Le jeudi 27 septembre constituait le premier grand mouvement des aides-éducateurs, les contrats emplois-jeune de l’Education Nationale. Dans beaucoup de régions, le taux de grévistes avoisinait souvent plus de 50%, comme ce fut le cas en Seine Maritime, par exemple. Devant le précipice du chômage, les précaires « emplois-jeunes » de l’Education Nationale ont décidé de se mobiliser, devant ce qu’on doit appeler un gigantesque plan de licenciement dans le public.
Article paru dans l’Egalité n°90
Depuis 1997, les aides éducateurs, qui n’avaient été au départ qu’une manipulation d’envergure du gouvernement pour répondre aux chiffres grandissant du chômage chez les jeunes, se sont imposés comme indispensables à la vie scolaire, réclamés autant par les parents d’élèves que par les élèves eux-mêmes. Dans beaucoup d’établissements, les enseignants, pourtant souvent rétifs, à juste titre, au statut, reconnaissent le changement qu’ apportent les aides-éducateurs. Et pourtant, ces emplois ne sont pas reconnus.
Grève du Service Public !
La première des revendications du mouvement des aides-éducateurs, c’est la titularisation, sur des cadres d’emplois déjà existants, en respectant pour de bon le niveau d’étude et la grille salariale en vigueur. Ce qui pourrait sembler naturel ne l’est pas pour le gouvernement. En effet, si le statut d’emploi jeune apparaissait comme une manne intarissable pour Jospin, Aubry et consorts en 1996, ce n’est pas seulement parce qu’il permettait de réduire le chômage à moindre coût. C’est aussi parce qu’il constituait un véritable cheval de Troie pour des attaques acharnées contre le service public.
L’Education Nationale détient le triste record du nombre de précaires, et les aides-éducateurs n’arrivèrent que pour fermer le ban. Car en tablant sur l’évident manque de compétence du ministère en matière d’intervention culturelle et technologique, il permettait de créer un statut de turn-over de jeunes, payés au Smic, en contrat privé, ce qui les met en porte à faux avec l’ensemble de leurs collègues titulaires. Pour faire passer le turn-over, le gouvernement de la gauche plurielle, reprenant une idée de Balladur, proposait de financer les formations de ces jeunes. Et c’est sur ce point particulier que la grogne des aides-éducateurs s’est cristallisée. Car en matière de formations, c’est le niveau zéro,statut bradé, diplôme idoine, et refus de certaines formations qualifiantes. Les mesurettes de rattrapages pré-électives n’ont rien changé. Et c’est ce qui a amené les aides-éducateurs à se mettre en action, notamment pour réclamer de vraies formations, ainsi que des titularisations immédiates. Les différents comités qui se sont créés partout en France ont fait appel aux syndicats, notamment à la FSU. Mais les directions syndicales, empêtrées dans leurs acoquinement avec le gouvernement, ont du mal à condamner un système qu’ils avaient quasiment appelé de leur vœux il y a 5 ans. D’où la mobilisation tardive et le peu de sensibilisation fait auprès des enseignants. Pourtant, l’alternative est simple : soit le service public se met en grève pour que cesse l’hémorragie de précaires, soit c’est l’ensemble du service public qui est menacé par cette attaque sans précédent.
Unité des précaires La lutte des aides-éducateurs, pour être efficace, doit être celle de tous les précaires du public comme du privé. Les comités d’emplois jeunes, de Maitre-Auxilliaires, de précaires de la Poste, les emplois jeunes de l’associatif, les comités de chômeurs doivent unir leurs luttes pour que cessent les contrats précaires, et qu’on nous offre de vrais emplois titulaires, qui respectent les grilles salariales et le droit du travail.
Par Origano Franpiuzi