Retraites : une bourgeoisie pressée… pour ses profits.

Depuis longtemps les capitalistes meurent d’envie devant l’argent des retraites qui, en France, sont gérées par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (sécurité sociale) et par les mutuelles (complémentaires) essentiellement (le privé est marginal).

Cette manne ne pouvant être captée directement par voie de privatisation des organismes de Sécurité Sociale (en fonction du rapport de force nécessaire), les gouvernements successifs s’y attaquent morceaux par morceaux. Le gouvernement Fillon-Sarkozy poursuit donc à son tour le mouvement, toujours plus loin après Balladur, Juppé, Jospin, Raffarin…

Ainsi dans le droit fil de 2003, Bertrand, le ministre du travail, nous annonce notamment le passage à 41 annuités de cotisation (nécessaires pour avoir une retraite complète contre 40 aujourd’hui et 37,5 auparavant). Nous sommes déjà dans une période où de moins en moins de travailleurs ont des carrières complètes et subissent des pénalités (décotes).

D’ailleurs, dans le projet d’accord avec les centrales syndicales, aucune prise en compte de la pénibilité n’est prévue, ni de la dangerosité (alors que, par exemple, de plus en plus de sapeurs-pompiers partent déjà en retraite au-delà de 55 ans).

La mise en retraite d’office doit même être remise en cause, ce qui montre bien que de moins en moins de travailleurs atteindront les 41 annuités.

Par ailleurs, au nom du travail des « seniors », la dispense de recherche d’emploi (à partir de 57 ans
et demi) va être supprimée, officiellement pour les remettre au travail; ce qui va permettre de radier
encore plus à l’UNEDIC.

Enfin , pour ceux qui auraient pu avoir un doute sur l’orientation du gouvernement, le cumul emploi-retraite va être « libéralisé », ce qui montre bien le niveau futur des pensions.

Nous sommes donc bien face à une attaque structurelle contre les droits acquis par la lutte et le niveau de vie des travailleurs. Mais quelle réaction ? Du côté des directions syndicales, un flou artistique est savamment entretenu. Chérèque, pour la CFDT, se dit déjà prêt à tout négocier. Thibault, pour la CGT, critique, dénonce, mais n’avance aucune proposition pour amener une lutte à la hauteur (organisation, calendrier…). Mailly, pour FO, fait des moulinets en parlant de riposte interprofessionnelle mais en
même temps dit « blocage des compteurs à 40 » (ce qui revient à accepter les mesures de 2003). Seule
une date a été avancée, celle du 22 mai, comme journée nationale d’action (la grève n’en étant
qu’une), pour, une fois de plus, obtenir des négociations. Ce qui veut dire que ces directions sont
déjà prêtes à se placer sur le terrain de Sarkozy.

Du côté des travailleurs, ce qui va être encore plus d’actualité, c’est la lutte contre ce gouvernement, qui nous attaque continûment. Mais ceux qui veulent qu’elle ait lieu, se construise et se développe, doivent la bâtir eux-mêmes en se coordonnant, pour dépasser l’obstacle des bureaucraties syndicales, et doivent se doter progressivement des outils nécessaires à l’affrontement de classe que Sarkozy a désormais lancé.

Par Olivier Ruet, article paru dans l’Egalité n°131