OGM, vache folle, fièvre aphteuse : l’Union européenne s’inquiète plus de la baisse des exportations que de la santé publique

Après la crise de la vache folle, la Politique agricole commune (PAC) est secouée par un nouveau scandale. L’épizootie de fièvre aphteuse qui touche l’Europe depuis plusieurs semaines met en exergue une fois de plus les conséquences désastreuses de la logique libérale menée par l’Union européenne en matière d’agriculture, de santé publique, d’environnement mais aussi au niveau social.

Article paru dans l’Egalité n°86

Le virus de la fièvre aphteuse sévit dans le monde depuis plus d’un siècle, cette maladie hautement contagieuse pour de nombreuses espèces animales a toujours accompagnée le monde paysan. La découverte du vaccin contre ce virus date de 1925, et il a permis l’éradication de l’épidémie en 1954 aux Etats Unis. L’Europe a elle aussi connu plusieurs bouffée épidémiques qui n’ont pu être combattues que par l’abattage de centaines de milliers de bêtes ; la dernière en date a eu lieu en Italie en 1997. Alors que l’on sait qu’aucun pays n’est à l’abri, pourquoi l’Union Européenne décide-t-elle en 1990 d’arrêter la vaccination ?

Fièvre aphteuse : l’arrêt de la vaccination, un « pari économique »

Les raisons en sont purement économiques et vont de l’accord du GATT à la Politique agricole commune, en passant par l’Uruguay Round. La règle de base de ces accords économiques étant la liberté du commerce. Les pays qui vaccinaient perdaient certains marchés, car on considérait que s’ils avaient eu recours au vaccin c’était qu’ils avaient été confrontés au virus. De plus un des prétextes  » scientifique  » était que l’on ne peut pas distinguer un animal porteur sain d’un animal vacciné (puisque celui ci a développé des anticorps contre ce virus). Pour garder certains marchés commerciaux il valait donc mieux ne pas vacciner, quels que soient les risque que cela comportait. Enfin, une bête vaccinée doit, pour être exportée, rester en quarantaine avant d’entrer dans un pays, ce qui signifie pour les groupes agroalimentaires des pertes financières conséquentes. Pourtant l’abattage n’est pas la seule solution, le problème est qu’une bête malade est bien moins productive…cela coûte moins cher d’abattre un troupeau plutôt que de le vacciner ou de le soigner.

Tout comme la crise de la vache folle, l’épizootie de fièvre aphteuse n’est qu’une preuve de plus que le système agroalimentaire de production et de distribution est tourné vers l’augmentation des profits et non vers les besoins de la population ; politique dont les agriculteurs et les éleveurs sont les premières victimes.

La façon même dont cette épidémie s’est propagée est symptomatique. En effet, la ferme d’où s’est répandu le virus est un véritable usine où l’hygiène minimale est absente, les porcs étaient élevés au milieu des détritus et des carcasses d’animaux morts. C’est certainement en transportant les animaux à l’abattoir, que la maladie s’est propagée. 2/3 des abattoirs ont été fermés depuis la crise de la vache folle, à cause des coûts importants liés aux inspections sanitaires. Une fois de plus, c’est la loi du profit qui prime aux dépens de la santé publique, de l’environnement et de l’emploi. L’origine de toutes ces crises dans l’agroalimentaire trouve son origine dans l’organisation capitaliste de l’industrie agricole. Le principe de la PAC a été de baisser le prix pour « booster » les exportations agricoles de l’Union Européenne. Cette perte de revenus est plus ou moins compensée par les fameuses subventions. Du fait de loi du marché, les petits paysans n’ont pas pu survivre, on a donc assisté à des regroupements et à une dérive productiviste. Il fallait produire toujours plus, toujours moins cher ; d’où l’utilisation massive des farines animales, des engrais et des hormones (maintenant interdites en Europe, mais pas aux Etats Unis), l’arrêt de la vaccination contre la fièvre aphteuse et la transformation des fermes en véritables usines à produire de la viande.

Aujourd’hui, les hommes politiques européens semblent « découvrir » les conséquences désastreuses de la politique libérale qu’ils ont mis en place en instaurant la PAC. Le commissaire européen à l’agriculture, M. Fischler, se demande « naïvement », « Pourquoi 45% des fonds européens reviennent aux grandes cultures alors que l’élevage ou la production de fruits et légumes emploient plus de personnes ? » (Le Monde, 24/01/01). Messieurs Jospin et Chirac ont la réponse, ils ont déclaré unanimement qu’il était hors de question de « remettre en cause la vocation exportatrice de l ‘Union Européenne », elle est belle « l’Europe sociale » !

Si le causes de ces crises répétées dans l’agroalimentaires trouvent leur source dans l’économie capitaliste elle même, ses premières victimes sont les travailleurs. En Angleterre ce sont plus de 1500 paysans qui ont tout perdu. Tant que ce secteur sera dominé par des multinationales assoiffées de profits ( 80% des subventions de la PAC vont aux 20% des fermiers les plus riches), la population subire les crises telles que la vache folle, le poulet à la dioxine, etc.

Un programme socialiste pour l’agroalimentaire

De nouvelles techniques agricoles de gestion des terres et de la nourriture signifieraient que toutes les étapes de la production, de la ferme à nos assiettes, serait fondé sur une logique de protection de la santé et de l’environnement et non pas sur les profits des multinationales agroalimentaires et biotechnologiques.

Non à la PAC et à l’Europe de Maastricht

Pour un plan de production agroalimentaire fixé par les syndicats de paysans, les consommateurs et les petits paysans qui cultivent la terre, pour une nourriture saine et accessible à tous

Nationalisation sous le contrôle démocratique de la population des multinationales agroalimentaires, de biotechnologie et pharmaceutiques.

Socialisation des terres

Par Virginie