Bilan de la guerre contre l’Irak

Il fallait être bel bien sur une autre planète pour ne pas savoir que la guerre du golfe II avait commencé ! Après les desiderata du conseil de sécurité de l’ONU, le fameux Veto qui devait résoudre tous les problèmes, les forces coalisées anglo-américaines des gouvernements Bush et Blair sont passées à l’offensive.

Article paru dans l’Egalité n°101

Dès le début de cette sale guerre, nous nous sommes retrouvé dans une « boucherie réalité », avec une surmédiatisation de l’événement. Puisque chaque pays avait un envoyé spécial que se soit à l’hôtel Palestine à Bagdad, embarqué avec les forces anglo-américaines ou pour le cas d’al jezira au coté des forces irakiennes. Nous avons vécu heure par heure, l’évolution du conflit avec un problème de recul vis-à-vis des images qui ont été utilisé par tous, mais au regard de leur propre position quant à la légitimité de cette guerre. Il était possible de voir plusieurs fois le même reportage traduit différemment qu’en il s’agissait d’irakien, servir à argumenter plusieurs reportages. Nous avons aussi eu droit à une pléthore d’experts qui vont disparaître de nouveau et revenir au prochain conflit.

L’image aux premiers jours du conflit fut celui de la résistance des villes du sud comme Bassora, les bombardements massifs sur les positions de l’armée irakienne et non celle du peuple irakien en train d’agiter des drapeaux américains. On parlait alors d’enlisement et les forces anglo-américaines refusaient le combat de rue fonçant sur Bagdad. La télévision montrait les soldats des forces coalisés tomber pour « la liberté », on s’écharpait au sujet des conventions de Genève sur le sort des soldats prisonniers et sur la différence de traitement entre le soldat irakien et le soldat anglo-américain dans un manichéisme bon teint.

C’est durant «la pause de 5 jours» que les forces américaines prirent sans trop de pertes Bagdad qui ne fut pas un nouveau Stalingrad. Vainqueur aussi dans le nord, au coté de l’UPK et cela en ménageant la sensibilité du gouvernement turque, les forces anglo-américaines avaient vaincus la « 4ème armée du monde ». Mais malgré les efforts de la propagande anglo-américaine on est bien loin d’une guerre propre. Il est difficile de croire alors que beaucoup de journalistes et de soldats anglais ont été victimes de « dommages collatéraux » que les bombardements furent réellement ciblés. On est à l’heure actuelle incapable de connaître le nombre de victimes irakiennes lors du premier conflit, on réfute dans cette macabre comptabilité les morts de l’embargo, aussi comment connaîtrons nous le nombre de victime de celui-ci. La « fin de ce conflit » ne laisse rien présagé de bon. Les jours de chaos qui ont suivi la « libération » ont fini de mettre à sac ce que les bombardements n’avaient pas détruits. Certes les gouvernements de Bush et de Blair pouvaient nous faire assister à des déboulonnages de statue de Saddam, mais aussi à des pillages sans intervenir, ce qui fut criminel notamment aux niveaux des hôpitaux de Bagdad. La seule chose qui intéressa les forces américaines fut le ministère du pétrole, afin peut être de faire payer la note aux irakiens.

La situation reste préoccupante avec des manifestations quotidiennes et une force d’occupation américaine prête à faire feu sur le premier irakien venu. La mise en place d’un gouvernement de transition sous l’égide des états unis ne correspondra pas aux aspirations démocratiques du peuple irakien. Les premiers contrats notamment celui de la reconstruction accordé aux entreprises américaines, la spoliation du sous sol irakien, l’absence d’armes de destructions massives (qui devaient légitimer cette guerre), la fuite du gouvernement de Saddam, la reprise dans les administrations de membres de l’ancien régime notamment au sein de la police font que les choses ne sont pas encore terminées en Irak.

Par Arnaud Benoist