A l’occasion de la sortie de son livre Et si les salariés se révoltaient, l’économiste libéral de la multinationale Natixis, Patrick Artus, répète sur tous les plateaux que, depuis un certain nombre d’années, la pression au niveau mondial s’est accrue sur les salaires pour maintenir à un niveau acceptable pour les capitalistes un rendement du capital en berne. Partout ? Pas tout à fait… en France l’accroissement des salaires se serait maintenu, contrairement aux USA, en Grande Bretagne, en Allemagne ou au Japon.
Article publié dans l’Egalité 189
Casser le travail
Autrement dit, les salariés en France ont jusqu’à maintenant mieux résisté aux coups du libéralisme et sont moins surexploités que dans les autres pays capitalistes concurrents. La destruction du droit du Travail mise en place en particulier sous Sarkozy, Hollande et maintenant Macron, en accroissant la flexibilité et la précarité des travailleurs (salariés ou soi-disant indépendants comme Uber) vise justement à accroître le taux d’exploitation et à rendre le capitalisme français plus « concurrentiel ».
Alors toutes les protections collectives acquises par les luttes sociales depuis plus d’un siècle doivent disparaître, au profit d’une relation de gré à gré individuelle et nécessairement inégalitaire entre celui qui vend sa force de travail par nécessité de survivre et un capitaliste. Dans ce contexte l’existence d’emplois publics ou avec de forts statuts (fonctionnaires, agents contractuels de droit public) est une hérésie qui doit aussi disparaître. Que l’on soit du secteur public ou du secteur privé nous subissons donc les mêmes attaques et nous avons les mêmes intérêts à combattre ensemble !
Par ailleurs, l’importance en France des services publics et de la protection sociale – ces moyens de répartition des richesses par une redistribution soit de prestations financières soit de services que la classe ouvrière a imposé à l’État – est tout aussi insupportable aux yeux des capitalistes. En ces temps de baisse du taux de profit, qu’une partie si importante de l’économie leur échappe totalement ou partiellement est inacceptable.
Les derniers services publics sont fortement attaqués, en passe d’être libéralisés ou en cours de privatisation. La suppression des cotisations sociales (pour la branche maladie et chômage), compensée pour l’instant par la hausse de la CSG, est le dernier élément en date de destruction de la protection sociale. L’objectif à terme, c’est que le secteur des assurances et bancaire reprenne totalement la protection sociale pour faire des bénéfices dessus.
Ils veulent faire du profit sur tout!
Alors là encore, tout doit y passer, et devenir une source de profit pour ces parasites, même si de plus en plus de personnes en sont exclus par manque de moyens et hausse des tarifs, comme par exemple ceux de l’électricité ou du gaz (accroissant la précarité énergétique), des mutuelles (accroissant la précarité des soins), des amendes de stationnement (excluant aussi par ce moyen les pauvres des centres-villes), des transports en commun ou encore des autoroutes.
Pour répondre aux impératives qu’impose la crise structurelle du capitalisme, les Macron et consorts, sont en train de construire une société de plus en plus individualiste, sans protections ni solidarités, où tout doit être un facteur de profit pour une minorité et d’où une part de plus en plus importante de la population sera exclue.
Par Yann venier