En Mars 1991 paraissait le n°1 de l’Egalité.
Article paru dans l’Egalité n°100
La citation de Lénine était déjà présente. La Une titrait « En France comme au Moyen-Orient, le gouvernement mène la politique des patrons et des banquiers », l’accroche en bas de page « Jospin prépare la destruction du baccalauréat ». Le pessimiste dira que rien n’a avancé en 12 ans ! Nous lui répondons que nous aurions pu ne pas perdre ces douze ans et qu’il n’est pas trop tard. Nous n’avons pas envie dans douze ans d’écrire la même une, car cela voudrait dire de nouveaux drames pour tant de peuples. Nous préférerions écrire que nous avons bloqué notre impérialisme et réaliser la conclusion de l’article figurant à la une du n°1 « La plus grande preuve de solidarité que nous puissions donner au peuple irakien, c’est d’affaiblir notre impérialisme, c’est de chasser ce gouvernement ».
Ironie ou cynisme, l’histoire nous condamnera toujours à recommencer si nous ne saisissons pas les opportunités qu’elle nous offre. Pour la poignée de militants qui ont participé aux premiers pas de l’Egalité (une infime minorité dans la Gauche révolutionnaire actuelle), c’est la leçon principale de ces 12 années.
Nos prises de positions, parfois très tranchées, ont conduit notre direction de l’époque à chercher la rupture avec l’organisation adulte qui était la nôtre, à savoir la LCR. La direction de celle-ci sauta sur l’occasion pour exclure les JCR-Egalité. En mai 93, les derniers militants membres des JCR- Egalité furent exclus à Rouen. Une nouvelle page était tournée, celle d’une organisation dont aucun militant n’a à regretter le parcours chaotique. Elle était à l’image d’un groupe de jeunes militants bouillonnants, ayant affronté la complexité des années 90, entre chute de l’URSS et capitalisme triomphant.
L’organisation actuelle n’assume pleinement les articles de l’Egalité que depuis le n°84. Mais au delà de mauvais articles, ou de « Unes » désastreuses, il y avait la sincérité de dizaines de militants, très jeunes en général, défendant jusqu’au bout les luttes, leur auto-organisation, se battant dans les syndicats, les mouvements de grève etc. pour qu’ils adoptent une ligne combative, indépendante des partis de la gauche officielle, préparant un affrontement plus généralisé avec le gouvernement, chose que les directions du PCF et de la CGT réussirent à éviter une nouvelle et dernière fois en 95.
Il était plus facile de souder une équipe contre les dérives de la direction de la LCR qu’autour d’une construction patiente et unifiée d’une organisation indépendante. L’après-95 vit les premières fissures avec les départs d’une série de fondateurs de l’Egalité et de participants « adultes » du congrès de fondation de la Gauche révolutionnaire-JCR (18-19 septembre 93). 97 et la victoire de Jospin en virent une deuxième, et 2000 sera l’année de la fin après une catastrophique fusion avec le groupe La Commune. La dernière direction nationale de la Gauche révolutionnaire avait changé son orientation : après avoir qualifié la décision d’aller à la LCR de « retraite politique confortable », elle parlait trois mois plus tard de la « nécessité d’entrer à la LCR car cela allait être le passage incontournable pour un nouveau parti des travailleurs ».
En définitive, notre décision la plus positive a été de rejoindre le Comité pour une internationale ouvrière fin 93. Nous y avons trouvé un esprit réellement internationaliste, (le CIO est présent dans 35 pays, dont de nombreux pays du « tiers monde »), et la volonté de construire des organisations véritablement socialistes.
2001 : nouveau départ, nouvelle organisation
En septembre 2001, un petit groupe de militants, surtout de Rouen, décida qu’il fallait relancer la Gauche révolutionnaire. Aucune organisation existante (LCR, LO, PCF, PT) n’offrait un cadre réellement à même de construire une organisation révolutionnaire luttant pour le socialisme et qui soit en même temps ouverte aux nécessités de reconstruction du mouvement ouvrier : nouveau parti des travailleurs, construction de courants syndicalistes de lutte etc.
En 95, contre le plan Juppé, en 96, en défense des sans papiers, dans les campagnes anti-impérialistes, dans la lutte contre les premières exclusions de lycéennes portant un foulard islamique, dans les grèves étudiantes, dans l’analyse de la guerre en Yougoslavie etc , le bilan de la Gauche révolutionnaire est celui d’une organisation qui s’est battue dans le sens des intérêts des travailleurs, des jeunes et des peuples. L’Egalité a toujours été un journal militant, proposant des axes de luttes et appelant les jeunes et les travailleurs à se mobiliser, car c’est la seule voie pour le changement socialiste. Si des positions ont été « limite », elles ne correspondaient jamais qu’à une recherche de raccourcis politiques, éternelle maladie des petites organisations.
Nous avons fait nos erreurs nous-mêmes, nous avons cherché à les comprendre et désormais à les éviter sans en faire porter la responsabilité à d’autres. La nouvelle organisation qui est née en septembre 2001 est riche de cela. Et c’est cela que nous voulons partager avec tous ceux qui regardent vers nous aujourd’hui. Nous n’avons pas abandonné le projet initial de l’Egalité, nous lui avons donné un autre contenu, plus patient et tout aussi volontaire à une période où le capitalisme apparaît encore plus clairement comme une impasse meurtrière. Tous ceux qui sont prêts à lutter pour une véritable alternative socialiste et démocratique au capitalisme ont leur place à la Gauche révolutionnaire !
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Par Alexandre Rouillard