Le 30 mars 2023, Macron a présenté son « plan eau », 53 mesures visant à « la sobriété » dans la consommation de l’eau. Au programme, pas de réel changement. Mais des subventions plus importantes versées aux Agences de l’eau, en relevant le plafond des dépenses pour les raisons écologiques. À cela s’ajoute une culpabilisation individuelle de ceux qui utilisent l’eau pour leur consommation. Ainsi dans le plan eau, les premiers mètres cubes utilisés seront un peu au-dessus du prix coûtant, puis le prix augmentera selon la consommation. Nous qui payons le plus d’impôts sur l’eau. Si effectivement les piscines privées en zone sèche sont une aberration, pour autant dans la consommation effective de l’eau (sans les fuites donc), seul un quart de l’eau est de l’usage personnel. La majorité ? 60 % d’agricole. Dans le Comité National de l’Eau siègent certains représentants agricoles, ceux-là mêmes qui protègent les méga-bassines ! Par contre, les budgets pour détecter et stopper les fuites d’eau qui représentent 954 millions de m3 par an restent très inférieurs aux besoins.
Une gestion de l’eau marchande inefficace
En France, la gestion de l’eau est éclatée entre une multitude d’acteurs privés et publics, la majorité gérée par des prestataires privés comme Veolia ou Suez, qui gèrent 2/3 de l’eau. Des agences publiques s’occupent du reste. En plus, il y a une foule d’acteurs privés qui font gonfler la note et organisent la spéculation foncière agricole. La juteuse méga-bassine sur le bassin versant Sèvre Niortaise Mignon c’est 70 % de financement public pour un total de 52 millions d’euros. C’est un des secteurs dans lequel il est primordial de veiller à la bonne utilisation de l’eau. Sa privatisation pour les seuls gros industriels, pour les ressources comme le maïs destinée au bétail et à l’importation doit être empêchée !
Pas de bonne bouffe sans eau ni paysans !
Les méga-bassines sont l’exemple même de la gestion irresponsable, fumeuse et à court terme du gouvernement. Actuellement les premiers arrivés qui pompent toute la nappe contraignent les paysans plus modestes à plafonner leur irrigation. On devrait plutôt prioriser un accès à l’eau encadré pour les fermes produisant à manger localement et de qualité !
L’eau et sa gestion n’ont pas à être des marchandises. C’est un bien commun qui doit être géré sous contrôle des travailleurs et paysans. Tout le monde doit manger et boire. Ce devrait donc être un monopole public avec des régies publiques partout et une gestion planifiée démocratiquement, pour que nous puissions tous y avoir accès, quel que soit l’endroit où l’on vit.
Article paru dans l’Égalité n° 216, par Pauline Isambert