Depuis plusieurs mois le nombre de luttes et de grèves dans les entreprises et les services publics ne cessent de croître jusqu’à doubler entre septembre et janvier. Celles-ci ont pris aussi un aspect de plus en plus radical tant d’un point de vue de leur durée, de plusieurs jours à plusieurs semaines, et des modes d’action que les travailleurs utilisent afin de faire aboutir leurs revendications.
La colère…
L’exaspération générale est en train de se transformer en colère du monde du travail qui ne demande qu’à s’exprimer. Jusqu’à maintenant, l’expression de cette colère se faisait entreprise par entreprise, service public après service public, secteurs de l’économie ou de la société les uns après les autres, donnant un sentiment de révolte tendant à se généraliser mais restant sans aucune centralisation.
Cependant cette situation de révolte multi-localisée a permis à chaque lutte de se nourrir des autres dans un contexte d’attaques incessantes de la part du gouvernement et des capitalistes contre les conditions de vie et de travail et de répression tout azimute contre le mouvement syndical et social de plus en plus insupportable pour la majorité.
La nécessité d’un «tous ensemble !» contre la politique du gouvernement et du patronat a mûri dans la conscience. Il ne manquait plus que l’occasion, qui ne venait pas de la part des directions confédérales.
…devient révolte !
La situation est en train de changer sous nos yeux à grande vitesse. La loi El Khomri-Valls de casse du code du travail est en train de créer cet élément fédérateur. Et la volonté d’en découdre de manière massive et unitaire, chez les travailleurs et dans la jeunesse, est en train de déborder les directions confédérales des syndicats.
Celles-ci restent frileuses comme le prouve le résultat calamiteux de l’intersyndicale nationale du 24 février et l’appel à une journée d’action interprofessionnelle fin mars, un mois et demi après son annonce par la direction de la CGT.
Néanmoins certaines directions ont la pression de leur base furieuse et des structures locales, départementales ou fédérales, mais aussi de l’extérieur des syndicats – le succès phénoménal de la pétition contre la loi El Khomri, les initiatives d’auto-organisation d’action le 9 mars, via en particulier les réseaux sociaux, face à l’absence de perspective immédiate de lutte. Ainsi Solidaires et la CGT appellent désormais à entrer dans l’action dès le 9 mars.
C’est effectivement dès le 9 mars que nous pouvons et que devons nous mobiliser, tous ensemble, pour le retrait immédiat et sans condition de la Loi Travail. Aucune négociation ne doit avoir lieu avec ce gouvernement au service des patrons, des banquiers et des actionnaires, prétendument pour améliorer un texte qui est en réalité in-amendable.
…et grève générale ?
Durant le mois de mars, un certain nombre de secteurs seront mobilisés : le 9 mars, les cheminots et la RATP, le 10 mars les retraités, les fonctionnaires viendront ensuite, puis les postiers, les gaziers et électriciens, etc. Parallèlement aux actions contre la Loi Travail qui doivent se multiplier au cours du mois, ces journées d’action et de grève sectorielle doivent se renforcer concrètement les unes les autres afin de constituer une montée en puissance vers la journée interprofessionnelle du 31 mars.
Celle-ci doit être une véritable première journée de grève générale contre la loi El Khomri-Valls, contre la répression et l’ensemble de la politique d’austérité du gouvernement, qui en appelle d’autres en avril si ce dernier n’annonce pas l’abandon du projet de loi.
Yann Venier