La clinique Mathilde est une clinique privée florissante de Rouen rive gauche. Elle ne cesse de s’agrandir depuis 10 ans. Elle aligne des services de chirurgie souvent incontournables pour les patients, des services qui traitent des maladies plus lourdes comme les cancers. Des spécialistes incontournables s’y installent toujours plus (tout en restant en même temps pour beaucoup employés du CHU, faisant ainsi double salaire et pouvant réorienter des malades vers la clinique lorsque c’est plus profitable). Souvent, être soigné à Mathilde signifie des opérations coûteuses en raison des dépassements d’honoraires de ses chirurgiens. Sans compter le service de maternité et les consultations de spécialistes. Tout ça rapporte beaucoup de dividendes aux actionnaires !
Par contre les salarié-es, eux, ne sont pas plus nombreux pour affronter un passage de 80 opérations par jour à 130 ! Et les salaires du personnel ne suivent pas cette hausse des profits : ils n’ont reçu que 84€ d’intéressement annuel en avril dernier.
Les salariés ont donc décidé de revendiquer une hausse des salaires. La grève a démarré mercredi 18 mai avec 60 % de grévistes, principalement les employés avec de faibles salaires : femmes de ménage, aide soignantes,… Cette grève a été consciemment déposée au cœur de la mobilisation interprofessionnelle des deux journées des 17 et 19 mai avec l’idée que ça puisse lui donner plus de la force.
Le jeudi, le taux de grévistes augmente passant à 70 % et le piquet à l’entrée toujours bien visible. Des délégations syndicales passent apporter leur soutien et la sympathie des rouennais s’exprime par des klaxons sur un boulevard intérieur très fréquenté qui borde la clinique. Plus d’une centaine d’opérations chirurgicales ont dû être annulées chaque jour malgré le service minimum imposé.
La direction a dû ouvrir un nouveau round de discussion. Ils ont lâché : 160€ brut tout de suite en mai, 750€ brut en juin et une augmentation mensuelle de tous les salariés de 50€ net. L’engagement est aussi pris qu’aucun gréviste ne soit inquiété et que les jours de grève soient payés.
La grève, bien préparée, a été victorieuse. Désormais, les salarié-es demandent des embauches et comptent bien les obtenir. Ils restent vigilants. Mais une chose est sure : calée à un moment où le rapport de forces est plus favorable, en pleine mobilisation contre la loi Travail, la direction et le PDG ont dû vite lâcher de peur que le conflit ne dure et leur coûte cher ! Un exemple à suivre !