Les ministres de l’Education passent, les réformes restent

Bayrou, puis Allègre et Lang, le but de chaque ministre a été de réduire les moyens réels accordés à l’Education, de casser les acquis, et de dénaturer le métier d’enseignant.

Article paru dans l’Egalité n°94

Au nom de « l’élève au centre de l’éducation », c’est l’enseignement public qui est sacrifié : réduction drastique des horaires disciplinaires, suppressions des dédoublements ou des classes à aide spécifique, suppression des groupes de biologie, de technologie et de sciences physiques : curieuse manière de placer l’élève au centre !

Toutes ces réformes n’en font qu’une qui vise à la dislocation de l’enseignement public, mal dissimulée sous les oripeaux d’un habillage  » pédagogique  » apparemment moderne.

Dernier avatar : les IDD au collège (itinéraires de découverte), appelés aussi TPE au lycée et PPCP au lycée professionnel, soit environ 20 heures annuelles en bi-disciplinarité avec thèmes locaux (choisis par l’établissement) et non plus nationaux , où les élèves seraient censés travailler de manière autonome ( à 25 ou 28 dans une classe !) combler toutes leurs lacunes et retrouver ainsi une nouvelle motivation ! C’est un scoop ! Si une telle recette était efficace, les enseignants le sauraient, eux qui ont expérimenté de leur plein gré une multitude de méthodes qui, pour certaines, se sont révélées efficaces, mais n’ont pas été retenues car elles exigeaient de réels moyens (effectifs réduits, horaires conséquents).

Que cherchent en réalité nos ministres ?

Une méthode « douce » pour diminuer les horaires par discipline, ce qui renforce de fait l’inégalité des chances entre les élèves et fait plonger les élèves en difficulté (stagnation et même recul depuis 3 ans du nombre de bacheliers).

Cette  » réforme  » permet en outre de casser le cadre national des programmes : tous les élèves n’auront pas étudié les mêmes choses. Et ceux qui réussiront seront ceux dont les parents auront les moyens de payer des cours privés de rattrapage.

C’est l’objectif avoué et écrit officiellement de la Commission européenne : réduire l’enseignement public à une peau de chagrin dans le cadre de la réduction des déficits publics et développer les moyens privés lucratifs d’enseignement, tels les logiciels de formation.

Face à ces attaques successives, les enseignants et les parents d’élèves, les lycéens et les étudiants ont mené des batailles, pour un enseignement public de qualité ouvert à tous. Ils ont manifesté, ils ont chassé Allègre et sa réforme. Et Lang prétendrait maintenant nous faire avaler les mêmes couleuvres, poigne de fer dans un gant de velours.

Sur chaque établissement, les enseignants se réunissent, se mobilisent, écrivent au ministre leur refus de « la » réforme. Ils se saisissent, faute de mieux, des journées d’action aux mots d’ordre flous et généralistes proposés par les directions syndicales.

Mais nos dirigeants syndicaux se contentent de nous renvoyer chacun dans nos établissements revendiquer au C.A ! A l’heure où les ministres européens vont se réunir en mars à Barcelone pour harmoniser leurs politiques de destruction de l’enseignement public, il est grand temps de construire un mouvement d’ampleur de tous les travailleurs de l’Education Nationale, des parents d’élèves, des lycéens et des étudiants pour contrer efficacement les attaques européennes.

Par Brigitte Berger et Geneviève Favre