Le Zimbabwe dans l’impasse, une seule issue : le Socialisme

Dans le cadre de la réforme agraire imposée par le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, des centaines de fermiers blancs ont dû quitter leurs terres durant tout le mois d’août.

Article paru dans l’Egalité n°97

Héritage du colonialisme (le pays s’appelait la Rhodésie lorsqu’il était dirigé par une élite blanche pratiquant l’apartheid), 70% des meilleures terres du pays sont aux mains des fermiers blancs. La réforme agraire est censée rendre ces exploitations à des paysans noirs sans terre. 1 600 fermiers blancs seraient concernés. Le 18 août, 147 d’entre eux qui refusaient de quitter leurs terres ont été arrêtés. Quelques dizaines ont déjà été remis en liberté sous caution. Certains ont été tués par d’anciens soldats de Mugabe.

Les gouvernements occidentaux s’offusquent de ces violences et ont mis en place des sanctions économiques contre le Zimbabwe. Il est vrai que son gouvernement n’a rien à envier aux autres états africains de la région pour ce qui est de la corruption, des fraudes électorales et de la misère qui frappe la population noire. Ce que les dirigeants des pays riches ne disent pas, c’est que ce sont eux qui ont organisé cette corruption et cette misère généralisée en Afrique, pour continuer à en exploiter les richesses et les peuples après la décolonisation. Ce qui les dérange en fait avant tout, c’est que Mugabe s’oppose à leurs diktats et refuse de céder devant les pressions de ceux qui défendent les riches propriétaires blancs. Ils font même semblant de s’inquiéter du sort des 230 000 travailleurs noirs employés sur les propriétés des fermiers blancs et qui perdraient leur travail. Ils oublient au passage que ces « emplois  » sont en fait bien proche d’une sorte d’esclavage rappelant ce qu’était le Sud des Etats-Unis d’avant l’abolition.

Maintenant, les paysans et les travailleurs noirs du Zimbabwe n’ont rien à attendre de Mugabe. Sa politique et ses choix économiques ne servent en rien les intérêts de la population mais uniquement ceux de la caste au pouvoir. Au Zimbabwe, 80% de la population vit dans la pauvreté. En juillet dernier, l’inflation y a atteint le taux record de 123,5%. De plus en plus isolé, Mugabe a renvoyé le 23 août son gouvernement. Mais rien n’a changé. C’est maintenant la famine qui menace le pays (en même temps que les autres pays de l’Afrique australe) après deux années de mauvaises récoltes de céréales. Selon l’OMS, 300 000 personnes pourraient mourir de faim ou de maladie durant les six prochains mois en Afrique australe.

Mugabe peut fanfaronner face aux états occidentaux pendant le « sommet de la Terre » de Johannesburg, critiquant la « mauvaise gouvernance internationale », l’ONU « non réformée et non démocratique ». Peut-être l’expropriation des fermiers blancs permettra-t-elle à des paysans noirs d’obtenir une terre. Mais seule la prise en main de leur avenir par les peuples de la région permettra de rompre avec l’engrenage de la misère et de la corruption en y instaurant des états socialistes.

Par Pascal Grimbert