La place prise par les médias dans notre vie quotidienne est énorme. L’impact qu’ils ont sur la population est de plus en plus important, à tel point qu’ils sont devenus des enjeux commerciaux de première importance.
Article paru dans l’Egalité n°88
C’est ainsi que de grands financiers, comme Berlusconi, Murdoch ou Bouygues, s’arrachent les groupes de presse et se sont constitué des empires multimédias qui étendent leur présence aux quatre coins du monde. Et les privatisations des chaînes publiques ont encore renforcé les positions de ces grands groupes privés.
Puisque les médias sont désormais avant tout une affaire commerciale, l’audimat est devenue une composante essentielle de toute production. Et la loi de la concurrence mène à la surenchère de l’émotionnel, du spectaculaire et du sensationnel. Du Bigdil à Loft Story en passant par Qui veut gagner des millions ? on ne peut pas dire que la culture et l’intelligence en sortent gagnantes… Cette dépendance des médias envers la finance et la publicité accentue encore le conformisme de l’information et le bridage de toute audace, non seulement vis-à-vis des pouvoirs politiques en place (ce qui n’a rien de nouveau) mais aussi vis-à-vis des grands groupes économiques (et en particulier de ceux qui financent la chaîne télé ou le journal !) et en général de toute l’idéologie néo-libérale. Dans ce contexte, l’emballage des médias a beau être de plus en plus clinquant et de plus en plus diversifié, leur contenu se ressemble de plus en plus. Le sommet du consensus mou a sans doute été atteint lors de la Guerre du Golfe où toute la presse a dénoncé l’Irak, justifié la guerre et les bombardements occidentaux et passé sous silence les dizaines de milliers de morts irakiens. Rien d’étonnant non plus à ce que la voix de travailleurs en grève ou d’intellectuels critiques ne soit quasiment jamais entendue. Cependant, quand les attaques des gouvernements sont trop virulentes et que les travailleurs réagissent, la presse doit s’adapter en partie pour conserver ses lecteurs.
Ainsi, The Sun, une des pires feuilles de chou anglaise, habituellement ultra-conservatrice, a dû, après l’avoir initialement soutenue, critiquer la Poll Tax de Thatcher parce que ses lecteurs avaient violemment protesté. Enfin, influencés par l’idéologie libérale dominante quand la société est passive, une partie des journalistes peut être amenée à se radicaliser elle aussi quand la population se met à bouger. On l’a vu fortement pendant Mai 68 et les quelques années qui l’ont suivi. On commence à le voir aujourd’hui où la mondialisation libérale n’est plus présentée aussi souvent comme un don du ciel. Sans compter que les mouvements de lutte peuvent aussi produire leurs propres médias et utiliser les progrès techniques (radios libres, téléphones portables, internet,…) pour s’organiser et diffuser leurs points de vue.