“La jeunesse est la flamme de la révolution” (Karl Liebknecht)

Au 19ème siècle, dans les pays capitalistes, les jeunes travaillaient, souvent dès l’âge de 5 ou 6 ans. L’interdiction du travail des enfants s’est combinée avec une autre revendication : le droit à l’éducation pour tous.

Article paru dans l’Egalité n°88

Au fur et à mesure du développement du capitalisme, les connaissances demandées étaient de plus en plus importantes, et la jeunesse a été peu à peu scolarisée sur une durée plus longue. Le mouvement ouvrier a largement contribué à cela, et on peut considérer la scolarisation massive et gratuite comme un acquis même si la bourgeoisie par le biais de l’Eglise ou de l’Etat a essayé de maintenir un contrôle sur celle-ci.

Parallèlement, ce phénomène a transformé la jeunesse en une couche sociale plus ou moins homogène, avec des spécificités propres : une bonne partie des 12-25 ans est encore scolarisée, ne travaille qu’occasionnellement etc.

Mais l’école ne convient pas suffisamment au patronat : les jeunes y apprennent des choses inutiles. Et tout le discours tourne autour de l’acquisition des « fondamentaux » c’est à dire en fait de simples savoirs faire à la place d’une véritable culture, d’un esprit critique… L’objectif est que les jeunes soient de simples futures machines à produire.

C’est pour cela également que les capitalistes nous fournissent le modèle du jeune idéal, qui se désintéresse de la politique, et qui consomme quantité de produits dits de « marque » en cachant soigneusement les énormes profits qui sont ainsi fait grâce au travail d’autres jeunes et enfants des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du sud.

Les gouvernements et les patrons ne considèrent la jeunesse que du point de vue de ce qu’elle peut rapporter immédiatement en consommant et de ce qu’elle peut rapporter plus tard, par la place qu’elle occupera dans la production. C’est une des raisons pour lesquelles on assiste en ce moment à une tentative de démantèlement et de privatisation de l’Education nationale dans chaque pays. Il faut que la jeunesse soit le plus rapidement possible, donc de la manière la plus rentable, prête à occuper sa place dans le monde du travail : formation minimale, déresponsabilisation et instillation d’une idéologie de soumission. Même lorsque très démagogiquement, plusieurs ministres de l’éducation en France instaurent des droits des lycéens (droit de produire des journaux, de se réunir…), c’est en sachant très bien que les rythmes et les conditions d’enseignement ne permettent qu’à très peu de jeunes de s’y investir, et que les représentants directs des ministères veilleront à ce que ces « libertés » n’aillent pas trop loin. Le résultat pour les journaux lycéens par exemple c’est que les lycéens s’autocensurent pour éviter les problèmes…

Par contre, lorsque les jeunes revendiquent, le ton est tout autre. Les politiciens et ministres de tous bords s’accordent alors pour dire que les jeunes sont manipulés, récupérés… ou qu’ils n’ont pas conscience des réalités.

Les gouvernements et les capitalistes rêvent d’une jeunesse à l’image de la société qu’ils veulent : passive et soumise, acceptant l’exploitation et les inégalités.

La gauche officielle parce que, jusque dans les années 80, elle était ou semblait porteuse de l’espoir d’une société plus juste, captait la plupart des jeunes. Aujourd’hui, avec la confirmation de ce qu’elle est devenue, les jeunes (en France) sont près de 75 % à s’abstenir ou à ne pas être inscrits sur les listes électorales. Un dégoût de la politique se combine avec un fort rejet du racisme et des injustices. La participation massive de jeunes aux manifestations anti-mondialisation ou contre le racisme confirme ce divorce entre une gauche qui accepte peu à peu l’ensemble des lois du capitalisme et une jeunesse qui voit que cela menace son avenir.  » La jeunesse est la flamme de la révolution  » disait le révolutionnaire allemand Karl Liebknecht.

La jeunesse n’a rien à attendre du capitalisme. Par son enthousiasme, son énergie, son refus des injustices, c’est elle qui peut redonner confiance à la classe ouvrière.

Elle ne doit pas s’en couper, mais au contraire participer aux luttes des salariés, montrer le lien qui existe entre les attaques contre la jeunesse et celles contre les travailleurs.

Sous le socialisme, la jeunesse ne serait pas cette couche de la population à qui l’ont dit « attend ton tour et soumet toi », bien au contraire, elle aurait toute sa place à prendre. Bien loin de réserver les idées et les énergies pour gouverner le monde à une poignée de vieillards avides et soucieux avant tout de leurs profits et de leur rang social, la jeunesse prendrait toute sa place, véritable moteur de la société, aux cotés des travailleurs. Elle aurait son mot à dire sur tout et sa créativité serait mise au profit de toute la société.

Par Alex Rouillard