Education confinée = inégalités scolaires et sociales accrues et beaux discours !

«Continuité pédagogique» et inégalités scolaires

La réalité de l’éducation est depuis de très nombreuses années celle des classes surchargées, des dispositifs d’aide en berne, des moyens pour l’éducation prioritaire réduits, et depuis toujours un système répressif et très sélectif. Mais la fermeture des établissements scolaires et le confinement de mi-mars ont fait exploser les inégalités sociales pour l’accès à l’éducation.

Avec la fermeture des établissements et écoles, Blanquer a inventé la « continuité pédagogique » et laissé croire que l’éducation nationale était prête pour ça et que les élèves seraient d’excellents hyper télé-travailleurs. En réalité, les enseignants ont dû se débrouiller seuls, au prix d’une véritable surcharge de travail, pour maîtriser des outils qui fonctionnent mal, téléphoner aux parents, sous la pression d’une hiérarchie qui tient à afficher que les profs ne sont pas en vacances et que les cours continuent.

Pression que les enseignants ont, au moins dans un premier temps, fait retomber sur leurs élèves en les bombardant de travail. Pour les élèves, des premiers chiffres font état d’environ 10% d’élèves qui n’ont eu aucun contact avec leur établissement ou école, notamment dans les zones d’éducation prioritaire. Finalement moins de la moitié des jeunes fournissent un travail régulier et les premiers à souffrir de cette situation sont les enfants et les jeunes issus des milieux populaires qui ont plus de mal à obtenir le matériel nécessaire pour « l’école à distance » et dont les parents sont moins disponibles pour les aider.

Des personnels remerciés au lieu d’être protégés

Dans cette période des salariés continuent à se rendre sur leur lieu de travail : administratifs, agents, ou enseignants volontaires pour l’accueil des enfants de soignants. Ils l’ont fait très longtemps, et le font encore pour certains, sans aucune protection (les premiers masques en nombre insuffisant sont arrivés début avril), comme d’ailleurs de très nombreux salariés qui se rendent, sur leur lieu de travail sans aucune garantie de protection suffisante, et en premier lieu les soignants, les caissières, les personnels d’EHPAD…. Blanquer les a bien sûr remerciés chaleureusement, espérant faire passer la pilule.

Aucune trêve pour les suppressions de postes

Alors que Macron annonçait une suspension forcée pour la réforme des retraites et de l’assurance chômage, les attaques dans l’éducation continuent. Les très nombreuses suppressions de postes et fermetures de classes échappent à « la trêve ». Les Comités techniques chargés d’entériner les suppressions de poste et fermetures de classes se sont tout tenus dans des conditions inadmissibles dans un moment où ni les parents, ni les personnels ne pouvaient se mobiliser. Blanquer a tout juste lâché quelques postes de plus dans le premier degré, bien en dessous des besoins réels, affichant une volonté d’ouverture alors qu’en période de confinement ses services sont dans l’impossibilité de prévoir au plus près les effectifs.

Baccalauréat : le Ministre avance ses pions !

Dans les lycées généraux, des luttes très fortes d’enseignants et d’élèves ont largement perturbé en décembre et janvier les nouvelles épreuves de contrôle continu (E3C) pour obtenir l’annulation d’examens stressants et locaux, avec la volonté de faire échec à une énième tentative de faire des bacs maisons en supprimant les épreuves terminales. Avec la situation de confinement, il était normal de poser la question du maintien des épreuves terminales de bac ou de leur aménagement tant l’année scolaire a été perturbée. Mais Blanquer a très tôt évacué toutes les possibilités de modifier les examens et a pris la décision dès le 3 avril de les supprimer. Nul doute qu’au moment de faire le bilan, il déclarera que c’était pas si mal et qu’on pourrait peut être réfléchir à un bac uniquement en contrôle continu pour les autres années ! Quoi qu’il en soit, il faut rester ferme et vigilant sur le fait que les notes obtenues pendant le confinement ne comptent pas pour le bac.

Alors que les inégalités de la « continuité pédagogique » sont manifestes et que le retour en cours pour le secondaire est encore incertain, l’oral du bac de français est maintenu (et dans le supérieur certaines universités prévoient même des examens en ligne !). Compte tenu de l’impossibilité d’assurer une équité entre les candidats, les examens devraient tous être validés automatiquement cette année.

Défendons une éducation publique et de qualité pour tous-tes !

De manière générale, rien n’est fait pour avancer vers une Education de qualité, gratuite et accessible à toutes et tous. C’est d’autant plus valable pour les jeunes issus des milieux populaires. Et les attaques à venir contre le service public de l’Education vont encore accentuer les inégalités scolaires et sociales, bien visibles actuellement.

Avec son jargon marketing promettant une « nation apprenante », Blanquer confirme son rôle qui est de faire avancer la privatisation de l’éducation. Les cours en ligne mis en place pendant le confinement ont montré d’importantes limites techniques et pédagogiques. L’argument pour les capitalistes est donc tout trouvé, il faudrait donc investir plus dans le numérique. Mais pas question de développer des plateformes et des contenus publics. Il faudrait pour cela embaucher et former des professionnels et bien les payer…

De nombreuses entreprises privées de cours en ligne et d’édition de contenus éducatifs à distance ont « proposé » leurs services et des contrats juteux sont déjà signés. Moins de profs formés devant les élèves, plus de contenus dématérialisés (et souvent payants), seront les bases d’un accroissement des inégalités pour les jeunes.

Sortons du confinement prêts à lutter !

Même en pleine crise sanitaire, un dirigeant comme Macron qui défend les plus riches et les actionnaires cherche à continuer sa politique. Les attaques sur le temps de travail, le temps de repos et les congés de l’ensemble des salariés votées avec l’état d’urgence sanitaire prouvent la volonté de récupérer sur le dos des travailleurs et des jeunes les dividendes perdus. Une telle vague ne laissera de côté personne, et surtout pas les services publics dont l’Education nationale quand le gouvernement va dépenser des milliards pour « sauver » les grands capitalistes. A nous de reprendre très vite le chemin des luttes !

  • Non aux examens locaux en contrôle continu.
  • Non aux fermetures de classes et suppressions de postes.
  • Pour une éducation publique et gratuite pour tous, il faut des financements à la hauteur des besoins.