Le gouvernement a donc suspendu sa mesure visant à réduire l’allocation de logement social de certaines catégories d’étudiants. Ce recul temporaire est notamment dû à la crainte que les étudiants ne commencent l’année échauffés par cette mesure qui s’ajoute à la hausse importante des frais d’inscription (+ 4%) ou du ticket de restaurant universitaire.
Article paru dans l’Egalité n°103
Car le gouvernement a prévu un gros dossier : la loi d’autonomie des universités (voir le numéro précédent de l’Egalité). Pour continuer dans le sens de ses prédécesseurs, l’objectif du gouvernement est de faire de nouveaux pas vers la privatisation des universités.
Les réformes Lang-Jospin en 92 suivies de celles de Bayrou, et d’Allègre-Lang ont préparé le terrain en termes « pédagogiques ». De plus en plus, les universités délivrent des diplômes complètement différents selon celle où l’on a étudié : pour une même Licence il peut y avoir plusieurs centaines d’heures d’enseignement d’écart. C’est la fin progressive de la valeur nationale des diplômes. Cette politique a été accentuée par une volonté des gouvernements de créer des pôles d’excellence, universités où les moyens financiers sont bien plus importants que pour les universités de seconde zone.
Faire payer au maximum les étudiants
La loi d’autonomie fera un nouveau pas dans ce sens. Par exemple, les entreprises de la région pourront être encore plus impliquées dans les décisions des universités (et sollicitées financièrement)… à terme elles pourront avoir suffisamment de poids pour décider du contenu des diplômes et du type de filières.
Dans la loi de décentralisation, le gouvernement envisage le transfert des œuvres universitaires (les CROUS qui gèrent les bourses, les logements en cité-U…) aux régions. Les régions pauvres seront évidemment tentées de diminuer l’aide sociale que distribuent les CROUS. Les inégalités entre étudiants et selon les régions seront encore accentuées.
Leur objectif c’est de faire porter sur les étudiants et leur famille le coût des études universitaires.
Les gouvernements rêvent toujours d’un enseignement supérieur d’élite, mais leur crainte d’un mouvement de contestation de la part des étudiants qui aurait un écho dans toute la société les fait avancer par étape vers la privatisation. Dans d’autres pays (Grande Bretagne par exemple), ils ont déjà réussi à supprimer les bourses.
Comment lutter pour gagner ?
L’absence d’organisation étudiante réellement de masse et combative est un handicap pour la mobilisation des étudiants. Les syndicats combatifs sont très petits (FSE…), la FAGE n’est qu’une addition d’associations qui se complaisent plus à se faire bien voir des profs qu’à défendre les étudiants, et l’Unef ne mobilisera que pour valoriser sa place d’interlocuteur du gouvernement, jamais pour que les étudiants organisent et dirigent eux-mêmes leur lutte. Parfois des comités se sont formés lors des débuts de grève du mois de mai ce qui peut permettre des premières actions.
Avec notre campagne anti-capitaliste Résistance Internationale/International socialist resistance, nous proposons de ne pas découper la lutte contre la casse de l’université des autres questions. Si le gouvernement et les patrons veulent la peau du service public d’enseignement c’est parce qu’ils veulent qu’il soit le moins coûteux possible, voire qu’il puisse être une source de profit par certains aspects.
Les étudiants ne gagneront pas tous seuls, et encore moins si une partie seulement est mobilisée. Les prochaines semaines doivent être une période d’information des étudiants et de sensibilisation. C’est pour cela que nous avons édité un matériel (tract, pétition contre la loi d’autonomie etc.) qui est disponible sur simple demande en écrivant au journal. De la même manière nous allons organiser des réunions d’information et de mobilisation.
L’enjeu est important, une défaite du mouvement étudiant ouvrirait la porte à une avalanche d’attaques. La grève de tous les étudiants, en rejoignant les luttes des autres secteurs de la société sera indispensable mais pour cela il faut la préparer et s’assurer qu’un maximum d’étudiants en ont compris les enjeux et sont prêt à la faire.
Par Alex Rouillard