Le sexisme : un des fondements du capitalisme

Avec les différentes lois sur les droits des femmes (IVG, contraception, parité, égalité au travail, reconnaissance du viol et du harcèlement sexuel….) on pourrait penser que la lutte pour les droits des femmes n’est plus à l’ordre du jour.

Article paru dans l’Egalité n°88

Cependant, malgré des avancées non négligeables la plupart des mesures prises et sont encore insuffisantes pour permettre une réelle égalité entre les hommes et les femmes. Aujourd’hui pour le même emploi, une femme est payée 30 à 40% de moins qu’un homme. Les femmes représentent 70% des pauvres du monde et 60% des illettrés. Elles produisent 2/3 des richesses et ne reçoivent en contre partie que 1/10ème du revenu mondial.

Dans les pays en voie de développement la situation est bien pire : excision dans certains pays, pas d’accès à la contraception, violences, guerres, illettrisme…Alors que les politiques économiques et sociales des gouvernements libéraux et sociaux démocrates se valent ; les droits démocratiques constituent l’élément utilisé par les partis soit disant de gauche pour avoir l’air progressiste et faire passer des lois anti-sociales (attaques sur les services publics, flexibilité, licenciements). Parfois ils reprennent même des revendications du mouvement féministe et ouvrier pour les retourner contre les travailleurs et travailleuses. En Belgique, le patronat recommande l’installation de crèches dans les entreprises pour mieux exploiter les femmes, et non pour leur faciliter la vie. En France, sous prétexte d’égalité au travail, le travail de nuit pour les femmes est à nouveau autorisé.

Dans la société capitaliste les femmes sont victimes d’un oppression spécifique. A son origine la division de la société en classes, que renforce le capitalisme, dont la base est la cellule familiale. Le rôle de la femme a été limité à la sphère familiale (reproduction,éducation des enfants, travaux ménagers…) et l’on justifie les bas salaires des femmes par le fait que leur travail à l’extérieur du foyer est secondaire. C’est ainsi que la majorité des femmes sont confrontées à une double journée de travail. Tant que la société sera divisée en classes, les relations humaines ne seront basées que sur l’exploitation et la domination (des travailleurs par les patrons, des pauvres par les riches, des femmes par les hommes…). Comme cette division de la société est inhérente au capitalisme les femmes doivent se battre comme travailleuses contre l’exploitation capitaliste et aussi défendre leurs droits en tant que femmes contre la domination masculine instituée par le capitalisme. Ainsi, on assiste à une féminisation de la pauvreté dans le monde entier. Ce sont aussi les travailleuses qui sont les premières victimes des fameux plans de restructuration. Enfin, elles sont aussi les plus nombreuses à subir la précarisation des conditions de travail (temps partiel imposé, flexibilité…). Si les femmes sont les premières victimes de l’exploitation capitaliste de la société, c’est que la société capitaliste ne leur reconnaît pas un statut égal à celui des hommes dans la mesure où leur « utilité » première est de reproduire la force de travail.

La domination masculine de la société est aussi une explication du nombre de viols et de violences perpétrées à l’encontre des femmes (50.000 viols par an en France) le plus souvent par leur conjoint ou par un supérieur hiérarchique. Si l’on constate une multiplication des plaintes pour viol, il semble toujours aussi difficile de les faire aboutir. Combien de femmes victimes de viol se sont vue rétorquer au commissariat de police, qu’elles n’avaient qu’à s’habiller autrement et qu’elles l’avaient bien cherché (alors que des recherches ont prouvé que le viol était une question de volonté de domination). Cela n’est pas seulement du à un manque de formation des policiers , mais est en lien direct avec le rôle des femmes dans la société capitaliste, et les rapports humains engendrés par la division en classes de la société.

On retrouve ce rôle de soumission aux désirs masculins dans les publicités mais aussi dans une certaine forme de pornographie, ce qui a de graves conséquences sur la construction de la sexualité particulièrement chez les jeunes et qui serait à l’origine de certains viols collectifs dans les cités. Les multinationales cosmétiques et l’industrie du sexe (films, sites Internet….) sont des marchés en pleine expansion qui véhiculent une idéologie fondée sur la suprématie masculine. Si la classe dominante véhicule une certaine morale de par ses institutions, elle ne se prive pas d’exploiter les femmes dans le monde entier, d’attaquer leurs acquis et de faire d’énormes profits sur leur dos, sans s’encombrer d’aucune morale.

Les avancées conquises par les femmes (principalement dans les pays dits développés) ne l’ont été que de longues luttes. Ce sont des femmes qui ont lancé le coup d’envoi de la révolution Russe de 1917 en manifestant pour demander du pain. Lors de la commune de Paris, la barricade de Pigalle tenue par des femmes a été l’une de celle qui a duré le plus longtemps. Ce n’est qu’en combattant le capitalisme que les femmes pourront se libérer de la double oppression qu’elles subissent dans la société capitaliste : celui engendré par le modèle bourgeois de la famille comme institution sociale, et celui de travailleur exploité.

Dans une société socialiste, les ressources de la société seraient rassemblées dans une économie planifiée, ce qui permettrait de dégager des ressources pour la prise en charge collective des tâches ménagères et de l’éducation des enfants (qui ne reposerait plus sur les seules femmes). Une telle organisation de la société favoriserait les services utiles à tous comme la santé et faciliterait l’accès à des soins de qualité et peu coûteux (contraception, IVG, maternité….). L’établissement d’un revenu décent pour tous éviterait à de nombreuses femmes d’être dépendantes d’un homme et permettrait d’établir des relations plus égalitaires qui ne seraient plus fondées sur des considérations économiques ou de pouvoir. Enfin, le socialisme ce n’est pas seulement un système économique plus juste, c’est aussi l’abolition des privilèges, qui entraîne d’autres relations humaines basées sur un engagement mutuel libre, loin des hiérarchies et des relations d’oppression et de pouvoir. Le travail ne sera pas rémunéré en fonction de considérations marchandes ou hiérarchique. Hommes et femmes pourront s’accomplir dans des rôles positifs en lien avec la société toute entière, laissant ainsi la possibilité à chacun de s’épanouir dans les relations qu’il aura choisi, sans pression extérieure.

Par Virginie Prégny