La fin des secours gratuits en montagne

En février 2002, dans le cadre de la loi de ‘’démocratie de proximité’’, les parlementaires de droite et de gauche ont voté l’article 54 sur le secours en montagne, qui donne la possibilité aux communes de refacturer aux victimes les prestations qu’elles ont engagées. Les quatre randonneurs-surfeurs bloqués par la tempête début février dans le Beaufortin ont été les premiers à en faire les frais : 6536 euros à payer.

Article paru dans l’Egalité n°101

Le principe du secours gratuit pour tous avait déjà été attaqué en 1987 quand les communes avaient obtenu le droit de se faire rembourser les secours pour les pratiquants du ski de piste et de ski de fond. Aujourd’hui, toutes les pratiques de la montagne sont incluses dans cette loi, de la simple promenade à l’alpinisme.

Derrière cette fin du principe de solidarité et d’égalité montagnarde faite au nom de la ‘’responsabilisation’’ se cachent l’irruption du business dans le secours et une menace sur la liberté d’accès à la montagne pour tous. Le désengagement de l’Etat permet d’ouvrir la voie à la privatisation des secours en montagne et de mettre en concurrence des sociétés privées avec les secours publics assurés par les CRS, le PGHM (peloton de gendarmerie de haute-montagne) et, de plus en plus souvent les sapeurs-pompiers. Les premières communes à avoir sauté sur cette nouvelle loi sont situées en Savoie et ce n’est pas un hasard. Les stations de ce département sont liées par une convention annuelle à SAF Hélicoptère, une société privée qui leur facture ses prestations de transport de secours.

Les assureurs vont également bénéficier de cette loi et revoir à la hausse leurs tarifs.

Non à la montagne interdite !

Outre la casse d’un service public, les conséquences d’un passage à un secours payant vont être : un renchérissement important du coût des assurances, et donc des licences sportives, l’exclusion des pratiques de montagne pour les plus pauvres, l’augmentation de la pratique sans assurance et l’auto-exclusion forcée du recours au secours, la consumérisation et la judiciarisation du secours. Sauvons les secours

Face à cela la résistance est faiblarde. Les éditions Nivéales, qui publient plusieurs magazines sur les pratiques sportives en montagne, éditent un autocollant ‘’Sauvons le secours en montagne’’. Montagne Magazine, qui fait partie de ces éditions, publie dans son numéro de mai la ‘’liste noire’’ des communes ayant décidé de faire appliquer cette nouvelle loi. Le CAF (club alpin français) et la FFME (fédération française de montagne et escalade) se sont prononcés en faveur de l’abrogation de l’article 54 de la loi de février 2002. Un collectif s’est d’ailleurs constitué et a lancé une pétition qu’il est possible de signer.

Par Sylvain Bled