La grève des mineurs de Marikana a transformé la situation en Afrique du Sud, annonçant une lutte offensive des travailleurs. Elle a été marquée par les succès des grèves des mineurs, qui se sont propagées dans les autres mines augmentant la confiance et la détermination des travailleurs. Elle peut marquer le début d’une nouvelle ère dans le mouvement révolutionnaire du pays.
L’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde, les travailleurs vivent dans la misère, la famine et sont exploités : un travailleur noir gagne 18 rands/jour (l’équivalent de 1,23€) et est bien moins payé qu’un travailleur blanc, mais 6 millions de sud-africains vivent avec moins de 10 rands par jour. Le taux de chômage atteint les 25% et culmine à 50% chez les jeunes. Les travailleurs continuent à vivre dans une pauvreté écrasante alors qu’une élite au pouvoir (ANC, Cosatu (syndicat majoritaire), patrons) se gave de la sueur et du sang de la population.
Une répression féroce de l’Etat et la trahison des directions syndicales !
Face à la lutte exemplaire des mineurs, l’Etat continue sa politique de répression et d’intimidation ; les attaques sur les mineurs continuent. Le 30 octobre, la police a encore tiré et gazé à la mine d’Amplats. Le gouvernement ANC, la Cosatu et leurs amis capitalistes tentent par tous les moyens de diviser les travailleurs et de casser la grève dans le sang et la terreur : 12 000 mineurs licenciés, arrestations sur des charges inventées, intimidations, corruptions…
Mais, les mineurs sont déterminés et organisés et ces luttes rappellent le combat mené contre l’apartheid et la détermination des masses à en finir avec ce régime capitaliste barbare. Les jeunes et les travailleurs exigent un changement de sécurité. Ils n’ont pas reculé et continuent à se battre pour un salaire minimum de 12 500 rands. Les directions syndicales et de l’ANC sont associés aux patrons défendant un programme économique néolibéral agressif, avec des privatisations massives des services publics qui ont mené à une paupérisation grandissante de la classe ouvrière. Il est devenu clair qu’un gouffre sépare l’élite noire au pouvoir et la classe ouvrière frappée de plein fouet par la pauvreté.
Une alternative socialiste
Le Democratic Socialist Movement, section sœur de la Gauche Révolutionnaire en Afrique du Sud, a été l’initiateur de comités de grève dans les différentes luttes. Le travail de nos camarades a permis aux mineurs de former un Comité National de grève où la jeunesse, les travailleurs (syndiqués et non) et les femmes peuvent démocratiquement organiser leur lutte. Le comportement de l’ANC et de la Cosatu depuis le massacre de Marikana et après leur trahison sociale et politique a exacerbé la colère de la classe ouvrière. Leur crédibilité en a pris un grand coup, partageant avec la classe capitaliste la même peur et le même dégoût de la classe ouvrière. Le DSM participe également à la construction d’un nouveau parti de masse des travailleurs basé sur un programme socialiste, outil nécessaire pour défendre réellement leurs intérêts.
Le Comité National de Grève et le DSM, réuni le 13 octobre, proposent une marche massive devant les locaux de l’ANC. Après leur meeting qui a rassemblé plus de 200 délégués de grève, ils ont proposé l’organisation d’une grève générale et des manifestations d’ampleur nationale. Il y a une réponse enthousiaste aux idées du DSM parmi les travailleurs, ce qui indique un grand potentiel pour le développement d’un nouveau parti de masse des travailleurs. Il devra se doter d’un programme socialiste, afin de défendre plus encore les intérêts de la classe ouvrière d’Afrique du Sud, avec la nationalisation des mines, du secteur bancaire et pour une distribution des terres. Nos camarades sont les seuls à proposer une alternative socialiste qui renverse le capitalisme.
Par David, article paru dans l’Egalité n°159