Les « mesures sociales » de Martin Hirsh et du gouvernement Sarkozy

Ou comment faire un numéro d’illusionnisme social en déshabillant des « pauvres » pour en habiller d’autres… au profit des patrons.

Le discours anti-chômeurs porterait-il ses fruits ? C’est ce que pourrait laisser penser le récent sondage qui annonce que 61% des Français sont pour le durcissement des règles d’indemnisation du chômage et des sanctions à l’encontre des chômeurs qui refusent un emploi. Prenant appui sur de tel sondage qui tombent au bon moment, le gouvernement et Martin Hirsh, ex Monsieur Emmaüs, continuent leurs attaquent contre les chômeurs, les précaires et les salariés les plus pauvres.

Le gouvernement veut diminuer le nombre de foyers ayant accès à la prime pour l’emploi (PPE)
pour financer le Revenu de solidarité active (RSA) qui devrait coûter à terme 1,5 milliard d’euros. La PPE, versée chaque année à 8 millions de personnes, était un moyen de palier à la faiblesse des salaires. Autrement dit, elle permettait aux patrons de continuer à sous-payer leurs employés, puisque la collectivité venait au « secours » des salariés les plus faiblement rémunérés. Mais cela ne suffisait pas au gouvernement et au patronat ! Dans le cadre de ce que les économistes du libéralisme appellent « l’activation des dépenses passives », Martin Hirsh a proposé de mettre en place le RSA : autrement dit continuer avec la bonne vielle recette qui vise à obliger les chômeurs à travailler pour un salaire misérable ou les minima sociaux, pour le compte des patrons et de l’Etat bourgeois qui se voient proposer des réductions de cotisations sociales.

La mise en place des contrats aidés et le RMI avait prétendument pour but de permettre la réinsertion
des chômeurs les « plus éloignés du travail » et de leur sortir la tête de l’eau. En 2005, une étude
de la DARES (département d’analyses du Ministère du travail) montrait que les chômeurs trouvant
un emploi dans le cadre d’un contrat précaire, tous contrats aidés confondus (CIE et CES), voyaient
leurs revenus faiblement évoluer pendant le contrat et durant les années qui suivaient. Mais cependant
ils restaient en moyenne très largement inférieurs au revenu médian qui était à 1200 euros cette
année là puisqu’ils ne dépassaient pas les 800 euros contre 400 à 762 euros avant le contrat précaire. Par ailleurs, dans le cas précis des CES, la situation financière et sociale pendant et après le contrat avait une tendance à se dégrader. En revanche, pour les patrons, c’est plusieurs milliards d’euros qui leurs sont versés chaque année sous forme de primes et autres exonérations de cotisations sur les salaires. Ce qui était vrai hier avec le CES, l’est tout autant aujourd’hui avec les CAE, CIRMA et CAV, et le sera demain avec le RSA. Ce genre de fausses « solutions » au chômage n’a qu’un seul but en réalité : diminuer le coût du travail en France. Elles engendrent toujours plus de misère et de précarité, affaiblissant la capacité de la classe ouvrière à résister au patronat et à ses coups bas.

Non aux contrats précaires ! Un vrai emploi en CDI pour toutes et tous ! Pas de salaires à moins de 1500 euros net ! Nationalisation sous le contrôle démocratique des travailleurs, sans rachat ni indemnisation, des entreprises qui licencient et délocalisent. Halte à la chasse aux chômeurs et aux radiations.

Article paru dans l’Egalité n°131, par Yann Venier