Reconfinement saison 2 : la stratégie perdante de Macron

Tout le monde le voyait venir. Mais il a fallu attendre ce jeudi pour connaître les modalités du confinement saison 2. Tout se passe comme si le gouvernement et la myriade de consultants qui travaillent sur les projections n’avaient pas vu venir le coup. Ils se prétendent les meilleurs gestionnaires, les visionnaires ! Et ils auraient été incapables de voir venir l’embolie des services hospitaliers et notamment de réanimation ? Dur à avaler qu’on nous reconfine, et difficile à croire qu’ils ont été aussi imprudents. Les services hospitaliers de réanimation sont pleins, comme chaque automne, sauf que cette fois, ce sont des malades du Covid 19 qui y sont majoritaires.

La banqueroute de leur politique transpire par tous les pores de la crise que nous vivons. Ils ont géré l’hôpital comme le reste, depuis Sarkozy, Hollande et Macron, désormais, les coupes drastiques ont tapé dans le dur du système de santé, et l’effet n’est pas rapidement réversible. Et de toute façon, ils ne veulent pas revenir sur le fond de leur politique. Au contraire, en pleine crise sanitaire, ils continuent à fermer des lits ! Donc, c’est implacable pour ne pas alourdir davantage le système hospitalier public et causer davantage de morts, on reconfine. Les mêmes causes produisent très souvent des effets similaires.

Un deuxième confinement dans l’urgence pour éviter la contestation

Annoncé le mercredi soir par Jupiter lui même, le confinement a pris effet dès jeudi minuit. Pourquoi un tel empressement ? Dans de nombreux pays d’Europe, les reconfinements partiels ont été contestés dans la rue par de multiples mobilisations de natures variées. Et il est évident que Macron et Castex ne voulaient pas voir de mobilisations dans la rue, surtout lorsqu’ils annoncent un forfait de 18€ à partir de septembre 2021 pour passer aux urgences ou de nouvelles fermetures de lits d’hôpitaux !

Leur « reconfinement » c’est donc aussi une arme de répression pour étouffer la contestation de leur politique. On aurait pu se préparer tous et toutes en planifiant les choses si cela avait été préparé durant les vacances scolaires. Cela aurait aidé les services publics, les petites entreprises et les commerces et amélioré la protection sanitaire. Mais le gouvernement craint trop la contestation de sa politique. Déjà pour les mêmes raisons le 29 février dernier, il avait préféré lors du conseil spécial de défense, faire passer en force la loi sur les retraites à coup de 49-3 et finalement dû déclarer le confinement deux semaines plus tard, plongeant le pays dans le chaos.

Il y a fort à parier que des mobilisations se saisissent de la contestation du confinement pour dénoncer les coupes dans l’hôpital public et les comparer aux dizaines de milliards donnés aux grands propriétaires des multinationales pendant la crise du printemps notamment et avec le plan de « relance » de 100 milliards. Également, dans les écoles, collèges et lycées, aucun moyen supplémentaire n’est attribué, ni pour la sécurité des personnels ni pour permettre l’enseignement en demi-groupes et autres mesures aussi nécessaires du point de vu sanitaire qu’éducatif.

En réalité, beaucoup des gros actionnaires vont voir leurs entreprises continuer de fonctionner pendant le confinement 2 : FNAC, Leroy Merlin, Amazon… Et pour eux, c’est par ici la monnaie ! Les libraires, les coiffeurs et tous les autres petits commerces seront poussés dans le précipice dans le même temps. Et les grands patrons des entreprises fermées seront exonérés du paiement des salaires grâce au chômage partiel et pourront toucher leurs dividendes !

Une version « light » du premier confinement : c’est mieux pour qui ?

Ils nous ont vendu chaque soir via leurs medias un reconfinement soi disant économiquement compatible et souple. Ce reconfinement n’en a que le nom, c’est plutôt un couvre feu après le boulot. Les hauts cadres sup’ et les patrons partis en fin de semaine pourront télétravailler dans leur résidence secondaire. Quant aux employés en télétravail, ils subiront encore une pression hiérarchique gigantesque en terme de productivité et de contrôle à distance de leurs vies.

Une majorité d’entre nous se voit contrainte de travailler sans possibilité de repos ni de détente, et risque toujours sa contamination et celle de ses proches. Ce confinement est alors beaucoup plus contraignant. Le comble est sûrement que, sauf ralentissement du virus de lui-même, ce confinement bis ne sera certainement pas efficace car trop de monde circule et travaille et fait ses courses dans les mêmes lieux. Et surtout les hôpitaux n’ont pas les moyens de traiter le surplus de malades qui se présentera.

Ils ne gèrent rien d’autre que leurs petits intérêts ; à la population de gérer la société !

A quelque chose malheur est bon. Ce proverbe est un peu moraliste mais il dit une chose vraie. En nous faisant travailler comme si de rien était et en nous confinant hors du temps de travail, Macron créée une situation tendue.

