Pourquoi manifester contre le sommet de Laeken ?

Le sommet informel de Gand a donné le ton d’une présidence « ambitieuse » où Guy Verhofstadt et Louis Michel essayent de se faire passer pour des dirigeants mondiaux. Cette mégalomanie s’est heurtée à la réunion en aparté des Français, des Allemands et des Britanniques.

Article paru dans l’Egalité n°92

Ce sont eux qui ont déterminé l’agenda du sommet: soutenir la guerre, accélérer les privatisations, garantir la compétitivité des grandes entreprises…

C’est justement ce que conteste le mouvement contre la mondialisation. Passons en revue l’ordre du jour du sommet de Laeken.

Guerre

Bien que beaucoup de gouvernements européens soient composés de sociaux-démocrates et/ou de Verts, qui ont des liens avec les mouvements de paix, l’UE a exprimé à Gand son soutien total aux « actions contre le terrorisme sous toutes ses formes tel que défini par les Nations-Unies « . Elle a confirmé sa « solidarité totale avec les Etats-Unis ». Le sommet de Laeken ne manquera pas de la réaffirmer.

Privatisations

L’UE veut casser les services publics. Le gouvernement belge propose comme priorité de sa présidence: « La continuation de la libéralisation des secteurs comme le gaz, l’électricité, la poste et le transport, puisque la compétition fait baisser les prix, stimule l’innovation et crée des emplois. » Le gouvernement Jospin est d’accord, ayant dans sa ligne de mire La Poste, EDF-GDF… Ce que la libéralisation des services publics signifie réellement est pourtant clair : la Grande-Bretagne a connu de nombreux accidents de train depuis la libéralisation, car le profit passe désormais avant la sécurité.

Compétitivité

La présidence belge et les autres gouvernements plaident pour « l’amélioration du climat d’entreprise », par la diminution des taxes pour les entreprises et par le maintien de la « modération salariale ». Autrement dit: augmenter les profits aux dépens des travailleurs. L’ UE veut stimuler les fusions synonyme de réduction d’effectifs à chaque fois.

Forteresse

Concernant la politique d’asile, la présidence belge se prononce pour la nécessité « d’un espace commun de liberté, de sécurité et de justice ». Qui pourrait s’y opposer ? Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? La lutte contre l’immigration illégale devient prioritaire par le « renforcement du contrôle des frontières extérieures de Schengen ».

Armée

La construction d’une armée européenne dotée d’un puissant armement y est décrite en langage codé par « identité européenne de défense ». Dans la déclaration de Laeken, on veut concrétiser ce projet. Dans cette optique, les états membres devront allouer plus de moyens à l’armement et à la défense.

Enseignement

Le sommet de Laeken ne s’attardera pas sur l’enseignement; on laisse ce dossier au sommet des ministres de l’enseignement. La présidence belge ne donne que l’orientation générale. Le débat porte essentiellement sur le rôle plus important que l’enseignement devrait jouer dans le « débat sur l’emploi ». C’est aussi l’objectif de la Déclaration de Bologne: adapter l’enseignement aux besoins des grosses entreprises et « fournir » au plus vite de la main d’oeuvre à l’industrie.

L’Union européenne ne défend pas nos intérêts. C’est un instrument pour augmenter les profits des banques et des multinationales. La présidence belge pas plus que les autres gouvernements européens ne rompent pas avec cette politique de l’UE. Tous militent pour la libéralisation accélérée, les économies, le démantèlement de la sécu,… Assez de raisons donc pour participer aux manifestations internationales en décembre contre le sommet de l’UE à Laeken !

Par Geert Cool et Yann Venier