Commençons par supprimer une année de bac professionnel, et les heures d’enseignement qu’elle coûte ! Continuons en réduisant les filières ! Ca ne suffit pas ! Changeons alors le statut des profs. C’est que le jeu en vaut la chandelle, et qu’il n’y a pas d’autre issue pour supprimer rapidement 11 200 postes, et 80000 à terme (jusqu’en 2012).
Des réformes pour supprimer des postes
Première idée récurrente pour faire des économies, la bivalence ! Ce changement dans le statut de l’enseignant, qui lui interdirait de refuser d’enseigner deux matières permettrait de supprimer d’emblée de nombreux postes et mettrait face aux élèves des professeurs non spécialisés. Selon les enseignants bivalents de l’état de Victoria (Australie), l’enseignement de matières pour lesquelles ils ne sont pas qualifiés peut entraîner une surcharge de travail de 6 heures par semaine (The Age, 14/10/07). Ensuite, grattons encore quelques heures et annualisons le temps de travail à 648 heures. Autre idée majeure : imposer aux professeurs 3 heures de présence en plus dans l’établissement. Couplé aux mesures offrant au chef d’établissement des outils de pression de plus en plus forts, ce temps de présence deviendra vite un temps de travail obligatoire non payé. Quoi de plus simple pour un chef d’établissement tout puissant d’user une main d’oeuvre présente pour aider des élèves en difficulté, se concerter, remplacer un enseignant, entretenir les labos etc… Autant d’heures parfois accordées pour ces missions qui disparaissent puisqu’elles font partie du service obligatoire, ou que le chef d’établissement aura tout un arsenal pour les « proposer » aux professeurs contraints de pallier la baisse de leur pouvoir d’achat.
Une école capitaliste
Pour faire avaler la pilule au personnel de l’éducation nationale, car le personnel non enseignant fait aussi les frais du dégraissage, et aux travailleurs qui placent l’avenir de leurs enfants dans l’école, Xavier Darcos l’enrobe d’un charabia pédagogique et des contraintes d’un budget « serré ». Dur pour lui d’avouer son objectif de renforcer la sélection à l’école, en massacrant l’avenir de jeunes de plus en plus nombreux, souvent issus des quartiers les plus populaires, pour en faire les travailleurs peu qualifiés idéaux pour le patronat. Tout en augmentant le nombre d’élèves par classe et en demandant aux enseignants de faire mieux tout en en faisant plus, le gouvernement vante et développe l’apprentissage (retour de l’apprentissage junior avec le DIMA), alors qu’il s’agit d’une formation contrôlée par les entreprises. Le développement et l’organisation d’un mouvement de grève dans le personnel de l’éducation nationale, l’unité avec celui des jeunes et des autres travailleurs le 15 et le 22 mai, sont indispensables pour lutter contre les choix du ministère de l’éducation nationale, qui ne font que suivre la logique d’un gouvernement aux ordres des capitalistes.
Par Luc de Chivré, article paru dans l’Egalité n°131