Malgré une répression accrue et un flicage sans précédent, le gouvernement de Macron ne pourra pas nous empêcher de nous réunir, de discuter de nos conditions de travail et sa stratégie risque d’être perdante. Nous allons nous saisir de cette situation inédite et dramatique. Partout, des travailleurs, des lycéens, des agents hospitaliers, des enseignants vont discuter des moyens de mieux gérer cette crise, des solutions que nous pourrions mettre en commun. Ce reconfinement ne sera pas longtemps un anesthésiant !

Si la crise est majeure, des mesures d’ampleur s’imposent ! Les 100 milliards doivent aller aux services publics et aux toutes petites entreprises et commerces

Le confinement devrait être l’arme de dernier recours, mais si nous y sommes contraints, il faut le faire sérieusement et dans un souci d’efficacité contre le virus :

  • Seules les productions essentielles devraient fonctionner
  • Il faut réduire le temps de travail à 32 h dès maintenant, pour embaucher des chômeurs, limiter le temps d’exposition au virus, et améliorer les services (nettoyage, transport etc.)
  • Il faut un plan d’investissement massif dans la santé publique pour former, équiper et embaucher du personnel, augmenter leurs salaires, réduire le temps de travail
  • Il faut prendre le contrôle des entreprises qui produisent tout ce qui est essentiel (matériel médical, pharmaceutique, alimentaire…). On doit les placer sous le contrôle et la gestion des travailleurs du secteur en lien avec la population et les besoins en les nationalisant. Les cliniques privées doivent être réquisitionnées de façon à réorganiser l’offre de soin en fonction des besoins et prendre en charge tous les patients, qu’ils soient atteints du COVID ou non.
  • Il faut profiter du confinement pour tester tout le monde, isoler les cas positifs et soigner les malades
  • L’accueil des enfants et des jeunes à l’école devrait se faire en petits groupes sur un temps court chaque jour, avec des roulements pour éviter les contaminations et le port du masque pendant 8h d’affilée. Et ce afin de maintenir un suivi pédagogique, humain et social, dans des conditions sanitaires, sociales correctes et dignes
  • Stop à la pauvreté ! Un million de pauvres en plus après le dernier confinement ! Ça suffit !
  • Toute personne sans ressource ou dont le salaire baisse devrait recevoir un salaire minimum garanti par l’état de 1500€ net. Nous devons exiger le maintien des revenus pour toutes et tous !
  • Une solidarité totale matérielle et humaine devrait s’organiser localement par quartiers et villages pour soutenir les personnes vulnérables, isolées ou à la rue en lien avec les collectivités, les associations et toutes les personnes volontaires notamment pour les jeunes qui se sentiraient isolés et plus utiles. Des assemblées devraient être organisées pour organiser collectivement les actions
  • Il faut un logement digne pour tout le monde, s’il le faut par la réquisition des logements vides, en premier lieu ceux qui appartiennent à des grands groupes. L’annulation des loyers pour les personnes qui ne peuvent pas les payer

Un moment politique important

Jamais les gouvernements n’ont autant montré leur fidélité aux intérêts des capitalistes et leur incapacité à gérer la société pour le bien de tous. Toutes celles et ceux qui veulent lutter contre cette politique criminelle aux conséquences dramatiques doivent pouvoir discuter, lutter et s’organiser ensemble.

Face au jour sans fin que représente la société qu’ils nous construisent, c’est la tâche du mouvement ouvrier au sens large que de donner une perspective aux millions de travailleurs, de privés d’emploi, de jeunes et de retraités qui en ont assez du système capitaliste et de cette société injuste qu’il crée. Ce serait le rôle d’un authentique parti de masse des travailleurs et il reste à construire.

Des militants syndicalistes, de la CGT, de Solidaires, de la FSU, des militants politiques, celles et ceux de la France insoumise, du NPA, ou d’autres encore, nombreux dans un front uni contre Macron et sa politique, contre l’austérité capitaliste menée depuis des dizaines d’années par les gouvernements successifs qui a brisé et brise encore des vies. Les élections régionales et départementales prochaines, tout comme la présidentielle plus tard ne peuvent être le prétexte à de nouvelles alliances « de gauche » seulement dans le nom, mais sans programme sur le fond, dans le seul but de battre Macron. Remettre 100 balles dans la machine du PS ou de dirigeants d’EELV qui veulent gérer le capitalisme, c’est être à peu près assurés de suivre le même chemin que Macron. Car en cherchant à s’accommoder avec les capitalistes, c’est forcément contre les intérêts des travailleurs, de la majorité de la population et contre la protection de l’environnement que leur politique se fera. Il suffit de voir Valls, Faure, ou encore Pompili ou Jadot, aujourd’hui, qui ne veulent jamais s’attaquer au pouvoir de multinationales

Jamais le capitalisme n’a été vu et compris aussi fortement comme ce qu’il est, un système injuste et meurtrier. Le socialisme est la seule perspective viable pour satisfaire les besoins des êtres humains et préserver la planète où nous vivons. La Gauche révolutionnaire met tout cela en discussion et en action. N’hésitez pas à nous contacter, à discuter et agir avec nous ! Rejoignez-nous !