Contre la transformation de l’enseignement supérieur en marchandise : Se préparer à organiser la lutte

Lors du sommet de Barcelone, le 15 mars dernier, les dirigeants européens ont voté des réformes s’attaquant encore un peu plus au service public d’enseignement supérieur.

Article paru dans l’Egalité n°97

En effet, selon la politique européenne, les pays européens dépensent « trop » pour les étudiants qui ne réussissent pas leurs examens ou qui suivent des filières  » inutiles « . Cela ne rapporte rien au patronat qui se plaint que les jeunes étudient « trop longtemps », qu’ils soient « trop critiques » et qu’ils aient besoin d’être rééduqués lorsqu’ils arrivent dans les entreprises (citation de l’European round table, lobby patronal à propos des affaires d’éducation).

Face à cela, l’actuel ministre de l’Education nationale du gouvernement Raffarin, Luc Ferry, envisage de faire voter des réformes qui permettent de rentabiliser pour de plus gros bénéfices : c’est l’harmonisation européenne des universités. Cette harmonisation se traduit d’une part par une « autonomie » accrue des universités : « souplesse pour la gestion des personnels », et « déconcentrer progressivement celle du patrimoine ». « Les universités doivent pouvoir gérer plus facilement leurs activités industrielles et commerciales et bénéficier d’un assouplissement des procédures de passation des marchés publics » (Luc Ferry, in Le Monde du vendredi 05 juillet 2002).

Cela sous entend : embauche de plus en plus fréquente de personnel précaire pour lequel les universités auront à trouver les financements eux-mêmes. Cela veut aussi dire multiplier les possibilités de faire venir des intervenants extérieurs, notamment des représentants du patronat. En fait, le but est de transformer les universités en entreprises qui géreraient elles mêmes leurs locaux, leurs départements productifs etc. le tout avec un financement basé sur les activités propres des universités et non plus sur un budget national.

Allègre puis Lang, en créant les « incubateurs d’entreprises » ont déjà agi dans ce sens, transformant les laboratoires de recherche publique en entreprises où la loi du profit devient dominante.
De plus, Ferry prévoit dès la rentrée 2002 de réduire les crédits de fonctionnement du 2nd degré : 5 000 contrats de surveillants de collège et de lycée sur 48 000 ne seront pas renouvelés alors que ce sont en majeure partie des étudiants qui occupent ces postes. Les étudiants auront encore des difficultés à financer leurs études, les postes d’emploi jeune et de surveillant seront supprimés. Le ministère réfléchit à un « nouveau statut en lien avec les collectivités locales dans le cadre des expérimentations de décentralisation annoncées par JP Raffarin pour le début 2003 » (le Monde, 03/09/02).

D’autre part, Ferry prône la « revalorisation » des sciences dans les différentes filières, non pas pour nourrir la culture générale des étudiants mais pour qu’ils deviennent de bons travailleurs qui enrichissent les plus grandes multinationales : « il faudra en outre promouvoir une politique ambitieuse pour la recherche et la technologie française ». Concrètement, il s’agit pour commencer de « cours, à titre expérimental, dès la rentrée 2002, d’histoire des sciences pour les étudiants de toutes les filières ».

Pourtant Ferry n’est pas le seul à participer à la marchandisation de l’éducation. Il suit la politique libérale des anciens ministres de la Gauche plurielle, Allègre et Lang. Ces derniers ont mis en place la politique de l’Union européenne, avec le système ECTS. Chaque module équivaut à un certain nombre de points qui permettent de valider un diplôme. C’est un schéma de mobilité étudiante qui nous est présenté sous l’angle de faciliter des études à l’étranger et des équivalences entre diplômes de différents pays. Une année vaut 60 points, donc une licence (devenu premier diplôme) 180 points. L’étudiant qui n’aura pas validé une année entière pourra se présenter à un poste et faire valoir les modules acquis correspondants à certaines compétences. Là où le bât blesse, c’est qu’un module, ce n’est pas un diplôme, donc il n’y a aucune garantie quant au salaire.

Organiser la lutte contre ces attaques

Face à ces attaques, nous devons organiser nos luttes en préparant des journées d’action, en organisant des Assemblées générales pour informer le maximum d’étudiants et en soutenant les syndicats étudiants tels que la FSE qui refusent de collaborer avec le gouvernement.
En lançant la campagne pour une éducation gratuite et ouverte à tous, Résistance internationale/Internationale socialist resistance s’adresse à tous ceux qui ne veulent pas d’une société capitaliste fondée sur la recherche du profit maximum sur le dos des jeunes et des travailleurs. Dans cette lutte pour une réelle alternative au capitalisme nous développons des organisations et des luttes indépendantes des gouvernements.

Parce que nous ne pouvons compter que sur nos luttes pour en finir avec le capitalisme : Résistance internationale !

Par Fatima