C’est une décision lourde de conséquence : le congrès du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), réuni du 5 au 7 mai, a annoncé sa propre dissolution. Il répond ainsi à l’appel lancé en février par Öcalan, son fondateur emprisonné. Le lendemain, Erdoğan saluait une « nouvelle ère » dans le conflit kurde.
Pendant plus de 45 ans, le PKK a incarné la lutte contre l’État turc, pour la reconnaissance, la dignité et l’autodétermination du peuple kurde, nié depuis la chute de l’Empire ottoman et la naissance de la République turque. Sa politique erronée d’attentats aveugles avait freiné la possibilité que des travailleurs turcs se solidarisent et permis de renforcer la répression. En 2012, la création du parti HDP autour PKK, avait ouvert des perspectives communes aux travailleurs kurdes et turcs.
La dissolution du PKK laisse un vide politique
Des millions d’opprimé·es qui, en Turquie, en Syrie, en Irak et en Iran, vont continuer de subir la répression. En Syrie, le recul est fort. Les forces kurdes liées au PKK ont stoppé Daech et d’autres menaces réactionnaires. Ils ont fait vivre l’expérience d’une société progressiste au Rojava de 2011-2016. Les désarmer aujourd’hui, c’est livrer les populations à la merci des armées impérialistes, turques, russes ou américaines, israéliennes et des milices islamistes.
Quelle perspective pour les Kurdes face aux États oppresseurs ?
Ce geste, présenté comme une ouverture politique. C’est en réalité une impasse car il ne signifie pas la fin du bain de sang ayant coûté la vie à plus de 40 000 kurdes. Aucune perspective révolutionnaire ne l’accompagne, aucune alternative ne se dessine. La direction du PKK n’a pas programme indépendant face à Erdoğan et aux impérialistes US, russe…
La libération kurde ne se fera qu’avec celle de tous les exploités. Face au capitalisme autoritaire d’Erdoğan, c’est dans l’unité de classe entre Kurdes, Turcs et toutes les nationalités opprimées autour d’un programme socialiste que réside la force révolutionnaire.
Article paru dans l’Égalité n°228
