Les ratés de l’allocation de retour à l’emploi

Devenue maintenant obligatoire lors de l’inscription en tant que demandeur d’emploi, elle met fin à la dégressivité des allocations chômage et assure son maintien durant 600 jours. Ce qui pourrait paraître un acquis signifie en fait pour une catégorie de personnes un gouffre insondable.

Article paru dans l’Egalité n°97

Si vous avez été en contrat précaire (CES, CEC, CDD mi-temps …) le montant de votre allocation va vous coller un choc : 12,80 € par jour ! C’est inférieur au revenu minimum d’insertion et non cumulable avec celui-ci. Vous cesserez de bénéficier des avantages de votre situation antérieure, avec notamment la chute de vos allocations logement qui passent de 75% à 50% du loyer hors charges. Il faudra donc payer plus, tout en ayant moins. Il en va de même pour les impôts locaux, la redevance télé, les factures EDF-GDF, etc. puisque vous n’êtes plus considéré par la CAF comme sans revenus, vous êtes donc apte à payer. Votre allocation, à la différence d’un revenu minimum, est saisissable. La situation est donc plus difficile, créant de nouveaux précaires dont le seul tort est d’avoir voulu travailler.

La situation pourrait paraître plus enviable pour les travailleurs handicapés qui restent un public prioritaire donc apte à un contrat CES, sauf que les employeurs préfèrent payer à l’AGEFIPH plutôt que de les embaucher. Les pouvoirs publics semblent ne pas réagir. Le premier interlocuteur, l’ASSEDIC, reconnaît le caractère inique de la situation et attend une décision de l’UNEDIC. Le gouvernement reste insensible à cette création d’une France, entre parenthèses, d’encore plus bas. Il a juste annoncé pour septembre un système de parité de dépassement uniquement pour les allocations de rentrée scolaire.

Le PARE est donc un agent aggravant des inégalités, et ceci dans un silence général. Voulu par l’ancien gouvernement Jospin, il se basait sur un postulat d’une grande adaptabilité du demandeur d’emploi et d’un marché de l’emploi en plein essor. Le PARE s’accompagnant d’un suivi plus poussé (réunions obligatoires, présentations de preuves de recherche d’emploi, etc.), il s’est créé dans un optimisme forcené où, sur le papier, ça marche !

Sauf que, bien loin de la réalité du terrain, le super-ministère de Martine Aubry a mis une fois de plus les pieds dans le plat. Que restera-t-il donc pour ces demandeurs d’emploi avec un nouveau gouvernement qui diminue les contrats précaires et les remplace par rien ? La situation paraît donc bouchée avec comme seule voie de sortie : accepter n’importe quel travail, dans n’importe quelles conditions et à n’importe quel salaire.