Non à l’occupation de l’Irak

La population à l’époque de Saddam menait une vie difficile. Elle était terrorisée par le pouvoir baasiste, les guerres, l’embargo suivant la défaite de 91… Mais pour la population, il restait une fierté, une sécurité, un pays. La population, multiethnique, vivait ensemble sans que cela soit un problème.

Article paru dans l’Egalité n°103

A la suite de la chute de Saddam, après quelques mois de « libération », le pays est plongé dans le chaos et le désarroi. Cette chute tant attendue par de nombreux Irakiens, devait amener liberté et démocratie. Cela se révèle plus complexe, et les illusions se transforment en cauchemar. Le pays est toujours éteint par la volonté de ceux qui le détiennent. Aucune organisation n’est faite par la coalition qui s’est empressée de s’occuper de ce qu’elle appelle les priorités de l’Etat : le pétrole etc.

Ceux qui ont vite crié victoire et cru aux « Américains » semblent s’abstenir; l’après victoire est plus difficile à réaliser qu’ils ne pouvaient l’imaginer.

Sur les plans politiques et surtout social, comme sur celui de la sécurité, le pays a du mal à sortir de l’engrenage. Chaque jour, les habitants voient la dégradation de leurs conditions de vie, et se plaignent des nombreux manques, surtout ceux concernant les besoins les plus vitaux : l’eau, l’électricité, le carburant, mais aussi les médicaments…

Il n’y a toujours pas de travail et il n’y a plus d’autorité. La peur de sortir domine avec l’insécurité qui règne dans les villes depuis la chute du régime le 9 avril. Aujourd’hui, pour une majorité, la sécurité, la paix, la fin du chômage, passent bien avant la liberté ou la chute du tyran, qui a pourtant été leur revendication sous le règne de Saddam.

Malgré cela, la plupart des Irakiens redoutent grandement un éventuel retrait des troupes, car sans elles le risque de basculement dans une guerre civile est plus que probable. D’autres pensent plutôt que les « libérateurs » restent comme des occupants, les délaissant à leur propre sort, jouant avec leurs nerfs pour casser leur moral et ainsi les soumettre.

Les nombreuses bavures et l’augmentation de l’insécurité le démontrent quotidiennement : les troupes occidentale ne sont pas là pour assurer une quelconque sécurité de la population civile. L’objectif des « boys » est uniquement de maintenir un semblant d’ordre permettant aux entreprises américaines de faire fonctionner à plein la pompe à pétrole ; la présence de ces troupes est donc un obstacle à la reconstruction du pays; En jouant sur la théorie du chaos, en laissant le pays à la limite de la guerre civile, les Américains misent sur la terreur et le désespoir pour s’assurer le contrôle de richesses comme des enjeux géopolitiques.

Des partis qui n’ont qu’une devise : on n’est jamais mieux servi que par soi-même

Il y a certes des partis qui se créent, avec des anciens opposants au régime ou de nouveaux dirigeants mais jusque ‘à présent, personne n’a vu de leur part de vraies concrétisations d’action. En général, ils se soucient peu d’activer ou d’installer des commissions d’urgence impliquant réellement la population pour résoudre les problèmes primordiaux comme le manque d’eau ou d’électricité. Leur seule préoccupation est de s’octroyer les meilleurs places, et ils s’approprient des biens abandonnés par l’ancien régime.

Les chefs de ces partis cherchent pour cela à se rendre plus influents. Cela dure tellement que certains irakiens commencent à regretter l’ancien régime. De grands soucis se posent pour l’administration américaine :

D’abord, les chefs religieux exilés autrefois. Ils prennent des directives, organisent leur ordre, s’emparent du pouvoir, ce qui dérangent ceux qui habitent le secteur car ils voient s’imposer un chef qui n’a aucune expérience des problèmes. Leur pouvoir grandit et ils sont difficiles à dégager. Bien sûr l’autorité américaine sait tout cela. Mais le problème est complexe, et sous prétexte que certains secteurs fonctionnent normalement, elle évite la confrontation avec ces chefs. Un affrontement avec eux pourrait leur donner un prétexte pour glisser vers leur propre gouvernement. Les conséquences seraient alors complètement différentes de ce que l’équipe Bush prévoyait.

Ensuite, s’ajoute à cela les attentats et sabotages, les règlements de compte, voire des débuts de mouvement qui s’opposent à l’occupant soit de manière plutôt pacifique soit par la violence aveugle. La population, aux prises avec d’énormes difficultés perd patience, et éprouve de plus en plus de rancœur envers ses « libérateurs ».

Cette nouvelle et tragique expérience peut néanmoins devenir profitable pour le peuple irakien en les amenant à définir les bases sociales et politiques sur lesquelles la reconstruction de leur pays devra reposer.

Par W.A