« Affaire Elf » ou comment l’Etat français a pillé le continent africain

Véritable fer de lance de l’Etat français en Afrique, le groupe pétrolier Elf (aujourd’hui Total-Fina) étend sa domination depuis 40 ans sur le continent.

Une vraie mafia politico financière, mêlant de nombreux hommes politiques de gauche comme de droite, s’est ainsi constituée, pillant les ressources naturelles et humaines de l’Afrique et attisant les guerres civiles pour mieux asseoir sa domination et ses profits.

Article paru dans l’Egalité n°85

La récente « découverte » d’un trafic d’armes vers l’Angola auquel Jean Christophe Mitterrand aurait participé, empochant la coquette somme de 13 millions de francs, pose la question du rôle joué par la France (mais aussi par les autres pays occidentaux) dans l’économie et la politique africaine après la décolonisation. A travers « l’affaire Elf « , c’est toute la corruption de la classe politique française qui apparaît sur fond de néo-colonialisme.

Le groupe Elf est né de l’obsession de l’Etat français de l’indépendance énergétique. Après avoir été chercher de la main d’œuvre et des soldats sur le continent africain c’est à ses ressources minières et pétrolières que se sont intéressés les industriels français, bien aidés en cela par les politiques. Cependant, dans les années 60, l’Afrique post coloniale est secouée par d’importants mouvements populaires de contestation, qui prennent souvent des couleurs de guerres ethniques, d’ailleurs attisées par les ex-colons. D’où l’intervention des services secrets chargés de « sécuriser » le système politique et économique du Gabon dans un premier temps puis de l’Angola, du Zaïre… Ils s’assurent la coopération des chefs d’état de ces pays en les arrosant avec pots de vin .

Pour étendre sa domination sur tout le continent, Elf n’hésitera pas à financer les guerres civiles en Angola, au Rwanda, en Somalie…..grâce à son homme de confiance Jean Christophe Mitterand. Face à cette situation, ni Giscard ni Mitterand n’ont levé le petit doigt, protégeant bien au contraire leurs amis (Pasqua, Dumas, Sirven, Le Floch Prigent…).

Alors que Elf déclare aujourd’hui des bénéfices astronomiques, qu’en est-il des populations africaines ? En Angola, c’est un demi million de victimes de la guerre civile, 12 millions de personnes expulsées de leur logement; le salaire moyen s’élève à 4 dollars par mois (le prix d’une boîte de lait en poudre) alors que les hauts dignitaires angolais ont reçu une « prime de Noël » de 250 000$ et que les rentes pétrolières s’élèvent à elles seules à 3 milliards de dollars.

Les hommes politiques occidentaux se donnent bonne conscience en envoyant des aides humanitaires dérisoires (dont seuls 3% servent réellement à combattre la pauvreté) et en donnant des leçons de démocratie à l’Afrique. Parallèlement, ils maintiennent ce continent sous une domination économique, politique, militaire et idéologique invraisemblable. Les Sirven et Falcone n’existeraient pas sans le soutien et l’appui des Mitterand, Pasqua et autres Dumas. Il faut en finir avec la toute puissance des multinationales et avec l’ingérence de l’occident en Afrique: c’est aux jeunes et aux travailleurs africains de décider de leur avenir : pour l’ouverture des comptes des multinationales, retrait de toutes les troupes impérialistes d’Afrique, pour l’annulation de la dette des pays du tiers monde !

C’est toute la barbarie du capitalisme qui est à l’œuvre en Afrique, et c’est en luttant contre lui que les jeunes et les travailleurs africains pourront s’affranchir du joug de l’impérialisme occidental. En France, c’est en faisant avancer la solidarité dans les luttes et en luttant contre la mainmise impérialiste de l’état français en Afrique et dans toutes ses ex-colonies, que nous pourront aider les africains à regagner leur indépendance.

Par Virginie Prégny