C’est fin janvier que, les étudiants de Rennes ont manifesté leur mécontentement vis à vis du CPE et plus largement de toute la loi dite « Egalité des chances » et du CNE. Ils ont invité lycéens et étudiants des autres villes à les rejoindre.
Article paru dans l’Egalité n°119
Ce n’est qu’après la deuxième journée de manifestation nationale du 7 mars que les lycéens sont réellement entrés dans la lutte. La lutte contre la loi Fillon l’an dernier les ayant découragés, ils sont entrés plus tardivement dans la lutte.. Il fallait donc tirer un bilan clair de la bataille contre la loi Fillon pour construire celle contre le CPE. C’est ce que la Gauche révolutionnaire a essayé de faire comprendre à tous ceux qui voulaient se battre contre le CPE.
L’an dernier, les lycéens étaient trop isolés. Ni les étudiants, ni les travailleurs ne les ont réellement rejoints ne permettant pas un mouvement de masse et mieux, un blocage de l’économie par une grève générale. D’autre part, les lycéens étaient mal organisés. Pour la plupart, il s’agissait d’une première lutte contre le gouvernement et personne ne savait comment le faire flancher. Analysant les faiblesses du mouvement de 2005,lycéens de la GR et sympathisants ont organisé dans la lutte contre le CPE, chacun sur leurs secteurs, des AG et ont toujours insisté pour qu’il y ait une réellement coordination entre chacun.
une coordination lycéenne dynamique et structurée
A Rouen, c’est ainsi que s’est créée une coordination lycéenne invitant tous les lycéens de l’agglomération élus si possible en AG dans leurs lycées, à la rejoindre. D’un noyau de 5 lycées nous nous sommes retrouvés une après midi à 14 lycées représentés ! Les actions des lycéens ont dès lors pris une meilleure forme : tous ensemble, nous organisions les blocus de nos bahuts aux mêmes jours et à la même heure pour aboutir sur une ou plusieurs manifestations dans la journée. Lycéens de la GR ou sympathisants. avons sans cesse au sein de cette coordination mis en avant un fonctionnement démocratique tel que des tours de paroles ou des votes pour chaque décision. Nous avons aussi fait à chaque fois le lien avec les travailleurs montrant que le CPE était une attaque du gouvernement comme tant d’autres entrant dans une logique simple, celle du capitalisme et donc du profit à tout prix.
Tentative d’étendre la grève aux travailleurs
Ainsi, à l’impulsion des lycéens de la GR et sympathisants, nous avons organisé une manifestation pour rencontrer les travailleurs de l’entreprise AREVA dans l’agglomération de Rouen. Cette manifestation, préparée, un peu hâtivement, était représentative de ce lien entre jeunes et travailleurs. Quelques centaines de lycéens ont participé mais elle n’a malheureusement pas eu le succès escompté. Elle était peut être un peu prématurée et du coup mal expliquée. Les lycéens se joignant à cette manifestation n’ont pas tous compris (et à juste titre, les dirigeants syndicaux n’appelant pas à la généralisation de la grève nationalement) où nous allions et pourquoi. Alors que nous avions prévenu les syndicats d’AREVA de notre arrivée, ceux ci ont refusé de nous recevoir prétextant qu’ils n’étaient pas mandaté pour nous parler… ce genre d’attitude refusant le lien dans la lutte a jeté un froid de plus à notre action. Mais au moins, on a montré dans quel sens il fallait aller pour construire une grève commune aux jeunes et aux travailleurs.
Lutte pour une orientation correcte
Dans toutes nos réunions et actions, nous nous sommes confrontés à d’autres courants, à d’autres organisations syndicales ou politiques qui ne défendaient pas l’organisation démocratique de la grève.. Dans la coordination lycéenne, certains s’opposaient par exemple aux tours de paroles en prétextant être assez disciplinés pour parler chacun leur tour et au final ne laissant pas la place aux plus intimidés et loin de là les moins déterminés, le pouvoir de s’exprimer librement. Organisations syndicales ou politiques ont tenté d’infiltrer la coordination lycéenne sans même être lycéens, voulant conformer la lutte des lycéens à leur orientation et donc à freiner le fait d’aller vers une grève générale.
Le bilan de la lutte contre le CPE est positif. Nous avons fait l’expérience d’organiser des manifestations regroupant des milliers de jeunes. La conscience politique des lycéens est aujourd’hui bien plus importante qu’il n’y a deux mois. Le lien avec les travailleurs, le capitalisme, etc. sont beaucoup plus clair, de même que les moyens de combattre ce système. Il suffit également de regarder combien de jeunes ont rejoint notre organisation et combien continuent aujourd’hui à militer avec nous en tant que sympathisants sur la base de notre campagne Résistance contre le Capitalisme et le Racisme. Pour continuer la lutte, s’organiser contre le capitalisme, n’hésite pas, rejoins nous !
Par Emmanuelle Décréau (lycéenne à Flaubert – Rouen)