s’est fait dans d’autres pays.

Pour aider les élèves en difficulté, en particulier après le confinement, des heures supplémentaires (moins payées qu’une heure normale…) ont été débloquées. Il revient donc à chaque établissement et à chaque prof de se débrouiller pour prendre cela en charge. Sans compter le fait que d’un point de vue pédagogique, quelques heures de soutien individuel sont bien moins efficaces qu’un cours régulier en petits effectifs. Mais là n’est pas le propos pour le ministre. Ce qui compte c’est la communication, faire croire que le gouvernement fait quelque chose et surtout que ça ne coûte pas trop.

Pour compenser tous les manques de l’éducation nationale en termes de moyen et de formation pédagogique, le ministre a une réponse toute trouvée : le numérique. Incontournable pendant le confinement, on s’est rendu compte à quel point l’éducation nationale était en retard sur la question. On s’est aussi rendu compte à quel point l’équipement était inégal et que ces inégalités étaient avant tout sociales. Mais ce n’est pas à cela que Blanquer veut s’attaquer.

Le numérique est l’alpha et l’oméga de sa politique éducative. Il ne s’agit pas de développer des outils publics, développés par des fonctionnaires bien formés et bien payés, et sous licences libres… Il s’agit d’offrir sur un plateau des perspectives de milliards de profits aux entreprises de la Ed Tech (entreprises privées et start ups dans le secteur éducatif et de la formation). Les moyens du public sont donc utilisés pour développer des entreprises marchandes, dont l’objectif n’est pas de lutter contre les inégalités sociales, mais de faire du profit.

Pour que l’éducation soit de qualité et permette de lutter contre les inégalités sociales, elle doit être publique. C’est aux personnels de l’éducation, en, lien avec les familles et les élèves de décider ce qui est nécessaires pour une éducation de qualité pour tous. L’éducation doit être financée à la hauteur des besoins réels et non être sacrifiée sur l’autel du capitalisme.

Par Virginie Pregny