L’ARS Grand-Est veut continuer de casser le CHRU de Nancy

Le 4 avril dernier, le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS), M. Lannelongue, répondant à des questions d’un journaliste de l’Est-Républicain, a confirmé le plan de suppression de lits et de postes. Dans ce contexte de crise sanitaire sans précédent avec la pandémie de Covid-19, qui a mis en lumière, d’une manière brutale, le manque de moyens et de personnels.

L’ARS persiste et signe

Depuis plusieurs années, les plans de restructuration se succèdent au CHRU de Nancy, accompagnés de suppressions de postes et de fermetures de lits. Le CHRU de Nancy est fortement endetté en raison de baisse de budget. Un plan de retour à l’équilibre est prévu par le Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (COPERMO). Il prévoit, entre autres, la fermeture de 174 lits et la suppression de 598 postes. Si ce plan était acté, au total le CHRU de Nancy aurait perdu en quelques années 400 lits et 1000 postes (actuellement il y a 1600 lits et 9000 emplois).

Les politiques retournent leur veste !

Les déclarations du chef de l’ARS ont provoqué l’indignation dans la population de la région de Nancy et suscité des réponses chez les politiques locaux : députés, président du conseil départemental ou maire de Nancy y sont allés de leurs déclarations émues et outrées.

Pourtant, ces mêmes hommes politiques ont soutenu la politique d’austérité qui a abouti à la situation actuelle, à l’hôpital comme dans tous les services publics.

M. Hénart, maire de Nancy et président du conseil de surveillance du CHRU était même un chaud partisan du plan du COPERMO, allant jusqu’à affirmer le 29 janvier dernier sur les ondes de France Bleue Sud-Lorraine : « Il faut replacer les choses dans leur contexte, les suppressions de postes envisagées, c’est 600 sur 12 000 agents et ils le sont pour le retour à l’équilibre financier de l’établissement avec une réorganisation intelligente ». Aujourd’hui, dans le contexte de la crise sanitaire et dans l’attente du second tour des municipales, il joue les scandalisés.

Quoi qu’il en soit, la déclaration du directeur de l’ARS a obligé le Ministre de la Santé de la Santé, Olivier Véran à confirmer que tous les plans du COPERMO étaient suspendus…. mais pas abandonnés ! La déclaration du directeur de l’ARS laisse à penser que contrairement à ce que qu’à dit Macron, le jour d’après risque de ressembler au jour d’avant en matière de santé publique.

C’est malheureusement confirmé par la note de la Caisse des Dépôts et Consignations qui prépare, à la demande de Macron, un plan pour l’hôpital public. Cette note est claire, elle prévoit la continuation de la politique de démantèlement de la santé publique. Et tout cela se fera au profit du système privé de santé lucratif, en imposant le partenariat public–privé, le développement de la santé numérique et « la responsabilisation et l’individualisation face au risque » -autrement dit, la casse de la Sécurité sociale au profit des assurances privées.

Un contre-feu pitoyable et indigne

Face à l’incendie que sa 1ère déclaration a attisé, M. Lannelongue a tenté d’allumer un contre-feu dans une nouvelle interview donnée à France 3 Grand-est le 5 avril, où il hurle à un complot visant à s’attaquer à l’ARS, et à son action, ourdi par la CGT et l’Est-Républicain. Il va jusqu’à dénoncer les responsables de la CGT du CHRU qui seraient des planqués pendant que leurs collègues soignants montent au front : « Il y a des gens qui sont au chaud comme les responsables de la CGT qu’on n’a pas beaucoup vu sur le terrain ». Il se trouve, que la secrétaire générale du syndicat, Sophie Phan Dinh est dans un service Covid…

Les deux interviews du directeur de l’ARS, qui a été un artisan zélé de la casse du service public de santé dans le Grand-Est durant de longues années, est une véritable gifle infligée aux personnels du CHRU de Nancy, aux patients atteints de Covid-19 ou de toutes autres pathologies et à la population de la région de Nancy en général.

Lui, comme toutes celles et tous ceux qui ont contribué, au fil des politiques menées, aux désastres sanitaires actuels, devront rendre des comptes.

Une tout autre santé publique

Il faut des mesures d’urgence pour les hôpitaux : abandon des plans COPERMO, budget des hôpitaux à la hauteur des besoins, des équipements de protection individuelle et du matériel pour soigner immédiatement, la réouverture de lits et l’embauche massive de personnels statutaires. Mais pour qu’un vrai service public de santé existe durablement, il ne peut y avoir d’un côté le secteur public et de l’autre un secteur privé lucratif. A la Gauche révolutionnaire, nous militons pour la création d’un monopole entièrement public de la santé allant de l’industrie pharmaceutique intégrant tous les établissements de soins (hôpitaux, EHPAD publics et cliniques, etc.) en passant par l’industrie de matériel médical.

Yann Venier