Privatisations : une politique aux conséquences dramatiques

L’acharnement des différents gouvernements à privatiser la plupart des services publics a des conséquences désastreuses partout dans le monde. On sait les terribles accidents de trains en Grande Bretagne dus à la privatisation du réseau. Les compagnies pour conserver leur taux de profit ont diminué leurs investissements, négligé l’entretien des rails et des aiguillages… Résultat : une succession d’accidents mortels. Le gouvernement Blair fut même forcé, y compris pour permettre une meilleure exploitation du transport ferroviaire, de procéder à une renationalisation partielle de la compagnie Rail Track.

Article paru dans l’Egalité n°112

A Air France, l’augmentation des cadences lors des opérations au sol (vérifications, entretien…), la suppression de nombreux postes, entraine une multiplication des risques. Le 1er février dernier une hôtesse de l’air le paya de sa vie. Chaque opération devant se faire au plus vite avec seulement deux employés au lieu des trois prévus dans les procédures de sécurité aérienne, il n’y avait pas d’employé pour guider le conducteur de la passerelle. Celui-ci l’a retiré, sans savoir que la porte de l’avion n’était pas fermée, faisant chuter mortellement l’hôtesse. Une semaine plus tard, le même accident a failli se reproduire.

Non seulement à lui seul ce triste accident résume les conséquences des politiques néolibérales, mais la décision de la direction d’Air France de suspendre le conducteur de la passerelle avant même que soient closes les deux enquêtes (une de la gendarmerie l’autre du comité hygiène et sécurité) montre également que pour masquer leurs responsabilités les patrons sont prêts à faire porter la responsabilité aux salariés.

On comprend mieux leur volonté d’imposer un « service minimum » et autres restrictions au droit de grève. Si les travailleurs d’Air France ne s’étaient pas mis spontanément en grève, le salarié aurait été mis à pied et même licencié avant même la fin d’une quelconque enquête. Comme quoi les capitalistes sont assez cohérents, d’un coté des politiques pour multiplier leurs profits, de l’autre une législation qui sert avant tout à empêcher les travailleurs de les combattre.

Mêmes causes à la Sncf

Le viol d’une contrôleuse de la Sncf découle des mêmes causes. Etant seule pour contrôler un train un soir, elle représentait une victime facilement « agressable ». Conséquence directe de la politique de suppression de postes, ce genre de situation risque hélas de se reproduire sous une forme ou sous une autre, 487 agressions ont eu lieu en 2004. La direction de la SNCF refuse toujours d’appliquer la revendication de deux contrôleurs minimums dans chaque train.

Il y a eu également l’assassinat sauvage de deux personnels de santé dans l’hôpital psychiatrique de Pau. Etant en effectifs réduits depuis des années grâce aux politiques de « rationalisation » des soins, et la psychiatrie est particulièrement touchée, les personnels ne peuvent plus ni s’occuper des malades la nuit ni se protéger eux mêmes.

Toutes les privatisations ont à chaque fois les mêmes processus et les mêmes conséquences. Toutes commencent par des baisses d’effectifs, des hausses de tarifs, etc. Et dans tous les cas, c’est l’inégalité de l’accès aux services publics qui a augmenté.

Ainsi, des gens ne se soignent plus ne pouvant payer le ticket modérateur ou la consultation médicale, d’autres se voient couper l’eau ou l’électricité au moindre retard de paiement etc. Et dans le même temps, tous les tarifs continuent de croître car ce qu’il y a derrière ces politiques n’est rien d’autre qu’une transformation des services publics en source de profits.

Les privatisations sont le reflet même du capitalisme

L’affaire Gaymard où un ministre qui vous parle sans cesse de la nécessité de faire des économies budgétaires allait se faire payer un appartement à 14.000 euros par mois avec nos impôts, montre le cynisme des classes dirigeantes. De la même manière que Juppé voulait faire reculer l’âge de départ à la retraite à 62 ans et plus mais pris la sienne à 57,5 ans.

Car leurs politiques n’ont qu’un seul objectif faire payer le plus aux travailleurs pour que les patrons et les actionnaires s’enrichissent. Et pour l’instant les travailleurs ont réussi à retarder le processus mais pas le renverser. Il faut dire qu’ils sont bien seuls : c’est la « gauche plurielle » qui a le plus privatisé (Air France, France Telecom…) et qui a signé les accords européens préparant la privatisation d’EDF-GDF, de La Poste… Dans de nombreuses municipalités, des mairies de gauche n’ont rien à envier aux mairies de droite : eau, ramassage des ordures, cantines scolaires… Autant de services qui sont peu à peu privatisés. Et l’eau gérée par une compagnie privée est en moyenne 28% plus chère que l’eau publique.

Les politiques néolibérales ont envoyé des millions de personnes dans la précarité, le taux de chômage dépasse à nouveau les 10% sans parler de tous ces emplois sous payés. Pendant ce temps, Total annonce 23% de bénéfices en plus, Renault 55%… Pour les patrons et les actionnaires, ça a l’air d’aller.

Il n’y a que deux politiques : celle en faveur des patrons et des grands actionnaires et celle en faveur des travailleurs et de leur famille. Seule un système où l’économie est organisée pour la satisfaction des besoins de tous et non les profits d’une poignée permettra d’en finir définitivement avec le gâchis capitaliste. C’est pour cela que nous luttons, pour le socialisme authentique, où l’économie sera organisée et planifiée démocratiquement par les travailleurs, en nationalisant sous leur contrôle les principaux secteurs de l’économie. C’est par leurs luttes que les travailleurs pourront créer ce nouveau système.

C’est dès les luttes actuelles, sur les salaires, le temps de travail, en refusant les privatisations, et en étant bien conscient que tant que le capitalisme sera là, aucune victoire n’est réellement durable, que les jeunes, les travailleurs, les chômeurs doivent avancer cette perspective socialiste et démocratique. Même si nous les battons dans les prochaines semaines, gouvernement et patrons reviendront à la charge pour transformer tout ce qu’ils peuvent en source de profits. Nous ne devons pas laisser ce système continuer à détruire ainsi les conditions de vie et de travail de millions de salariés. Il est aussi important de construire une grève générale pour les stopper que de poser les bases pour un nouveau parti authentiquement socialiste, outil de combat contre Raffarin et les patrons, aidant les travailleurs à organiser eux mêmes leurs luttes. C’est ce que les militants de la Gauche révolutionnaire font et vous propose de faire avec nous.

Par Alex Rouillard