Répression au Kazakhstan : Quatre militants syndicaux emprisonnés

Depuis deux mois, la répression s’intensifie au Kazakhstan contre les militants syndicaux, les opposants politiques, les organisations des droits de l’homme et les journalistes.

Article paru dans l’Egalité n°97

Ce durcissement est lié à la rupture au sein des classes dirigeantes entre le clan de Nazarbayev, « président » depuis 1991, et la bureaucratie précédemment au pouvoir. Cette recomposition du pouvoir s’accompagne d’un nouveau partage des ressources et capitaux du pays. En même temps, le gouvernement poursuit des réformes économiques libérales concentrant encore davantage les biens entre les mains d’une bourgeoisie locale restreinte et surtout de grands groupes multinationaux. Un plan de privatisation des terres agricoles est de plus prévu pour l’automne.
Le régime de Nazarbayev veut à tout prix étouffer la contestation qui se développe et en particulier le danger que représente pour lui les militants marxistes et de gauche.

Rappelons que le 21 décembre dernier, Nazarbayev rencontrait Bush pour soutenir les Etats-Unis dans leur « lutte contre le terrorisme » pendant que Powell et le ministre des affaires étrangères kazakh signaient un accord de partenariat sur l’énergie. Leurs intérêts sont en effet commun : les Etats-Unis veulent développer leur mainmise sur les ressources pétrolières de l’Asie centrale, plus accessibles depuis la chute de l’URSS, et Nazarbayev veut faire de son régime le leader économique et politique de cette région du monde en s’assurant le soutien des USA.

Dans ce contexte, la répression s’abat en particulier sur les dirigeants syndicaux du Mouvement des Travailleurs de Karaganda, où la lutte de classes est la plus développée. Les locaux des syndicats sont attaqués par des nervis, les militants frappés par la police, arrêtés et interrogés sous le moindre prétexte (accusés par exemple de « diffamation envers de grands hommes d’affaires ou industriels »).

Quatre militants sont ainsi emprisonnés et Saken Zhanusov, leur dirigeant, risque cinq ans de prison. Il est inculpé de violation de propriété, diffamation et agression d’officiers de justice.
Ce dernier chef d’accusation est dû au fait qu’un huissier de justice a malmené et frappé Saken dont le fils, inculpé de ce fait lui aussi, est venu le défendre.

Le système judiciaire kazakh est entièrement au service de l’élite en place. Déjà pendant les années 90, le leader syndical Ionur Kurmanov, qui soutenait le CIO, et deux de ses camarades ont passé cinq mois en prison.
Le cas de Saken est d’une si flagrante injustice que le chef d’une délégation de l’Union Européenne au Kazakhstan, l’ambassadeur des Etats-Unis, l’a contacté en l’assurant qu’il ferait des démarches auprès du gouvernement du Kazakhstan.

Mais Saken Zhanusov et ses camarades sont toujours en prison.
La section de la CEI du CIO appelle à une journée de protestation internationale le 7 septembre, mais aussi après, devant les ambassades et consulats du Kazakhstan dans la plupart des pays occidentaux.

Par Pascal Grimbert