On l’a dit, les primaires n’intéressent quasiment personne sauf les médias qui ne savent pas parler d’autre chose que du petit bocal politicien. La défection de Hollande leur donne du grain à moudre mais au fond, cela ne change pas grand chose.
Moins de 13.000 votants pour la primaire d’EELV, avec deux parfaits inconnus en têtes dont le programme se résume à : on fait comme avant, mais en grognant un peu plus contre le PS.
Article publié dans l’Egalité n°180 (novembre-décembre 2016)
Au PS justement, c’est de plus en plus pitoyable. Un petit livre de petites phrases médiocres (« Un président ne devrait pas dire ça », titre indiquant clairement que Hollande a voulu que sorte ce livre et mettre le débat à ce niveau-là) a l’effet d’une tempête dans une mare de boue. Ça fait remonter la vase et sa mauvaise odeur avec. Des millions de personnes ne savent plus comment s’en sortir, et tout ce que le président trouve à raconter, c’est les vannes de couloir des politiciens.
Il est possible que les dirigeants du PS croient que les sondages se trompent ou que les gens sont idiots au point de retomber dans les vieux pièges du danger de la droite ou de celui du FN. C’est possible puisque Hollande nous prend pour des idiots et que Valls ne peut gouverner que parce que les pseudo-opposants, les mal-nommés frondeurs, se couchent à chaque fois que la direction leur fait les gros yeux.
C’est possible parce qu’en fait, ces gens-là sont comme les convertis, plus fanatiques que les originaux. Absolument persuadés que le capitalisme est le seul horizon possible, ils copient toute la politique de la droite en la défendant comme si c’était une nouveauté et la seule issue possible. Sans rire, Valls-Hollande prétendent défendre un «bilan de gauche» : 1,5 millions de chômeurs en plus, 48 milliards d’aides aux riches et aux grands patrons, la libéralisation aggravée dans les transports, l’énergie, la Santé, l’Éducation, avec des conditions de travail qui empirent, la casse du droit du travail… C’est leur bilan, et ils seront bien les seuls à le défendre. Hollande, lui, encore, ose même dire que sur « le chômage, on commence à voir des résultats », reste à savoir qui est ce « on », car les chômeurs eux, voient bien qu’ils sont toujours plus nombreux pour toujours aussi peu d’emplois.
Et ce n’est pas le challenger Montebourg qui amènera du neuf : lui qui disait lors de l’annonce des 7 500 suppressions d’emplois à Renault que les lignes rouges n’avaient pas été franchies. On peut rire aussi que son livre défendant le « made in France » ait été imprimé en Italie, imitant en cela tous les bonimenteurs surfant sur le même sujet.
Plus sérieusement, ce qui différencie ces gens, c’est leur cote de popularité, pas leurs idées. Il n’y a que certains dirigeants d’EELV ou du PCF pour croire que ce serait différent de Valls ou Hollande avec un Montebourg comme candidat du PS. A tel point que Montebourg pense qu’avec Valls ou Hollande il est dans la simple divergence d’idées. Montebourg défend ainsi que s’il battait Hollande aux primaires, ils pourraient se retrouver ensemble quand même pour la suite. On voit la profondeur de la différence ! Tandis que (et c’est tant mieux) il rejette tout accord avec Mélenchon lui reprochant sa «radicalité».
Giscard disait que la France avait la droite la plus bête du monde, mais avec Hollande et sa clique, on a aussi la gauche la plus médiocre, les masques sont tombés, passons à autre chose.
Alex Rouillard